Faut-il préférer le désordre à l'injustice ?
Extrait du document
«
Thèmes de réflexion
• Réfléchir sur la notion d' « ordre ».
— Par exemple l'ordre de succession des nombres entiers est relatif à la règle constitutive de l'ensemble des
nombres entiers.
On peut donc énoncer un jugement de réalité lorsqu'on dit que les éléments de tel ensemble sont en ordre, à
condition qu'on énonce aussi la règle par rapport à laquelle se définit cet ordre.
— Peut-on parler d' « ordre social »? Ne pourrait-on dire que l'ordre social c'est la disposition de tous les éléments
composant la société conformément aux lois qui la régissent.
Tout ce qui serait en dehors de cette disposition
légale, ou contraire à elle, serait désordre.
Mais cet ordre légal ne renverrait-il pas à un ordre (explicite ou implicite) politique ?
Si bien que ce qui serait en ordre par rapport à un certain projet politique (par exemple domination d'une minorité sur
une majorité) serait en désordre par rapport à un autre projet politique.
• « L'injustice » ne serait-ce pas « le désordre » (en un sens, du moins dans une société qui aurait institué la justice
comme principe d'ordre)?
• « L'injustice » ne serait-ce pas un « certain ordre » (en ce sens, du moins dans une société qui a institué l' «
injustice » comme principe d' « ordre » — si l'on peut dire).
• Réfléchir au(x) sens de « faut-il » : s'agit-il d'une nécessité de fait (on ne peut faire autrement) ou d'une
nécessité de droit (obligation morale) !
[Sans justice, l'homme devient la pire des créatures.
Des lois injustes sont intolérables.
Ne pas les
respecter est un devoir.
Mieux vaut encore un juste désordre qu'un ordre se fondant sur l'injustice.]
L'absence de justice est une malédiction
Aristote, dans La Politique, écrit ces mots: «de même que l'homme civilisé est
le meilleur de tous les animaux, celui qui ne connaît ni justice ni lois est le pire
de tous».
Un gouvernement qui instaure un ordre tyrannique établit des lois
iniques, les applique sans respect de la justice favorise l'égoïsme, la
méchanceté et la violence.
Il faut défendre l'idée de désobéissance civile
Le respect de l'ordre ne doit pas systématiquement justifier un
désengagement moral et politique.
Ainsi que l'écrit Henri David Thoreau, dans
La Désobéissance civile, si l'injustice fait «de vous l'agent de l'injustice vis-àvis d'autrui, alors je déclare qu'il faut enfreindre la loi.» Cette attitude peut
conduire au désordre.
Du désordre peut naître la justice
Le but visé par des théoriciens de la révolution, tels que Bakounine et Marx,
n'est pas le désordre politique et social.
Mais l'abolition de l'injustice passe par
une action révolutionnaire, donc la désorganisation radicale d'une structure
politique, économique qui favorise une classe vivant de l'exploitation d'une
autre classe.
En 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».
La onzième précise que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter
diversement le monde, ce qui importe, c'est de le transformer ».
Contrairement à ce que prétend une interprétation
courante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de lui
donner une nouvelle place, une nouvelle tâche.
Marx ne récuse pas la pensée, mais sa transformation en idéologie,
son éloignement de la pratique.
La onzième thèse clôt la série de note rédigées par Marx en 1845 qui constitueront le point de départ de la
rédaction, avec la collaboration d'Engels, de l' « Idéologie allemande » (1846).
Ces thèses, qui ne sont pas
initialement destinées à la publication, paraîtront après la mort de Marx à l'initiative de Engels, qui les présente
comme un document d'une valeur inappréciable puisque s'y trouve « déposé le germe génial de la nouvelle
conception du mode ».
Etape décisive dans la maturation de la pensée de Marx, cet ensemble d'aphorismes, en dépit de son apparente
limpidité, ne peut être compris indépendamment de ce qui précède et de ce qui suit le moment de sa rédaction.
Nul
texte, en ce sens, ne se prête davantage au commentaire, alors même, paradoxalement, que cette onzième thèse
semble dénier toute légitimité à l'activité d'interpréter..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Faut-il préférer l'injustice au désordre ?
- Faut-il préférer l'injustice au désordre ?
- Faut-il préférer l'injustice au désordre ?
- Faut-il préférer la vérité au bonheur ?
- Faut-il préférer l'activité politique à l'activité philosophique ?