Faut-il reconnaître à l'homme une place particulière dans le monde ?
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«
Introduction :
Bien définir les termes du sujet :
- « Homme » : le terme est très vague et n'invite pas à considérer l'être humain dans un domaine particulier comme celui de la politique
(on aurait alors parlé de citoyen), mais plutôt de la manière la plus générale possible.
Il s'agit de regrouper tous les individus conscients.
- « Monde » : désigne le plus généralement l'ensemble de la réalité matérielle qui se trouve sur le globe terrestre, et le globe lui-même.
Il peut s'agir aussi du sens que prend pour chacun de nous le monde dans l'acte de la conscience.
- « Occuper » : c'est remplir, couvrir un certain espace, mais aussi une certaine fonction dans un endroit déterminé, ici le monde.
- « Place particulière » : rôle spécial qui ne peut occupé par personne d'autre que l'homme, qui est irremplaçable, qui n'appartient qu'à lui.
Construction de la problématique :
Le terme de "place particulière" peut prendre deux sens très différents : le terme de "particulier" peut soit désigner la rareté, et
donc l'importance et la supériorité de l'homme sur le reste du monde, soit souligner le fait qu'il possède certaines caractéristiques qui ne
sont propres qu'à lui, et qui fondent par là même une spécificité qu'il faudra mettre au jour.
Se pose donc la question de savoir si quelque chose distingue l'homme du reste du monde, si oui quelle est cette chose, et en
quoi elle ferait de lui soit un être supérieur, soit un être simplement différent du reste du monde.
I/ L'homme possède ce que personne d'autre ne possède :
L'homme se définit avant tout comme un être naturel.
Il fait partie intégrante du monde, il est un être matériel qui est soumis à
la même causalité que ce qui l'entoure, il se déplace, et ne connaît pas d'autre monde que celui dans lequel il vit, et qu'il partage avec les
autres animaux, végétaux et minéraux.
● L'homme est donc un phénomène naturel, un être qui ne se distingue pas des autres animaux.
C'est ce qu'explique Descartes
dans Discours de la méthode.
Il est possible de considérer avec l'auteur que Dieu a créé le monde comme nous créons les choses que
nous utilisons, il a fabriqué les animaux comme nous fabriquons des automates.
Et le corps de l'homme, tout comme celui les animaux, a
été créé sur le modèle de la machine, par Dieu.
Mais ce corps humain vu comme une machine ne peut pas se confondre avec l'homme en
tant que tel.
● En effet, cf.
Traité de l'homme, Dieu crée une "machine de terre" aussi semblable que possible à l'homme, mais pas identique,
il lui manque une chose, l'âme.
En ce qui concerne leur corps, les hommes sont semblables aux animaux sans raison, mais ils diffèrent
dès lors que Dieu joint à ce corps une âme, qui est distincte du corps, et dont la nature est de penser.
Ainsi, l'homme en tant que tel,
c'est-à-dire comme corps auquel est joint une raison, occupe une place particulière dans le monde.
Les mouvements de l'âme ne peuvent
être reproduits par aucun mécanisme, et s'il est possible de confondre un singe automate avec un vrai singe (parce qu'il serait possible
d'imiter tous les mouvements de ce dernier, et de prévoir tous ses comportements); ce n'est pas possible pour l'homme –qui est capable
d'adapter ses actions à un nombre infini de circonstances, parce qu'il agit par connaissance, et non pas par mécanisme.
Grâce à l'âme que Dieu lui a donné, l'homme occupe une place particulière et privilégiée dans le monde.
II/ L'homme fait partie du monde au même titre que le reste :
Mais il est possible de considérer que cette manière de voir est anthropomorphique et anthropocentrique.
En effet, il est tout à
fait arbitraire de considérer que Dieu procède comme nous lorsqu'il crée le monde, et qu'il le fait dans un certain but, selon certains
procédés.
● C'est ce qu'explique Spinoza dans L'Ethique : il critique la transposition anthropomorphique faite à propos de Dieu et de la
création du monde.
Ce n'est pas parce que nous avons un but lorsque nous produisons quelque chose que Dieu fait de même.
Il agit par
la seule nécessité de sa nature, et les choses de la nature n'agissent pas en vue d'une fin, et Dieu lui-même ne dirige pas tout vers une
certaine fin.
Cette manière de penser n'est en fait qu'un moyen de se soustraire à l'inquiétude de l'inconnu.
● Cet anthro pomo rphisme conduit à l'anthropo centrisme.
En effet, en cherchant la raison d'ê tre de tout ce qui existe, les hommes
aboutissent à la conclusion que toutes les choses de la nature et du monde ont été créées par Dieu comme moyen pour eux.
"Ils [les
hommes] ont dû se persuader qu'il existait un ou plusieurs directeurs de la nature, doués de la liberté humaine ayant pourvu à tous leurs
besoins et tout fait pour leur usage." Ainsi, les hommes croient que Dieu a tout créé en vue de l'homme, et qu'il a fait l'homme pour que
l'homme lui rende un culte.
Cette manière de voir fait de l'homme un être irremplaçable dans le monde, il occupe une place particulière et importante
puisqu'il est le "préféré" de Dieu.
Mais cette théorie est fausse, elle ne montre que l'arrogance de l'homme, tandis que Dieu est la "cause
libre de toute chose", c'est-à-dire qu'il agit sans but, par la seule nécessité de sa nature.
III/ L'homme occupe une place particulière parce qu'il a un point de vue particulier :
Si en tant qu'être vivant l'homme ne peut pas se distinguer légitimement du reste du monde sans arrogance, il n'en va pas de
même si on le considère comme être doué de conscience.
En effet, il faut alors ne plus comprendre "place particulière" comme place de
première importance, qui rend supérieur au reste du monde, mais comme endroit précis que l'homme occuperait, et qui lui donnerait un
point de vue particulier sur le monde.
● C'est ce que pense Merleau-Ponty dans Phénoménologie de la perception.
Il faut tout d'abord convenir que cette question
"l'homme occupe t-il une place particulière dans le monde ?" ne peut être posée que par l'homme lui-même, parce que lui seul peut
donner au monde son sens de monde.
En effet, il n'y a de monde que pour l'homme, c'est-à-dire que pour une conscience capable de
s'extraire du monde pour le considérer en tant que tel.
● Mais cette manière de voir ne sig nifie pas que je surplombe le monde.
Merleau-Ponty part des paradoxes que soulève la
perception : elle enseigne à la fois une proximité absolue au monde (je suis du monde, dans le monde) et une distance irrémédiable (je
ne puis pas me confondre dans le monde, car j'ai toujours un point de vue sur lui).
L'homme occupe donc une place particulière dans le
monde au sens propre, c'est-à-dire qu'il observe toujours les choses selon un certain point de vue.
Il occupe un endroit précis du monde,
et y sent son corps qui lui donne alors un point de vue particulier sur ce qu'il observe.
à La représentation du monde est toujours en partie
une reconstruction fondée sur l'expérience et la sensation que nous avons de notre corps.
l'homme occupe donc une place particulière dans le monde non seulement au sens propre, mais aussi au sens figuré, car il est le
le seul être qui puisse faire être ce monde, lui donner son sens de monde.
Par lsa conscience, l'homme anime le spectacle visible, le
maintient en vie, et le fait exister..
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