Faut-il poser des limites aux manipulations du vivant ?
Extrait du document
«
[L'homme ne peut pas risquer de mettre en jeu
des équilibres naturels dont il ignore les lois.
L'expérimentation
sur le vivant peut avoir des conséquences morales
et politiques extrêmement graves.]
La vie demeure un mystère
Nul savant ne peut sérieusement prétendre définir scientifiquement la vie.
Or, l'expérimentation sur le vivant
permet désormais des manipulations génétiques très complexes, alors même qu'on ignore les conséquences
qu'elles peuvent avoir sur la vie en général, à moyen et long terme.
Manipuler le vivant, c'est manipuler l'homme
Que peut-il rester des notions qui ont fait la grandeur de l'humanité, dès lors que l'homme est capable -mais
selon quels critères ? - de sélectionner des embryons humains ? Que reste-t-il de la dignité de l'homme si l'on
peut prévoir que tel individu mourra à quarante ans d'un infarctus ? La société ne va-t-elle pas, à l'avance, le
considérer comme un être fini ? Quels risques démographiques ne va-t-on pas encourir si l'on parvient à
maîtriser les processus de vieillissement de la cellule ?
L'apprenti sorcier (partie à adapter au domaine de la génétique)
Qu'est-ce qu'une machine? Le meilleur ou bien le pire des artifices ? Les hommes fabriquent des machines mais
ils les détruisent également (à l'instar de ces premiers ouvriers du textile qui brisèrent au xviiie siècle les
métiers à tisser sur les conseils de Ludd.
Le « luddisme » est au monde ouvrier ce que la jacquerie est aux
paysans).
Les machines retirent de la peine au travail mais elles rongent également le travail des hommes.
Bref, les machines opèrent-elles un retour de la technique contre le technicien, instruments d'une version
actuelle de l'apprenti-sorcier?
Car la menace ne semble plus relever aujourd'hui de la science-fiction.
Bien sûr les « robots » ou l'ordinateur
central de 2001 ne sont pas en passe de dominer les hommes, au sens de les asservir.
Mais peu à peu,
discrètement systèmes automatisés et intelligences artificielles commencent à extraire l'homme du monde du
travail, au risque de lui rendre la nature totalement inintelligible.
C'est aujourd'hui un thème familier et angoissant que celui du technicien apprenti-sorcier.
L'effroyable péril
suscité par le développement des armes nucléaires, ainsi que les dangers de « robotisation » constitués par la
mécanisation de notre existence soulignent avec éclat que la technique ne tient pas lieu de sagesse, pas plus
que la science ne tient lieu de philosophie.
« La technique, a écrit, le R.P.
Laberthonnière nous apprend à
nous servir des choses.
Mais saurons-nous nous-mêmes à quoi nous faire servir? » La technique ne donne à
l'homme que des moyens d'action.
Elle reste muette sur les fins qui doivent guider notre conduite.
Et nous
avons plus que jamais besoin d'une sagesse pour nous éclairer sur les fins qu'il nous appartient de poursuivre.
Dans le monde actuel l'éclat de nos pouvoirs humains fait ressortir dans une lumière tragique l'ambiguïté de
nos vouloirs.
Et si la technique est une médiation nécessaire pour concilier le pouvoir et le vouloir, seule la
philosophie peut nous permettre de voir clair dans notre vouloir.
Seule la philosophie pose le problème des
valeurs.
Il faut redouter les récupérations politiques
Plus on perce les mystères du vivant, plus on prend des risques incalculables.
Les nazis voulaient créer une
race supérieure.
On peut craindre que les découvertes génétiques, utilisées à des fins politiques, économiques
puissent, demain, conduire à «fabriquer» des êtres humains répondant parfaitement à ce que la société
attend d'eux.
[Les grands progrès de la médecine et de la biologie sont étroitement liés à l'expérimentation sur le
vivant.
Limiter cette dernière, c'est faire un pas en arrière.
L'homme doit comprendre, mais aussi
maîtriser la vie.].
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