Faut-il nier le monde pour découvrir sa conscience ?
Extrait du document
«
Termes du sujet:
MONDE: ensemble des réalités matérielles qui constitue l'univers, mais aussi le monde humain, les relations entre
les hommes.
La conscience vient du latin conscientia, qui signifie « accompagné » (cum) de « savoir » (scire).
Être conscient
signifie donc que lorsque l'on sent, pense, agit, on sait que l'on sent, pense ou agit.
Mais il convient de distinguer la
conscience directe ou immédiate, qui accompagne ainsi tous les actes du sujet, de la conscience réfléchie,
conscience qui se saisit elle-même comme conscience.
La première consiste à « avoir conscience », tandis que la
seconde consiste à « être conscient d'avoir conscience ».
Le passage de l'un à l'autre serait le fait de « prendre
conscience ».
Je ne suis pas moi de la même manière que cette feuille de papier est feuille de papier.
Celle-ci n'a pas
conscience d'être ce qu'elle est, elle ne dit jamais : «Je suis.
» En prenant conscience de moi-même, je me distingue
de tout ce que je ne suis pas : est-ce la négation du monde extérieur qui constitue la conscience?
1.
Des états intérieurs
• Je peux spontanément, soit prêter attention à ce qui m'entoure, soit me concentrer sur mes propres pensées ou
sentiments - comme s'il y avait deux domaines qui coexistent.
Je suis là (pensée tournée vers le monde) et en
même temps je sais que je suis là (pensée retournée vers moi), ce redoublement constituant la conscience comme
un rapport à moi-même.
• Les choses ne me sont jamais données «en personne ».
Il faut distinguer en elles l'être et l'apparence : je peux me
tromper à leur sujet et la réalité du monde est extérieure à ma pensée.
La conscience apparaît par contre comme un
ensemble d'états intérieurs, au sujet desquels je ne peux pas me tromper.
On peut appeler subjectifs des états qui
n'ont pas d'existence intrinsèque, mais n'existent que pour et par un sujet qui les éprouve ou les appréhende.
Le fait
qu'une dent soit cariée ne dépend pas du fait que quelqu'un le sache, tandis qu'une douleur dentaire n'existe qu'en
tant qu'elle est sentie par quelqu'un.
La conscience serait l'ensemble de ces états qui ne sont accessibles que par la
personne qui les éprouve.
11.
La conscience et le doute
• La conscience ne peut être véritablement appréhendée qu'au moment où
est suspendue l'évidence du monde.
C'est Descartes qui, le premier, a exprimé
cela avec force, liant la découverte de la conscience à l'exercice du doute.
Dans les Méditations métaphysiques (1641), il cherche une « première vérité
», une proposition qui pourrait résister à l'entreprise d'un doute méthodique.
Il
la trouve dans l'évidence du cogito (je pense) : « Cette proposition : je suis,
j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que
je la conçois en mon esprit.
» Douter que je pense est une nouvelle
manifestation de l'existence de ma pensée.
a L'épreuve du doute chez
Descartes conduit ainsi à la certitude de sa propre existence en tant que
chose pensante, alors même que la certitude à l'égard de l'existence de toute
chose, son propre corps y compris, est au moins provisoirement suspendue :
«je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde [...]; j'étais
sans doute, si je me suis persuadé ou seulement si j'ai pensé quelque chose »
(Méditations métaphysiques, II)..
»
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