Faut il proteger la nature de Christine cost
Publié le 13/11/2022
Extrait du document
«
FAUT-IL PROTÉGER LA NATURE ?
En matière environnementale deux positions peuvent être distinguées : la position
écologiste considère que le problème est réel et qu’il convient d’agir, la position
sceptique considère que le problème est largement surestimé et qu’il est urgent de ne
rien faire.
Pourtant le pire semble bien certain, en dépit de notre incrédulité, comme si nous ne
parvenions pas à croire ce que pourtant nous savons.
Les énergies fossiles sont en
voie d’extinction et les énergies de remplacement sont contestées.
La biodiversité est
menacée et les espèces disparaissent à un rythme jamais atteint.
On a parlé de 6ème
extinction.
En outre, le réchauffement climatique d’origine anthropique risque de
conduire dans un futur proche à des modifications substantielles de la géographie
humaine et non humaine.
L’humanité est capable de perturber le climat.
Elle est
devenue une force géologique.
C’est ce qu’établit l’idée d’anthropocène.
Pourtant, de quelle nature parle-t-on quand il est question de protection de la
nature ? Il nous faudra à partir de la polysémie du terme de nature, interroger le
partage classique entre le naturel et le social, la nature et la culture que la question
environnementale remet en cause.
En outre, que doit-on protéger quand on protège la nature et faut-il le faire ? Une
nature protégée ne disparaît-elle pas en tant que nature ?
Nous nous attacherons à dégager les trois grands types d’éthique qui se sont
dessinés.
La première éthique repose sur une conception anthropocentrée de
l’écologie.
La nature doit être protégée pour la survie de l’humanité.
C’est aussi la
position la plus consensuelle.
A cet écologisme, on peut opposer une éthique acentrée
ou polycentrée.
L’éthique animale met l’accent sur les existants sensibles, l’éthique
biocentrée inclut l’ensemble des espèces sensibles (les animaux) et non sensibles (les
espèces sensitives qui réagissent à des stimulations du milieu c’est-à-dire les
végétaux, les champignons, les algues).
Enfin l’éthique de l’environnement se
démarque en ce qu’elle ne prend plus en compte des individus ou des spécimens mais
se préoccupe de populations et de systèmes.
Cet écologisme est écocentré c’est-àdire centré sur des écosystèmes.
Il considère l’ensemble de la communauté naturelle
biotique et abiotique, les vivants et leur milieu.
Peut-on donner un statut moral et juridique à la nature c’est-à-dire à des existants
non humains et comment envisager les différentes options qui s’offrent à nous ?
I.
1.
« Etant sur terre le seul être qui possède un entendement, donc une faculté de se
proposer arbitrairement des fins, [l’homme] mérite certes, le titre de seigneur de la
nature et si l’on considère la nature comme un système téléologique, il est selon sa
destination la fin dernière de la nature » Kant, Critique de la faculté de juger, §83.
2.
« Celui qui abat son chien parce qu’il ne lui est plus d’aucune utilité et ne lui
rapporte même pas ce qu’il faut pour le nourrir, n’enfreint pas en vérité le devoir qu’il
a envers son chien, puisque celui-ci est incapable de jugements, mais il commet un
acte qui heurte en lui le sentiment d’humanité et l’affabilité bienveillante auxquels il
lui faut pourtant donner suite, en vertu des devoirs qu’il a envers l’humanité.
(…)
L’homme qui est capable de cruauté avec les animaux sera aussi capable de dureté
avec ses semblables.
On peut déjà juger du cœur d’un homme au traitement qu’il
réserve aux animaux.
[Les devoirs envers les choses inanimées] sont également des devoirs indirects
envers l’humanité.
L’esprit de destruction manifesté par l’homme à l’endroit des
choses qui ont encore une utilité est très immoral.
Personne ne doit détruire les
beautés de la nature car ce qui n’est d’aucun usage à l’un peut encore être utile à
l’autre.
Ce n’est pourtant pas à l’égard de la chose elle-m qu’il ns faut observer [ce
devoir], mais à l’égard de nos semblables ».
Kant, Leçons d’éthique (1775-1780),
LGF,1997, p 392.
3.
« Les hommes ne sont pas tant ceux qui allument la valeur dans un monde de
valeurs potentielles, que ceux qui se joignent psychologiquement à l’histoire naturelle
planétaire en cours dans laquelle la valeur se trouve partout où s’affirme la créativité
positive.
Cette créativité peut être présente dans les sujets considérés avec leurs
intérêts et leurs préférences, mais elle peut également être présente de façon
objective dans les organismes vivants qui défendent leur propre vie, et dans les
espèces qui défendent le maintien de leur identité à travers le temps, et dans les
systèmes capables de s’auto-organiser qui livrent au monde quelques réussites
résultant de l’histoire de l’évolution.
L’idée d’un sujet valorisant, qui évoluerait dans
un monde sans valeurs en son absence, constitue une prémisse insuffisante au regard
des conclusions averties que peuvent tirer ceux qui attachent de la valeur à l’histoire
naturelle.
» Holmes Rolston III, Philosophie et environnement naturel, 1994, p 30.
II.
4.
« Les sortes d’êtres qui peuvent avoir des droits sont précisément celles qui ont (ou
peuvent avoir) des intérêts.
Deux raisons conduisent à ce résultat que nous
présentons à titre d’essai : 1) tout d’abord, un titulaire de droit doit être capable
d’être représenté et il est impossible de représenter un être qui n’a aucun intérêt à
défendre ; 2) ensuite un titulaire de droit doit être capable....
»
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