Faut-il faire confiance à l'Etat ?
Extrait du document
«
Les termes ‘faut-il' dans un sujet sous-entendent ‘peut-on' et ‘doit-on', il faut donc envisager aussi ces perspectives.
L'Etat
est une organisation institutionnelle qui doit représenter l'intérêt général.
Mais alors, comment est fait l'Etat ? Qui le
dirige ? Quel type de pouvoir exerce-t-il ? L'Etat est constitué par les hommes désireux de sortir de l'Etat de nature.
Le
chef de l'Etat choisi : le souverain, peut être une assemblée ou un homme seul.
Enfin, l'Etat possède un pouvoir souverain
démocratique, organisé sous forme de pouvoir et de contre-pouvoir, afin que le souverain ne devienne pas un tyran.
Il
existe donc au sein de l'Etat un pouvoir législatif, un pouvoir exécutif, et un pouvoir judiciaire.
Celui qui fait la loi, n'est donc
pas celui qui l'applique.
Mais les hommes ont-ils encore une part effective dans l'Etat, c'est-à-dire dans l'organisation
institutionnelle qui les gouverne ? En effet, si le peuple ne participe pas à cette organisation, alors il n'y est plus impliqué
et devient un simple spectateur du monde politique sur lequel (homme) s'appliquent les lois.
Dès lors l'homme n'étant plus
actif, mais passif, il se crée un nouveau rapport entre l'Etat et le peuple : un rapport relationnel.
Mais alors quelle est la
nature de cette relation ? Cette relation, pour éviter tout débordement doit être fondée sur la confiance.
Mais peut-on et
doit-on faire confiance à l'Etat ? Cette relation semble à double tranchant : si l'homme ne fait pas confiance, alors la paix et
toute l'organisation sociétaire sont menacées ; et dans le même temps si l'homme fait confiance à l'Etat, il court le risque
de se faire manipuler.
Comment donc la relation de l'Etat et du peuple peut-elle être basée sur la confiance, c'est-à-dire
sur un sentiment subjectif fragile dans lequel la certitude n'est jamais de mise ?
I.
Confiance : fondement de l'Etat.
Hobbes explique que l'Etat est fondé sur un pacte social, c'est-à-dire sur un échange
de confiance.
En effet, les hommes à l'état de nature sont dans la crainte perpétuelle
et ne peuvent pas assurer leur propre conservation.
Ils décident donc de former un
Etat sociétaire, dans lequel un Souverain Bien assurera leur conservation en échange
de quoi ils lui donneront tous leurs pouvoirs et tous leurs droits.
Ainsi ce sont les
hommes qui décident de fonder l'Etat par le moyen de la confiance.
C'est parce que je
te fais confiance pour que tu abandonnes tous tes droits et tous tes pouvoirs au
souverain que j'abandonne les miens.
Ainsi l'Etat repose sur la confiance que les
hommes éprouvent les uns pour les autres, mais aussi qu'ils éprouvent envers le
Souverain Bien.
Nous ne pouvons donc que faire confiance à l'Etat, puisque c'est
nous qui avons décidés de le fonder sur ce mode.
La question du ‘faut-il' ne peut
donc pas être posée pour Hobbes.
Pourtant, il semble bien parfois que l'Etat
outrepasse la confiance des hommes pour aller au-delà d'eux et les manipuler.
II.
Même l'Etat démocratique peut être manipulateur.
Tocqueville montre bien comment l'Etat démocratique ramollit l'homme et le modèle à
sa guise.
Ce sont les traits nouveaux du despotisme.
L'Etat abuse de ses pouvoirs,
illusionne les hommes et les manipule.
Comment fait-il cela au sein d'une
démocratie ? L'auteur nous montre que l'Etat abêtit les hommes en leur mettant des
œillères et en les éloignant de la réflexion : « il aime que les citoyens se réjouissent pourvu qu'ils ne pensent qu'à se
réjouir.
» Ainsi les hommes cherchent leur bonheur, et l'Etat les y aide ; il les aide aussi à le trouver, parce qu'en faisant
cela, les hommes n'envisagent que cette recherche et ne s'éveillent pas sur le reste.
L'Etat manipule donc les hommes au
point de décider ce à quoi ils doivent songer, et en les éloignant des pensées qui pourraient lui nuire.
Les hommes perdent
donc complètement au sein de l'Etat leur liberté sans s'en rendre compte, en ceci que l'Etat amoindrit de plus en plus le
libre arbitre en fermant leur champ de réflexion.
L'Etat démocratique peut agir ainsi, car il agit sous couvert de bonne
intention.
Ainsi les hommes font confiance à l'Etat car ce dernier les illusionne : il agit subtilement : il ne casse pas les
volontés, mais les amollit : « il ne tyrannise point, il gêne.
» Weber va plus loin en disant que l'Etat a le monopole de la
violence physique légitime.
Nous ne devons donc pas faire confiance à l'Etat, car il est manipulateur et nous y illusionne.
III.
Nécessité de trouver un nouveau rapport entre l'homme et l'Etat.
Il semble que pour sortir de cette aporie, il faille trouver un nouveau rapport, un nouveau lien qui unisse l'homme et l'Etat
au-delà de la relation subjective et fragile de confiance.
Il faut créer un Etat où l'homme n'est pas passif, mais est actif et
participe pleinement de ce gouvernement.
C'est Rousseau qui nous donne la constitution d'un tel Etat.
En effet pour
l'auteur, l'homme sort de l'état de nature car il a besoin d'autrui et doit donc réorganiser les relations qui l'unissent aux
autres.
Ainsi, il fonde la théorie du contrat social dans lequel chaque homme est partie intégrante de l'Etat.
Ainsi les
hommes s'unissent en se donnant à chacun.
L'homme est une partie du tout, comme la main est une partie du corps.
Les
hommes peuvent et doivent faire confiance à l'Etat, car l'Etat, c'est eux-mêmes.
Ainsi la question de la confiance ne se
pose plus car il n'y a plus deux sphères différentes, mais une seule au sein de laquelle l'homme et l'Etat sont une seule et
même chose.
L'homme fait ainsi confiance à l'Etat puisqu'il se fait confiance à lui-même.
Conclusion :
-
Nous ne pouvons que faire confiance à l'Etat, puisque sa fondation même nécessite la confiance.
Cependant, il semble que l'Etat profite de cette confiance pour manipuler l'homme et assoir son pouvoir.
Enfin, il faut penser un nouveau rapport de l'homme à l'Etat pour que la confiance soit sincère et solide : rapport
dans lequel l'association de tous les hommes fonde l'Etat.
L'homme ayant confiance en lui a, du même fait,
confiance en l'Etat..
»
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