Faut-il penser séparément le corps, l'esprit et le sujet pensant ?
Extrait du document
«
[Le corps, l'esprit et l'esprit pensant ne sont pas réductibles l'un à l'autre.
Ils sont trois réalités
hétérogènes.
Descartes montrera que le corps et l'âme sont deux substances différentes.]
La psychologie n'englobe pas la philosophie
L'homme n'est pas réductible à sa psychologie ou à sa physiologie.
Un neurologue qui disséquerait le cerveau de
Mozart ne parviendrait pas expliquer son génie.
Il en est de même pour les comportements humains.
L'homosexualité, par exemple, ne peut s'expliquer de manière médicale.
L'âme comme réalité transcendante
L'expérience métaphysique du cogito ne me révèle ni comme être corporel ni comme animal raisonnable (cela reste
dans le doute), mais seulement comme être pensant, immatériel, comme une âme dont tout l'être consiste à se
manifester à soi-même, en une conscience de soi immédiate.
L'esprit se révèle ainsi plus aisé à connaître que le
corps, et distinct de lui.
Par « pensée », on ne doit pas entendre forcément une activité intellectuelle, mais toute activité de l'esprit, qui
par nature se sent lui-même.
Être une chose qui pense, c'est donc être une chose « qui doute, qui conçoit, qui
affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent ».
Imagination et sensation ne sont ici considérées qu'en tant que vécus internes, subjectifs, sans que la question de
l'existence des choses extérieures, auxquelles elles semblent renvoyer, ne soit réglée (l'hypothèse du rêve n'est pas
levée).
Le corps-machine
Le corps humain, comme le corps de l'animal, est une machine perfectionnée
créée par Dieu.
Bien qu'infiniment plus complexe que nos machines, son
fonctionnement se laisse expliquer de la même manière.
Les corps sont
composés de nerfs et de muscles, comparables à des petits tuyaux, dans
lesquels circule une matière subtile : les esprits animaux.
Lorsque nous
touchons un objet par exemple, nous en prenons une conscience tactile par
l'effet de ces esprits animaux qui remontent jusqu'au cerveau par l'entremise
des nerfs, et viennent heurter la "glande pinéale", siège de l'âme.
Il en est
ainsi de tout le système sensorimoteur.
Si je veux me mouvoir, un grand
nombre d'esprits animaux seront canalisés vers les muscles qui seront
sollicités pour accomplir ce mouvement.
La lumière, les odeurs, les sons, les
goûts, la chaleur se propagent jusqu'à notre esprit par l'intermédiaire de nos
nerfs qui canalisent ces particules.
La faim, la soif, le sommeil, la veille, le
rêve se produisent de la même manière : un déplacement d'esprits animaux à
l'intérieur des canalisations de la machinerie complexe de notre corps.
Il existe
cependant une différence de mille entre un corps humain et un corps animal.
Aucun animal n'use jamais de signes, ou d'un quelconque langage pour
exprimer une pensée.
On peut concevoir un automate qui réponde par la
parole à certains messages simples : crier si on le touche, ou prononcer
quelques phrases simples, mais aucun automate ne sera jamais en mesure
d'agencer une parole qui réponde au sens de ce qu'on lui dit.
Enfin, si un
corps animal ou un automate peut accomplir un nombre limité de tâches, parfois même mieux que nous, il ne peut
aller au-delà.
Ce qui montre qu'ils agissent par la disposition de leurs organes, et non par connaissance.
Ils sont
dépourvus de pensée ou d'esprit.
Il n'y a que l'homme à disposer de cet instrument universel qu'est la raison et qui
lui sert en toute occurrence afin d'agir comme il convient.
Chaque organe de la machinerie animale, tout au
contraire, est spécialisé.
Il lui faudrait - ce qui est impossible - un nombre infini d'organes pour faire autant de
choses que notre raison nous le permet.
Conclusion: L'esprit ne se réduit ni à la matière corporelle, ni à la conscience.
La pensée est un phénomène dont
l'étude échappe aux sciences exactes, à la psychologie.
Seule la philosophie peut en rendre compte de l'existence
et de la nature de l'âme humaine comme le montre l'analyse cartésienne..
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