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Faut-il punir le coupable ou venger la victime ?

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« Discussion : Le droit pénal justifie la sanction au nom de la responsabilité du sujet qui a commis un délit ou un crime.

Mais la responsabilité définit le fait de répondre pour une personne d'un acte dont elle la cause (imputation juridique) et elle en est la cause parce qu'elle a été jugée libre de le commettre.

Donc ne peut être sanctionnable (punissable) qu'un individu qui est coupable et responsable, c'est à dire considéré comme conscient et libre de choisir de commettre ou non son acte au moment des faits qui lui sont imputés. Mais tout d'abord selon Hume la question de la causalité et donc de l'imputabilité elle-même ne va pas de soi.

Tout acte criminel suppose une relation entre deux personnes et les actes de l'une peuvent être liés (connectés) à ceux de l'autre ; celui qui agit peut-être aussi celui qui, dans son action, pâtit de l'autre; l'acte peut être causé par la victime plus que par celui qui en est l'agent.

Ainsi, en quoi et pourquoi la vengeance est-elle le fait de celui dont on se venge et non de celui qui se venge? I.

Première partie : « Le seul objet propre de la haine ou de la vengeance est une personne, une créature douée de pensée et de conscience, et quand des actions criminelles ou nuisibles excitent cette passion, c'est seulement par leur relation à la personne, ou leur connexion à cette personne.

Les actions elles-mêmes, par leur nature même, sont temporaires et périssables, et si elles ne proviennent pas d'une cause dans le caractère et la disposition de la personne qui les a réalisées, ces actions ne peuvent ni rejaillir sur son honneur, si elles sont bonnes, ni le couvrir d'infamie, si elles sont mauvaises.

» Hume affirme tout d'abord que celui qui se venge est toujours victime d'un autre en tant que cet autre est une personne qui a eu l'intention de commettre le crime dont est victime celui qui se venge et donc que cette vengeance n'est que l'effet d'un crime, acte délibéré commis par l'objet de la vengeance et non l'effet de celui qui se venge. Par conséquent les actions de vengeances sont ponctuelles et, en tant qu'elles ne sont pas liées au caractère constant de celui qui se venge, celuici ne peut en être tenu personnellement pour responsable et donc coupable ; son honneur est alors sauf.

Les actions peuvent être socialement blâmables mais la personne ne pourrait pas être blâmée et donc ne pourrait être punie ou objet de vengeance à son tour, même si ses actions sont contraires à l'ordre social et religieux. Seule donc une action qui serait l'effet d'un caractère constant de celui qui le commet peut être punissable, car le sujet est alors cause de son acte; or si l'on refuse cette connexion nécessaire entre acte et caractère au nom de la liberté du sujet humain, on détruit tout autant, sinon plus, l'idée de responsabilité : chacun se retrouve à chaque instant innocent d'un crime qu'un autre que lui-même (ou un autre lui-même) a commis, puisqu'à chaque instant le fait d'être supposé libre de ses actes (sans cause caractérielle constante) implique qu'il puisse changer à chaque instant et dont être (redevenir) innocent comme au premier jour de sa naissance. II.

Deuxième partie : Le désir vengeance et la haine sont des passions naturelles qui affectent tous les hommes et donc ne peuvent être considérées comme des caractéristiques distinctives entre eux susceptibles de fonder un jugement moral particulier sur telle ou telle personne ou une hiérarchie morale entre les individus.

De plus un acte de vengeance et de haine est toujours déclenché par ceux qui en sont l'objet.

Ce sont des comportements réactifs et ont pour cause le sentiment d'humiliation subie de la part d'un autre homme à qui l'on peut prêter la conscience, c'est-à-dire l'intention de nuire ; un événement naturel ne peut nuire avec intention et n'appelle aucun sentiment de vengeance car il ne met pas en cause l'amour que chacun se porte à lui-même : l'événement nuisible ne vise personne.

Il s'abat sur chacun par hasard.

De plus nous ne désirons pas nous venger de quelqu'un qui par accident nous a fait du mal mais il faut qu'il ait pensé et désiré nous faire du mal et c'est cette pensée qui est humiliante et non sa conséquence nuisible.

Ainsi ces actions de vengeance et de haine ne mettent en rien en cause l'être même singulier de celui qui s'y livre, mais d'abord le fait qu'il ait subi une humiliation insupportable au regard d'une passion naturelle. »

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