Faut-il mépriser l'apparence ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
Faut-il ?: est une question qui peut se poser à deux niveaux :
• la nécessité (physique / matérielle / naturelle / économique / psychologique / sociale), c'est-à-dire la contrainte
des choses.
• l'obligation morale, le devoir.
Doit-on ?
Apparence: Aspect extérieur d'une chose; façon dont elle se manifeste à nous.
Aspect trompeur des choses, par opposition à ce qu'elles sont réellement.
La forme:
Elle est simple : « Faut-il faire ceci ? exige que soient produites les causes et les raisons pour lesquelles il est
nécessaire ou obligatoire de faire ceci plutôt que cela.
La nécessité implique une contrainte, l'obligation implique le
devoir de faire ceci plutôt que cela, mais laisse la possibilité de ne pas obéir au devoir.
Le contenu:
1.
Mépriser : il s'agit d'une attitude de rejet avec une nuance de supériorité, comme dans n un air méprisant
Ignorer, dédaigner, mais aussi critiquer, se détourner de, condamner, juger sans intérêt, déconsidérer.
Encore faut-il
que l'objet méprisé soit méprisable.
Il s'agit d'un rapport conditionné par une évaluation.
Priser, c'est estimer que quelque chose a du prix et, par voie
de conséquence, l'aimer, l'estimer.
Mépriser indique l'inverse : considérer que quelque chose est sans prix et, du
coup, le rejeter.
Or, une question se pose : qu'est-ce qui peut pousser à mépriser quelque chose ? Les critères du
mépris sont à mettre en évidence.
2.
Apparence : demandez-vous tout d'abord quels termes peuvent être associés à l'apparence : apparaître, paraître
; essence et apparence, être et paraître ; illusion.
Le sens commun laisse penser que les apparences sont
méprisables, qu'il faut s'en méfier, mais aussi l'inverse.
Par exemple, dans ces proverbes : « L'habit ne fait pas le
moine et La plume fait l'oiseau Voilà pourquoi les références à l'opinion courante doivent être mesurées...
Cependant, il n'est pas sans intérêt de partir d'une telle indétermination pour démarrer une argumentation.
Les
expressions courantes sont souvent riches, encore faut-il chercher ce qu'elles contiennent.
Philosophiquement,
même si l'illusion est une notion immédiatement appelée par le sujet, les contextes sont très variables et, devant un
tel sujet, il faut savoir penser à toutes les parties du programme.
C'est un sujet de synthèse.
En effet, l'homme est
confronté à l'apparence à de multiples niveaux : conscience, perception, jugement, désir, passion, existence,
connaissance, discours, vérité, action, art, morale et politique, philosophie.
Vous devez donc vous demander, notion
par notion, s'il n'y a pas un exemple qui mettrait en scène la question, afin d'élaborer des arguments.
Nous vous
proposons des éléments de réflexion permettant d'organiser et d'aborder les éléments essentiels du sujet.
À en juger par des expressions populaires bien connues : « L'habit ne fait pas le moine », « Tout ce qui brille n'est
pas d'or », l'apparence serait trompeuse, déceptive et source d'un mépris justifié.
Se demander s'il faut mépriser
l'apparence revient donc à définir son mode opératoire : l'apparence est-elle trompeuse, masque-t-elle la réalité ?
C'est à partir de l'analyse de l'apparence chez Platon que nous allons d'abord voir comment celle-ci possède un
statut ambivalent, tantôt masquant l'être, tantôt y donnant accès.
Nous verrons ensuite de quelle manière Hegel la
pense, notamment en remarquant que l'être, pour se révéler, doit apparaître.
Enfin, un détour par l'esthétique nous
fera nous demander si, bien que l'être doive apparaître, l'apparaître ne peut être conçu pour lui-même,
indépendamment de l'être.
I – Platon : les trois degrés de l'apparence
La philosophie de Platon prend appui sur la théorie des Idées.
Celles-ci sont des réalités intelligibles,
accessibles à l'intelligence, dont le monde sensible n'est qu'une copie.
Ainsi, un beau vase est tire sa beauté de
l'Idée de Beau ; une action juste sa justice de l'Idée de Juste, etc.
Dès lors, les apparences sensibles sont un point
d'appui pour l'intelligence en quête de vérité, qui cherche à déterminer ce que sont en soi les objets.
Prises en ellesmêmes, elles n'ont pas de valeur propre.
Toutefois, l'apparence sensible se trouve parfois redoublée d'une apparence trompeuse.
Ainsi, l'ouvrier qui
fabrique un lit se sert de l'Idée de lit dans son travail.
Le lit sensible renvoie naturellement à l'Idée.
Or, le peintre qui
reproduit tel lit sur sa toile ne fait que copier la copie d'un modèle qu'est l'Idée.
En ce sens, il nous éloigne d'un
degré supplémentaire des Idées, tandis que le lit sensible devait nous y ramener.
C'est en ce sens que l'apparence est tantôt (notamment dans l'Allégorie de la caverne) ce qui conduit au.
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