Faut-il obéir à une loi injuste?
Extrait du document
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Analyse du sujet :
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On constate immédiatement que le sujet recèle un problème en cela que ce qui semble définir
intuitivement une loi, c'est le fait qu'il faille lui obéir sans se poser la moindre question.
Une loi à laquelle on
refuserait d'obéir ne serait, semble-t-il, plus une loi.
Si l'on prend les lois physiques, on se rend d'ailleurs bien compte que la question n'a pas lieu d'être : on
obéit fatalement à une loi physique, et ce même si on la trouve « injuste ».
De ce point de vue, le concept de justice n'a pas à interférer dans l'analyse du concept de loi : ou bien
une loi est, ou bien elle n'est pas.
La nature, qui n'enchaîne que des causes et des effets, ne se soucie pas
de morale.
Mais cette analogie est elle-même problématique : l'usage du même terme pour définir les lois de la
nature et celles de la cité semble la justifier, pourtant, ce qui caractérise les lois fondées par des hommes
c'est justement qu'on peut - si ce n'est en droit, au moins en fait - leur désobéirent.
Où trouve-t-on alors des raisons à cette désobéissance ? Il faut que quelque chose soit « au-dessus de
la loi » et qui compte plus qu'elle.
Quand bien même on trouverait en soi quelque chose qui surpasse la loi, comment pourrait-on y porter
crédit au point de désobéir à la loi ? Cela impliquerait de savoir mieux que le juriste quel but cette loi
poursuit, et comment atteindre la justice.
Or il est déjà difficile de savoir si nos actions individuelles sont justes, comment pourrions-nous
individuellement statuer sur le caractère juste ou mauvais de lois qui ont été faites pour une collectivité
entière ?
Problématisation :
Considérer qu'il faille désobéir à une loi, c'est prétendre que l'on sait mieux que cette loi où est la justice.
Cela
implique donc que ce qui fait la justice, ce n'est pas toujours la loi.
Dès lors, une question s'impose : que peut-on
revendiquer qui soit « au-dessus de la loi » et plus proche de la justice ? Trouver une réponse à cette question,
c'est par ailleurs soulever un autre problème, car si l'on commence à invoquer quelque chose pour justifier le fait
qu'on enfreint la loi, ne coure-t-on pas le risque que chacun cherche toujours un argument à l'encontre des lois qui
le dérange ? En acceptant la désobéissance à la loi, ne risque-t-on pas d'engendrer l'injustice sociale en vidant la loi
de tout sens ? Le problème qu'il nous faudra résoudre semble donc être de savoir si il existe quelque chose qui
prévaut sur la loi pour statuer sur la justice, et si oui, dans quelles conditions ?
Proposition de plan :
1.
Pour qu'une vraie justice soit efficace, il ne faut pas s'abandonner à l'opinion.
a)
Affirmer qu'une loi est injuste ne va pas sans poser problème.
En effet, comment savoir qu'on est capable
de juger si cette loi est juste ou non ? Qui sommes-nous pour en juger ? L'on trouvera toujours quelqu'un qui
nous soutiendra que cette loi est juste, et un autre qui nous soutiendra qu'elle est injuste.
Pourquoi se
ranger à l'opinion de l'un plutôt qu'à celle de l'autre ? Ce problème est celui que soulève Platon lorsqu'il
considère le relativisme.
Le relativisme est la doctrine des sophistes,
notamment Protagoras, qui affirment que « l'homme est la mesure de
toutes choses » (Platon cite cette phrase de Protagoras dans le
Théétète).
Pour eux, chacun dit la vérité relativement à soi-même, et
il ne peut y avoir de vérité absolue et universelle.
Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui
déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement
contraires, et il usa de cette méthode ».
Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui
sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont
pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il,
par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet
cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui
revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote,
« Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les
choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles
t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète »,
152,a).
Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ?
Affirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet et
ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).
C'est
donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est
impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même
rapport ».
Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.
En effet, d'une part,
s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du
principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une
pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est.
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