Faut-il vouloir la paix à tout prix ?
Extrait du document
«
Problématique:
La volonté pacifiste se trouve aux prises avec des difficultés.
faut-il au nom de la paix laisser se perpétrer des
massacres ? N'y a-t-il pas des cas où la guerre semble juste ? On pense aux guerres de libération ou encore aux
mouvements de résistance armée contre l'envahisseur.
éléments de réflexion
• « Le pouvoir le plus violent ne serait-il pas celui de la non-violence ? »
• S'interroger sur les conditions et les possibilités de paix.
Conditions de différentes sortes :
— économique,
— politique,
— idéologique.
Si la paix, ou le recul de la guerre (ou des guerres) est fonction de ces conditions, est-il possible (« réaliste »)
d'affirmer qu'il « faut vouloir la paix à tout prix » ?
• Paix et exigences morales ?
citations
• Poincaré : « La paix est une création continuée.
»
• Galbraith : « Une paix permanente, bien que n'étant pas théoriquement impossible, est probablement inaccessible
; même dans le cas où il serait possible de l'établir, il ne serait certainement pas dans l'intérêt le mieux compris d'une
société stable de parvenir à la faire régner.
« Tel est l'essentiel de leurs conclusions.
A l'arrière-plan, derrière les formules académiques qu'ils emploient, on peut
discerner le raisonnement suivant ; la guerre remplit certaines fonctions essentielles à la stabilité de notre société ;
tant que d'autres procédés susceptibles de remplir les mêmes fonctions n'auront pas été découverts, le système qui
repose sur la guerre devra être maintenu — et amélioré quant à son efficacité.
»
En une époque où le progrès quantitatif et qualitatif des armements a rendu possible la destruction de la Terre, où
l'exacerbation des tensions internationales fait redouter l'usage de ces armements, il semble paradoxal de mettre en
question la valeur de la paix.
Au moins en paroles, tout le monde est convaincu de la nécessité de défendre la paix,
comme condition de l'existence de toutes les autres valeurs, et de l'humanité elle-même.
Mais la paix est-elle la valeur suprême, au-dessus de laquelle il ne faudrait rien mettre ? Peut-on accepter, pour
sauvegarder la paix, de renoncer à tout, par exemple à la liberté ou à l'honneur ? Avant de répondre à ces
questions, il sera bon d'examiner les raisons que nous avons de tenir la paix pour l'une des valeurs les plus hautes.
Ceci ne sera pas possible sans interroger le sens même du mot « paix » , qui peut désigner plusieurs états bien
différents.
Ce qui nous détermine pour la paix, c'est d'abord un refus de la guerre.
L'humanité possède aujourd'hui une longue
expérience des conflits armés et sait que la guerre est un mal absolu.
Peut-on, sauf à tout ignorer des atroces
réalités de la guerre, ne pas vouloir la paix à tout prix ?
Certes, la guerre ne devrait pas être horrible.
En tant que relation d'Etat à État, la guerre est un phénomène de
civilisation codifié par un droit.
Dans le Contrat social (Livre I, eh.
4) Rousseau fait le portrait de la guerre telle
qu'elle devrait être ; ne concernant pas les individus mais les États, la guerre est théoriquement au-delà des
manifestations sauvages de la violence et de la cruauté ; les armes n'y doivent servir qu'à vaincre l'État adverse,
non à massacrer ou à piller.
Le malheur est qu'aucune guerre réelle n'a jamais consenti à correspondre à cette vision idéale.
Les guerres ont
toujours été le déchaînement, non l'utilisation maîtrisée, de la violence.
Comment en serait-il autrement ? Née d'un
rapport de forces, la guerre ne peut se poursuivre qu'en dehors de tout droit.
Dans le film de Francis Copula sur la
guerre du Viêt-nam : Apocalypse Noé, l'un des personnages constate : « Poursuivre les criminels de guerre au Viêtnam ? Autant dresser des procès-verbaux pour excès de vitesse aux 24 heures du Mans ! » Assurant l'impunité,
excitant les haines xénophobes, la situation de guerre est propice à tous les crimes.
Qu'on se souvienne seulement
des Oradour-sur-Glane, des camps de Sabra et Chatila.
Plus fondamentalement, le caractère immoral de la guerre tient au fait que l'homme, matériel humain pour des
combats, y est toujours considéré et utilisé comme moyen.
Alain, dans Mars ou la guerre jugée, voit dans cet usage
criminel que la guerre fait de l'homme une raison essentielle pour désigner la guerre comme la négation de toutes les
valeurs (Ch.
LXXIII « Le cadavre »).
Mais de ce que la guerre est une sorte de mal absolu, faut-il conclure que la paix est une valeur en tant que telle?
Cette conclusion serait légitime si l'on pouvait définir la paix comme l'absence de troubles, de conflits, de guerres.
En ce sens négatif du mot
paix », où « paix » n'est pas différent de calme, on peut dire que la paix.
»
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