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Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ?

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Entre le passé et l'avenir se situe la modalité du présent qui se comprend à la jonction de ces deux temporalités. Or le paradoxe du temps dans son explication est justement qu'il se définit ici justement comme une antinomie de la raison pure. En effet l'identité d'une personne donc son présent se saisit à l'aune de son histoire et de son parcours. Dans ce cas, on pourrait suivant un déterminisme bien compris que le présent de l'individu se lie dans son passé, et pourrait nous conduire à comprendre immédiatement son futur à l'aune de ses actions et de son caractère. Dès lors, on pourrait que l'individu est gros de passé et qu'il ne peut s'en défaire. Le problème serait alors de nier tout pouvoir de changement de l'individu ou plus exactement de lui enlever sa capacité à se réformer donc lui enlever sa capacité de se déterminer librement. En somme c'est la liberté de l'individu qui est remise en cause. Or le passé d'un individu lui sert à se définir et à se construire. Le problème serait alors de saisir si ce passé est tel le destin nécessaire et immuable ou si l'on peut se construire malgré son passé. C'est à l'aune de cette réflexion que la notion d'oubli prend tout son sens dans la mesure où elle permet de sélectionner ce qui m'intéresse dans mon passé afin de me reconstruire. Mais n'est-ce pas falsifier son passé, ne pas l'assumer et faire preuve de mauvaise foi ?             Si le passé est structurant (1ère partie), l'oubli demeure une fonction essentielle du psychisme humain (2ème partie) qui ne doit pas occulter la liberté que constitue pour l'individu la détermination de son avenir (3ème ordre).

« Introduction : Entre le passé et l'avenir se situe la modalité du présent qui se comprend à la jonction de ces deux temporalités.

Or le paradoxe du temps dans son explication est justement qu'il se définit ici justement comme une antinomie de la raison pure.

En effet l'identité d'une personne donc son présent se saisit à l'aune de son histoire et de son parcours.

Dans ce cas, on pourrait suivant un déterminisme bien compris que le présent de l'individu se lie dans son passé, et pourrait nous conduire à comprendre immédiatement son futur à l'aune de ses actions et de son caractère.

Dès lors, on pourrait que l'individu est gros de passé et qu'il ne peut s'en défaire.

Le problème serait alors de nier tout pouvoir de changement de l'individu ou plus exactement de lui enlever sa capacité à se réformer donc lui enlever sa capacité de se déterminer librement.

En somme c'est la liberté de l'individu qui est remise en cause.

Or le passé d'un individu lui sert à se définir et à se construire.

Le problème serait alors de saisir si ce passé est tel le destin nécessaire et immuable ou si l'on peut se construire malgré son passé.

C'est à l'aune de cette réflexion que la notion d'oubli prend tout son sens dans la mesure où elle permet de sélectionner ce qui m'intéresse dans mon passé afin de me reconstruire.

Mais n'est-ce pas falsifier son passé, ne pas l'assumer et faire preuve de mauvaise foi ? Si le passé est structurant (1 ère partie), l'oubli demeure une fonction essentielle du psychisme humain (2ème partie) qui ne doit pas occulter la liberté que constitue pour l'individu la détermination de son avenir (3 ème ordre). I – La détermination du passé a) Comme le dit Gusdorf dans Mémoire et personne : « Le propre de la mémoire est d'apporter dans notre expérience le sens du passé.

La notion de décalage temporel paraît ici essentielle.

L'actualité de notre expérience temporelle se situe dans le présent.

Mais dès que s'est amorti ce caractère d'actualité, le présent devient un passé […] ce qui était notre perception […] se transforme, par le fait d'une sorte de déchéance, en un souvenir détaché de nous.

» Ainsi, à tout moment de mon existence, le présent perd son caractère d'actualité et s'évanouit.

La mémoire porte le sens du passé : elle est fonction du passé.

C'est pourquoi la question de la fidélité de la mémoire nous importe.

Elle nous importe parce qu'elle donne sens au présent, mais aussi plus trivialement, nous utilisons notre mémoire dans un ensemble d'opération qui nous sont utiles : en histoire ou en justice avec le témoignage etc. L'enjeu est donc le plus souvent de savoir si nous pouvons avoir confiance en notre mémoire.

On la définit souvent comme reproductrice d'un fait passé : une quasi copie. b) C'est là toute la question de cet enseignement ou apprentissage de l'histoire.

L'histoire en tant qu'éducation se transmet à travers l'expérience et force est de constater que plus nous avançons en âge et plus il semble que nous analysions les situations relativement à nos expériences donc à notre histoire.

Nous en tirons des leçons et c'est tout ce qui fait l'intérêt de ces hommes d'expériences, ayant développé une sagesse pratique, comme on peut le voir avec Hume dans ses Premiers principes des gouvernements.

Et c'est en ce sens qu'il est nécessaire que dans l'éducation de la cité les anciens servent de guident pour les plus jeunes afin qu'ils bénéficient de leurs expériences. Dans ce cas, c'est dire que l'histoire peut fournir aux nouvelles générations la matière d'une expérience sans qu'il soit nécessaire de le faire.

Mais présente aussi pour l'individu la possibilité de se construire quel que soit son passé. L'avenir se lie en partie dans le passé comme le chemin tracé.

Il explique et rend nécessaire ce mouvement.

Et c'est bien en ce sens que l'histoire qu'elle soit personnelle ou non est fondamentale.

En effet, Schopenhauer dans Le monde comme volonté et comme représentation (III) note bien : « L'histoire est pour l'espèce humaine ce que la raison ce est pour l'individu.

Grâce à sa raison, l'homme n'est pas renfermé comme l'animal dans les limites étroites du présent visible.

[…] Seule l'histoire donne à un peuple une entière conscience de lui-même.

L'histoire peut être regardée comme la conscience raisonnée de l'espèce humaine ; elle est à l'humanité ce qu'est à l'individu la conscience soutenue par la raison, réfléchie et cohérente, dont le manque condamne l'animal à rester enfermé dans le champ étroit du présent intuitif.

[…] L'écriture, en effet, sert à rétablir l'unité dans cette conscience du genre humain brisée et morcelée sans cesse par la mort.

» c) Pourtant, comme Nietzsche le note bien dans la Seconde considération intempestive, le vivant a pourtant besoin de l'histoire, de son histoire en tant qu'elle le favorise en créant un ensemble de règles bénéfiques pour sa survie : « Que la vie ait besoin d'être servie par l'histoire, c'est un fait dont il faut prendre conscience, tout autant que du principe que nous aurons à défendre plus tard, à savoir qu'un excès d'histoire nuit au vivant.

L'histoire appartient au vivant pour trois raisons : parce qu'il est actif et ambitieux – parce qu'il a le goût de conserver et de vénérer – parce qu'il souffre et a besoin de délivrance.

» Ainsi, l'histoire fournit un cadre et une identité à l'individu : « L'histoire est en second lieu le bien de l'homme qui veut conserver et vénérer le passé, de celui qui jette un regard fidèle et aimant vers ses origines, vers le monde où il a grandi ; par cette piété il s'acquitte en quelque sorte de sa dette de reconnaissance envers le passé.

Entretenir d'une main pieuse, au profit de ceux qui viendront après lui, ce qui a toujours été, les conditions dans lesquelles il est né, c'est sa façon de servir la vie.

La possession du bric-àbrac des ancêtres change de sens dans une âme ainsi faite ; car elle en est à son tour possédée.

Tout ce qui est menu, borné, vermoulu, acquiert une importance, du fait que l'âme conservatrice et pieuse de l'historien. »

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