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FIN DES TERROIRS - TRIOMPHE DES VILLES

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Dans les pays industrialisés, l'abandon des campagnes et le déplacement vers les villes a été une réalité constante et générale à partir de la seconde moitié du xixe siècle. Cet exode s'explique par deux séries concomitantes de causes. Causes économiques d'abord : des milliers de petits paysans ruinés par les transformations structurelles de l'agriculture ont dû trouver refuge aux bourgs qu'ils ont contribué à grossir aux dimensions de villes, ou, plus encore, ont formé des bataillons de travailleurs industriels, main-d'oeuvre facilement exploitée pour les besoins du capitalisme triomphant. Facteurs psychologiques ensuite : l'attrait pour le phénomène-ville, dans le même temps, a puissamment joué en faveur du mouvement. C'est surtout cette série de causes qui doivent être mises en lumière dans la classe de français. Par-delà les regrets passéistes qu'alimente une certaine mode rétro, la nostalgie du vécu paysan, dont, avec le recul, on ne considère que les beaux côtés, par-delà la tentation permanente, mais vite lassée du retour à la terre, il reste que le phénomène urbain constitue la réalité quotidienne pour une majorité de jeunes Français. Notre rapport à la ville doit donc être interrogé avec soin. Que nous apporte la ville? De quoi nous prive-t-elle? Comment nous repérons-nous dans son tissu? Cet état des lieux doit être fait, si possible du point de vue de l'usager que nous sommes tous (donc sensibilisés aux problèmes majeurs que pose l'urbanisme contemporain). Enfin, qu'en pensent nos grands écrivains, en particulier ceux dont l'observation s'est aiguisée au contact direct de ces transformations, c'est-à-dire les poètes et les romanciers du XIXe et XXe siècles pour l'essentiel ?

« FIN DES TERROIRS - TRIOMPHE DES VILLES Dans les pays industrialisés, l'abandon des campagnes et le déplacement vers les villes a été une réalité constante et générale à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.

Cet exode s'explique par deux séries concomitantes de causes.

Causes économiques d'abord : des milliers de petits paysans ruinés par les transformations structurelles de l'agriculture ont dû trouver refuge aux bourgs qu'ils ont contribué à grossir aux dimensions de villes, ou, plus encore, ont formé des bataillons de travailleurs industriels, main-d'oeuvre facilement exploitée pour les besoins du capitalisme triomphant.

Facteurs psychologiques ensuite : l'attrait pour le phénomène-ville, dans le même temps, a puissamment joué en faveur du mouvement.

C'est surtout cette série de causes qui doivent être mises en lumière dans la classe de français. Par-delà les regrets passéistes qu'alimente une certaine mode rétro, la nostalgie du vécu paysan, dont, avec le recul, on ne considère que les beaux côtés, par-delà la tentation permanente, mais vite lassée du retour à la terre, il reste que le phénomène urbain constitue la réalité quotidienne pour une majorité de jeunes Français.

Notre rapport à la ville doit donc être interrogé avec soin.

Que nous apporte la ville? De quoi nous prive-t-elle? Comment nous repérons-nous dans son tissu? Cet état des lieux doit être fait, si possible du point de vue de l'usager que nous sommes tous (donc sensibilisés aux problèmes majeurs que pose l'urbanisme contemporain).

Enfin, qu'en pensent nos grands écrivains, en particulier ceux dont l'observation s'est aiguisée au contact direct de ces transformations, c'est-à-dire les poètes et les romanciers du XIXe et XXe siècles pour l'essentiel ? I.

La fin des terroirs "Lorsque, à l'âge de quatorze ans, César sut lire, écrire et compter, il quitta le pays, vint à pied à Paris chercher fortune avec un louis dans poche".

Le destin du personnage de Balzac, César Birotteau, s'est reproduit à des dizaines de milliers d'exemplaires au XIXe siècle. 1.

L'exode rural est un phénomène d'envergure que les historiens et les économistes ont pu chiffrer correctement. Chiffres Population de Paris : 1831 : 861 000 habitants 1856: 1 538 000 habitants 1901 : 2 714 000 habitants A l'heure actuelle, c'est plus des trois-quarts de la population totale qui vit en France dans les villes.

Mais au-delà de ces chiffres évocateurs, c'est la perception du changement qui doit nous intéresser. Rudesse de la vie des champs L'abandon des campagnes n'a pas été un phénomène réjouissant, comme toute situation où la mort saisit le vif.

On ne découvre pas de gaieté de coeur les villages abandonnés, les fermes délaissées, leurs outils et meubles dispersés, mais il faut être prudent en face des témoignages actuels qui recréent à posteriori une poésie de l'existence rurale qui était loin, en son temps, d'être perçue ainsi (en particulier, il faut poser un regard critique sur les récits — par ailleurs précieux — de ces hommes et femmes qui racontent avec nostalgie e la fin des terroirs s, la mémoire est une belle infidèle et les souvenirs sont idéalisés).

La vie dans les campagnes jusqu'à la Seconde Guerre mondiale est d'une rudesse incroyable; les jeunes gens d'aujourd'hui ont bien du mal à se la représenter avec précision.

Le labeur quotidien épuisant, le confort des plus sommaires, les loisirs inexistants et les limitations imposées à la vie intellectuelle constituent la toile de fond de la vie paysanne traditionnelle.

Ecoutons la romancière Emilie Carles évoquer son adolescence : » Je me levais à cinq heures et j'allais travailler aux champs.

je sarclais, je binais jusqu'à sept heures, avant de retourner à la maison où m'attendait mon père.

Pendant que je travaillais il m'avait tout préparé, mon panier, mes chaussures de ville, je me changeais et je partais pour Briançon.

A la belle saison je faisais la route à pied : sept kilomètres le matin et sept kilomètres le soir.

Pour ne pas perdre de temps, j'étudiais en marchant.

je m'étais fabriqué un cartable qui se dépliait et que je portais devant moi, suspendu à mon cou comme un pupitre, et sur lequel je posais mes livres » (La soupe aux herbes sauvages, 1977). Les valeurs paysannes Certes il y avait des valeurs paysannes solides, liées à la permanence de la terre, et qui ont contribué à consolider la conscience nationale : l'esprit familial, l'esprit patriotique, la solidarité...

Mais aussi, combien de clichés ne colporte-t-on pas sur la vie paysanne d'autrefois! Bien sûr l'unité entre les membres de la famille rurale était forte, l'esprit festif développé; certainement ont existé les veillées autour du feu de bois.

Mais cette unité n'était-elle pas un peu forcée par les circonstances — il fallait s'unir pour subsister —, les conflits de génération à l'intérieur et de voisinage à l'extérieur ne cessant point d'exister? Les guerres Dès que les circonstances ont changé, qu'est apparue aux jeunes ruraux la possibilité d'apprendre autre chose que le métier des champs, beaucoup de ces valeurs ont volé en éclats.

Les trois guerres de 1870, 1914 et 1939 ont largement contribué au changement des mentalités.

Le brassage des populations et des races, la découverte de nouveaux espaces ont peu à peu terni l'image de la terre comme unique horizon de l'existence.. »

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