Fiche de cours en philo : LES ECHANGES .
Extrait du document
«
• La notion d'échange n'a pas seulement un sens économique.
Pour bien comprendre l'échange, intégrez-le dans la
fonction de communication, acte par lequel nous entrons en relation avec nos semblables (§ 1).
• Distinguez bien l'échange dans les sociétés archaïques (le don, § 2, 3 et 4), l'échange matrimonial (essentiellement
dans ces mêmes sociétés primitives, § 5) et l'échange au sens strictement économique et moderne du terme (avec
monnaie et commerce § 6,'7, 8).
• Lisez, en même temps que cette fiche, celle qui est consacrée au langage, phénomène d'information et de
communication.
Le langage, lui aussi, est une forme d'échange.
I - L'échange, fait de communication
Échanger, c'est donner et.
recevoir, céder, moyennant contrepartie, des biens, des personnes ou des signes.
La
première définition de l'échange est très générale et déborde le cadre strictement économique.
Je puis échanger des
paroles, tout comme je puis céder des biens.
Pour comprendre l'échange, il faut l'intégrer et le saisir dans la
«fonction de communication» : l'homme est, en effet, un être qui communique, qui dialogue.
La communication avec
autrui représente un trait universel de la pensée et de l'existence humaine ; c'est un type de rapport privilégié,
permettant la constitution de l'être personnel.
Il faut donc comprendre l'échange dans toute sa généralité, à la
lumière de la grande circulation qui s'opère dans les sociétés humaines
«Il y a dans la communication une vertu créatrice, dont l'homme isolé ressent douloureusement la privation...
La
grâce de la communication, où l'on donne en recevant, où l'on reçoit en donnant, c'est la découverte du semblable,
du prochain...
Chacun reconnaît l'autre et reçoit de lui cette même reconnaissance sans laquelle l'existence humaine
est impossible.
Car, réduit à lui-même, l'homme est beaucoup moins que lui-même.» (G.
Gusdorf, La parole, PUF,
1960)
II - L'échange dans les sociétés archaïques : le don
Dans les sociétés archaïques ou primitives, l'échange se présente essentiellement sous forme de dons réciproques :
on ne constate jamais de simples échanges de biens au cours d'un marché passé entre individus.
Ce sont les
collectivités qui offrent des richesses, des festins, des politesses, des femmes ou des enfants.
Cette forme primitive
de l'échange a un caractère supra-économique.
C'est un «phénomène social total», doué de signification magique et
religieuse.
Aussi ces prestations et contre-prestations sont-elles rigoureusement réglementées, malgré leur
apparence volontaire.
Familles et clans doivent faire des dons à l'occasion des naissances, des mariages, des décès,
des traités de paix, etc.
« Ces prestations et contre-prestations s'engagent sous une forme plutôt volontaire, par des présents, des
cadeaux, bien qu'elles soient au fond rigoureusement obligatoires, sous peine de guerre privée ou publique.
» (M.
Mauss, Essai sur le don, in Sociologie et anthropologie, PUF, 1950)
III - Exemple : le potlatch.
Donner pour surpasser
L'illustration la plus célèbre de ces prestations totales, de ces dons à signification religieuse et magique, nous est
fournie par le potlatch des Indiens de la côte Pacifique d'Amérique du Nord.
« Potlatch » veut dire essentiellement
nourrir, consommer.
Ces tribus, fort riches, vivant dans les îles ou sur la côte, passent leur temps dans une fête
perpétuelle, avec banquets, foires et marchés.
De quoi s'agit-il dans le potlatch? De surpasser un rival en
munificence, de l'écraser sous des obligations auxquelles il ne pourra satisfaire en retour.
L'échange se fait sous la
forme du don qui écrase le rival.
Échanger, c'est donner pour surpasser.
« Il y a prestation totale en ce sens que c'est bien tout le clan qui contracte pour tous, pour tout ce qu'il possède
et pour tout ce qu'il fait, par l'intermédiaire de son chef.
Mais cette prestation revêt, de la part du chef, une allure
agonistique très marquée.
Elle est essentiellement usuraire et somptuaire, et l'on assiste avant tout à une lutte des
nobles pour assurer entre eux une hiérarchie dont, ultérieurement, profite leur clan.
» (M.
Mauss, op.
cité )
IV - Le sens du potlatch : dilapidation et lutte pour le prestige
Comment comprendre le potlatch, l'échange dans les sociétés primitives? Dans le don, dans la prestation totale,
dans le potlatch, l'individu - ou plutôt la collectivité - dilapide des richesses et les brûle ; il les anéantit.
En
dépensant dans la gloire, en donnant des fêtes, n'est-ce pas le plus grand pouvoir et le plus grand prestige que
conquiert le clan? Ici, l'économie n'est pas un processus de thésaurisation et d'épargne, mais de dépense et de
générosité.
Or, la dilapidation et la' destruction des choses (si éloignées de la production et reproduction
capitalistes des biens), ne confèrent-elles pas, finalement, le plus grand prestige?
«La meilleure preuve du caractère supra-économique de ces échanges est que, dans les potlachs, on n'hésite pas à
détruire parfois des valeurs considérables en brisant et en jetant à la mer un « cuivre,», et qu'un plus grand prestige
résulte de l'anéantissement de la richesse que de sa distribution, pourtant libérale, mais qui suppose
toujours un retour.
» (C.
Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, PUF, 1949)
V - L'échange des femmes
Claude Lévi-Strauss a replacé, à juste titre, les échanges matrimoniaux dans le système global de communication et
de don des sociétés archaïques.
Dans la hiérarchie des échanges, les femmes constituent, en effet, un bien
important.
C'est ce que montre l'étude des structures de la parenté..
»
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