Faut-il refuser l'inconscient ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
PEUT-ON ?: est une question qui peut se poser à deux niveaux:
• la possibilité pratique/technique ou la capacité, la faculté.
• La possibilité morale, ou le droit ("A-t-on le droit de ?").
INCONSCIENT
Du préfixe privatif in- et de -conscient, d'où « qui n'est pas conscient ».
a) Adjectif : ce qui est dépourvu de conscience.
b) Ce qu'on ressent ou perçoit sans en prendre conscience (cf.
les
« petites perceptions » de Leibniz).
Nom : chez Freud, l'inconscient est fait de tous les contenus psychiques
(pulsions, désirs, souvenirs) qui sont refoulés hors de la conscience, et qui demeurent cependant actifs.
c)
Inconscient collectif : désigne, chez Jung, l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts
fondamentaux de l'homme.
• La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes
manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient.
• Certains philosophes nient
l'existence de l'inconscient.
Alain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de nos pulsions et de nos
instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi.
Refuser de: ne pas consentir à, refuser d'obéir, d'obtempérer, se rebeller, se révolter.
Être conscient, c'est d'abord être affecté par quelque chose, aussi la conscience peut-elle apparaître comme
essentiellement réceptive, voire passive.
La conscience est-elle libre, ou déterminée ? La conscience signifie-t-elle
l'acceptation résignée de l'ordre des choses, ou se définit-elle au contraire par sa capacité à le transcender, voire à
le refuser ? Se définit-elle dans la soumission ou dans la révolte ? Paradoxalement, le fait de prendre conscience de
sa propre impuissance peut aussi signifier être libre.
Connaître le bien et le mal, être capable d'en juger, est aussi du ressort de la conscience.
Jugeons-nous en toute
indépendance, ou sommes-nous influencés par notre éducation ? De plus, ce qui est bien pour l'un l'est-il
nécessairement pour l'autre ? Et s'il s'agit avant tout de soi, ne faut-il pas se connaître, pour savoir ce qui est bien
pour soi ?
I) ON NE PEUT REFUSER L'INCONSCIENT
« On nous conteste de tous côtés le droit d'admettre un psychique
inconscient et de travailler scientifiquement sur cette hypothèse.
Nous
pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et
légitime, et que nous possédons de multiples preuves de l'existence de
l'inconscient.
Elle est nécessaire, parce que les données de la conscience
sont extrêmement lacunaires ; aussi bien chez l'homme sain que chez le
malade, il se produit fréquemment des actes psychiques qui, pour être
expliqués, présupposent d'autres actes qui, eux, ne bénéficient pas du
témoignage de la conscience.
Ces actes ne sont pas seulement les actes
manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle
symptômes psychiques et phénomènes compulsionnels chez le malade ;
notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence
d'idées qui nous viennent sans que nous en connaissons l'origine, et de
résultats de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée.
Tous ces
actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nous
obstinons à prétendre qu'il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui
se passe en nous en fait d'actes psychiques ; mais ils s'ordonnent dans un
ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actes
inconscients inférés.
Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de
cohérence une raison pleinement justifiées, d'aller au-delà de l'expérience
immédiate.
Et s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse de
l'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, le
cours des processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestable de l'existence de
ce dont nous avons fait l'hypothèse.
»
FREUD, « Métapsychologie »..
»
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