Finalité et connaissance ?
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«
VOCABULAIRE:
Finalité, fin
But, intention.
Parler de finalité naturelle, c'est faire référence au fait que « la nature ne fait rien en vain »
(Aristote) : tout dans la nature serait organisé suivant une fonction, un but harmonieux.
Kant remarque cependant que si, surtout dans le vivant, tout semble être finalisé, on ne peut pourtant pas
démontrer l'existence d'une telle finalité objective dans la nature.
Connaissance
Du latin cognitio, « action d'apprendre ».
Activité de l'esprit par laquelle l'homme cherche à expliquer et à
comprendre des données sensibles.
Le problème de l'origine et du fondement de la connaissance, ainsi que celui de ses limites, oppose en particulier
Kant et les empiristes.
1.
Tout et parties
Peut-on alors dire que la finalité est le propre du vivant ? C'est ce que souligne Kant (Critique de la faculté de juger)
en substituant à la métaphore mécanique un modèle politique.
La génération ou l'autorégulation, voilà ce dont une
montre n'est pas capable : engendrer une autre montre ou se réparer elle-même.
C'est que les parties du vivant
sont déterminées par l'idée de la totalité.
Il n'y a donc pas un montage mais une organisation, où chaque organe,
comme chaque citoyen, agit en vue de la conservation de l'ensemble (l'organisme ou l'État).
2.
Du bon usage de la finalité
Une connaissance scientifique du vivant en ce qu'il a de spécifique trouve là un obstacle de taille.
Connaître n'est
pas juger des fins mais des causes, si bien que la biologie doit déterminer le sens et l'usage de cette notion de
finalité appliquée au vivant.
S'il est vrai que l'évolution n'est pas finalisée mais aveugle, on ne retiendra avec
François Jacob (La Logique du vivant) que la notion de téléonomie chez les individus.
Elle rend compte de la finalité
à partir de la notion de programme génétique qui, à titre d'information codée, guide en le contrôlant un processus
vers une fin donnée.
La connaissance du vivant
I.
Qu'est-ce qu'un être vivant ?
L'être vivant est un organisme.
Il n'est pas constitué d'une juxtaposition de parties ajoutées les unes aux autres.
Ces parties forment un tout car elles sont interdépendantes (le fonctionnement d'une partie est tributaire de celui
des autres) et paraissent toutes participer à une fin commune : le maintien de l'être vivant en vie.
Parce qu'il est un
organisme, l'être vivant est un organisme.
Tout être vivant est un individu au sens où il forme une unité distincte,
ne ressemblant exactement à aucune autre, qui ne peut être divisée sans être détruite.
Leibniz au XVII ième avait
énoncé l'existence d'un principe, nommé principe des indiscernables, selon lequel il n'y a pas deux êtres identiques
dans la nature.
Qu'est-ce qui différencie les organismes vivants des choses naturelles ou objets fabriqués ? Jacques Monod,
généticien, prix Nobel de médecine en 1965, retient dans Le hasard et la nécessité trois critères qui doivent être
présents simultanément dans un être pour que celui-ci puisse être qualifié de vivant.
Le premier est la téléonomie (du grec télos : fin et nomos : loi).
L'être vivant est toujours un être qui, pris dans son
ensemble ou chacune de ses parties, répond à une fonction, donc apparemment à une fin.
Du point de vue de
l'ensemble, l'être vivant semble "fait pour" se perpétuer.
Se perpétuer lui-même, du moins le temps nécessaire à la
reproduction, et perpétuer son espèce.
Du point de vue de chacune des parties, ces dernières semblent "faites
pour" accomplir telle ou telle fonction.
L'oeil est "fait pour" voir, la langue du fourmilier "pour" attraper les fourmis ...
comme si une fin à réaliser était à l'origine de chaque organe, comme si la fonction créait l'organe.
Le second critère retenu par Monod est la morphogenèse autonome (du grec morphé : forme et genesis
développement).
L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de
formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur.
Même si, pour son entretien et
sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz
carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il
que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces
extérieures qui s'exercent sur l'être vivant.
Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies,
mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant.
Les manifestations principales de cette
morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation.
Cette dernière, bien qu'elle ne
concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures.
C'est ainsi que
l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.
Le troisième critère est l'invariance reproductive.
Les êtres vivants se reproduisent.
En outre, cette reproduction est
marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en
cas de reproduction sexuée.
Il existe alors des différences individuelles (à l'exception des jumeaux univitellins) mais
les caractéristiques de l'espèces sont conservées.
Il ne faut pas confondre la variabilité des individus et l'invariance
propre à l'espèce.
Ces trois critères, présents en un même être, nous permettent-ils de distinguer assurément le vivant de l'inerte ?
Après tout les machines sont également des objets téléonomiques, les machines peuvent s'autoréguler et les
ordinateurs, en raison de la programmation, ont une certaine autonomie.
Il est moins aisé qu'il ne le paraît au
premier abord de dégager des critères permettant de différencier un être vivant d'une machine complexe toutefois,.
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