Faut-il perdre ses illusions ?
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«
Pistes de réflexion
Il faut perdre ses illusions.
• En commençant par là, on peut déjà être sûr de ne pas se trouver à court d'arguments en puisant chez de
nombreux philosophes, tant la plupart d'entre eux sont partis en guerre contre les illusions en tout genre.
Ainsi l'infatigable travail de Socrate n'est-il pas de lutter contre notre illusion de «savoir»?
Si j'arrive à découvrir que tout ce que je sais, c'est...
que je ne sais rien, alors s'ouvre en moi et devant moi la vraie
et passionnante recherche, la curiosité féconde dans la conscience même des écueils de sa soif.
Philosopher, c'est d'abord commencer par se dessiller les yeux de l'esprit.
En effet, pourquoi chercherais-je ce que je
crois détenir ? Ici, nos illusions paralysent et stérilisent dans une double ignorance: l'ignorance elle-même ignorée
comme ignorance ! Ce qui a pour effet souvent de nous enfermer dans l'entêtement, crispés sur des certitudes
«intouchables» ou même dans l'arrogance de notre prétention à «savoir».
• Le disciple admiratif de Socrate qu'est Platon va, dès lors, approfondir cette perspective de réflexion.
L'allégorie de
la caverne lui permet de montrer que nous prenons pour beaux, vrais et bons des semblants de vérité, nous y fixant,
au lieu de les saisir comme de simples signaux réveillant en nous, par le désir, l'idée d'une réalité bien plus essentielle
et absolue.
Dans cette célèbre allégorie (ou comparaison systématique), Platon représente le monde matériel (ou monde
sensible) comme une caverne dans laquelle les êtres humains sont enchaînés depuis leur naissance.
Les prisonniers
que nous sommes contemplent le théâtre des ombres où défilent les apparences des choses, telles que nous les
percevons.
Ces ombres sont les reflets des Formes ou Idées qui défilent derrière un mur en surplomb.
Les idées
forment ensemble la vraie réalité.
Elles sont éclairées par un grand feu, ici représenteé comme le soleil de la valeur
suprême du monde des Idées: le Bien souverain.
Dans ce ciel, brillent toutes les valeurs authentiques, éclairées par
le soleil du Bien: la Vérité, la Justice, la Beauté, etc.
Le philosophe s'échappe de la caverne, grâce à la réflexion, et graduellement contemple le reflet des Idées dans un
lac, où elles apparaissent imparfaitement, puis directement, à mesure que son regard s'habitue à la lumière vive du
monde des Idées.
C'est le mouvement ascendant.
Mais il voit que sa mission est de montrer aux prisonniers leur
erreur, eux qui discourent sans fin sur les ombres, croyant qu'elle est la seule réalité.
Il revient faire leur éducation.
C'est le mouvement descendant.
Mais là, il est fort mal reçu par ces mi-aveugles qui ne croient pas en l'existence
du monde des Idées, qui est pourtant le véritable monde, car l'être humain est une âme bien plus qu'un corps.
Un
être humain est une âme immortelle, appartenant au monde des Idées, qui est enchaîné dans un corps prisonnier
des apparences sensibles.
Platon utilise cette allégorie pour faire comprendre sa théorie des Idées.
Dans un monde changeant où toutes les
formes sont imparfaites, la régularité des choses ne peut provenir que de l'existence d'un moule commun: l'Idée.
Par
exemple: l'Idée du cheval, l'Idée de l'homme, l'Idée de la justice, etc.
Cette théorie est dualiste, car elle sépare la
réalité en deux parties bien distinctes.
Elle est idéaliste, car elle fait primer le monde intelligible (le Ciel des Idées)
sur le monde sensible (le monde matériel).
Enfin elle est réaliste, car les Idées existent indépendamment de nous qui
les concevons, formant ensemble la seule véritable réalité.
Elle forme une ontologie (théorie de l'être) qui aura une
influence considérable et qui sera aussi extrêmement critiquée.
On notera ici un aspect tout à fait intéressant de la réflexion platonicienne, en ce sens que ce n'est pas le désir qui,
parce qu'il serait mauvais, produirait nos illusions.
Ce qui est mauvais est l'orientation du désir sur des réalités où il
se fourvoie.
Nos illusions nous font penser que nous trouverons en ces réalités sensibles, apparentes et éphémères,
ce que notre désir cherche.
Or, quelque part, il s'agit moins des illusions dont «le monde sensible» nous rendrait
victime, que de nos illusions, dans la mesure où nous cédons avec délices à la sécurité des habitudes et à la
certitude facile des immédiatetés tangibles.
Désir et intellect ne s'excluent pas : la philosophie, à déployer les
qualités de l'âme, entend plutôt lui montrer comment rechercher le seul objet digne de notre quête, à la dimension
du désir fondamental qui nous habite.
Perdre nos illusions est donc une exigence d'ordre ontologique: il y va de notre être même, dans ce qu'il a de plus
essentiel.
• A cet égard, des classiques aux contemporains, l'argument sera conforté : c'est notre honneur d'«être pensant»
que de ne pas se laisser abuser comme des enfants ! Loin de constituer un simple titre honorifique, on montrerait
alors tous les effets de cette nature pensante de l'être humain : pour Épicure et les Stoïciens, alors que notre.
»
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