Aide en Philo

Faut-il etre majeur pour etre libre?

Publié le 06/11/2024

Extrait du document

« « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent.

» Cette citation de Montesquieu met en évidence le lien entre liberté et législation, soulignant que la notion de liberté est souvent encadrée par des règles, des interdictions et des contraintes qui varient selon les contextes.

La liberté est un concept complexe qui peut être défini comme la capacité d'agir selon sa volonté, sans être soumis à des contraintes ou obligations extérieures.

On distingue donc deux grandes libertés : d'une part, la liberté d’action naturelle, qui correspond au pouvoir de faire tout ce que l’on souhaite sans limite ni contrainte, où le plus fort est le plus libre, car il dispose des plus grandes capacités ou pouvoirs.

D’autre part, la liberté civile, qui est le droit de faire tout ce qui n’est pas interdit par les lois, protégeant ainsi la liberté individuelle.

Cette liberté est qualitativement encadrée par le pouvoir collectif.

Dans notre société moderne, l’âge de la majorité légale, fixé à 18 ans dans de nombreux pays, représente un tournant décisif vers l’autonomie et l’accès à des droits civiques.

En effet, le terme "majorité" désigne, selon la définition juridique, l’âge à partir duquel un individu est juridiquement autonome et, par conséquent, responsable de ses actes.

Cette autonomie peut également être comprise comme la capacité d’user de son entendement librement, c’est-à-dire d’agir en toute indépendance, en étant synonyme de maturité.

Ainsi, atteindre la majorité semble, à première vue, être une condition nécessaire pour jouir pleinement de la liberté, puisqu'elle donne accès à une pluralité de droits conventionnels, soit des droits définis par les lois civiles (tel que le droit de vote).

Cependant, être majeur est-il synonyme de liberté totale ? Prenons l'exemple d'un jeune de 18 ans qui, bien qu'ayant le droit de vote, se trouve confronté à des pressions économiques et sociales qui limitent ses choix.

Par exemple, dans une société où le coût de la vie est en constante augmentation, un jeune adulte peut se sentir contraint d'accepter un emploi mal rémunéré pour subvenir à ses besoins, même si cela ne correspond pas à ses aspirations.

Cette situation soulève des enjeux complexes qui vont au-delà de la simple accession à l'âge légal.

En d'autres termes, la liberté est-elle véritablement liée à la majorité, ou existe-t-il des dimensions plus profondes et variées qui influencent notre expérience de la liberté ? Nous verrons dans un premier temps comment la majorité permet l'accès à une liberté civile et juridique.

Dans un second temps, en quoi un mineur peut-il également accéder à des libertés civiles et enfin, dans un troisième temps, en quoi la liberté peut-elle exister indépendamment de l’âge. Tout d’abord, comment la majorité permet-elle l'accès à une liberté civile et juridique ? La majorité légale représente une étape cruciale où l'individu commence à être considéré comme responsable sur le plan juridique et acquiert des droits supplémentaires.

Le premier de ces droits, et peut-être le plus symbolique, est le droit de vote.

À l'âge de 18 ans, un jeune adulte a la possibilité de voter et d'influencer directement les décisions politiques qui l'affectent.

Ce droit marque l’entrée dans la citoyenneté active et symbolise la liberté civile, qui, selon Jean-Jacques Rousseau, repose sur l'idée que « l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».

En votant, l’individu prend part à l’élaboration des lois auxquelles il sera soumis.

Participer à la vie politique est l'un des premiers indicateurs de la liberté conférée par la majorité, une liberté de choix au sein d’une société organisée. Devenir majeur ne signifie pas seulement avoir le droit de vote, mais aussi agir indépendamment, sans besoin de l'accord d'un adulte responsable, ce qui indique un véritable libre-arbitre.

À partir de 18 ans, un jeune adulte peut signer des contrats, comme un contrat de travail ou de location, sans nécessiter l’autorisation parentale.

Cette période marque une émancipation, permettant à chaque individu de faire des choix qui influenceront significativement sa vie personnelle.

Par exemple, un étudiant qui quitte le domicile familial pour vivre seul ou en colocation prend en main la gestion de sa vie quotidienne et de ses finances.

Agir sans tutelle est une facette cruciale de la liberté civile. De surcroît, la majorité permet aussi d’accéder à une autonomie financière.

À partir de 18 ans, un jeune adulte peut ouvrir un compte bancaire à son nom, gérer son budget et prendre des décisions économiques indépendantes.

Posséder une autonomie financière représente un aspect fondamental de la liberté, car cela permet à une personne de ne plus dépendre de ses parents.

Un étudiant qui travaille pour financer ses études ou épargner en vue d’un projet personnel acquiert une véritable liberté de décision.

Dans ce contexte, la citation de Fiodor Dostoïevski, tirée de son roman L'Idiot : « L'argent, c'est la liberté monnayée », illustre cette idée.

Elle souligne que l'argent permet d'acheter la liberté et d'ouvrir des possibilités.

Dans un système capitaliste, l'argent est fréquemment vu comme un symbole de liberté, offrant à chacun la possibilité de prendre le contrôle de son existence.

Cette idée met en avant que l'indépendance économique est cruciale pour jouir pleinement de sa liberté, car elle permet à chacun de poursuivre ses objectifs sans avoir à compter sur autrui. Cependant, la liberté civile associée à la majorité dépasse la simple faculté de faire des choix ; elle implique également des responsabilités importantes.

En effet, être majeur implique d'assumer les conséquences de ses actes, notamment devant la loi.

Un adulte qui commet un délit sera jugé et puni en tant que tel, alors qu'un mineur bénéficie d'une certaine protection juridique.

Dans son ouvrage Critique de la raison pratique, Kant souligne l'importance du lien entre la liberté et la responsabilité en affirmant que « la liberté est l’indépendance vis-à-vis des lois de la nature par l’autodétermination de la volonté ».

Cela signifie que la liberté n’est jamais absolue : elle est toujours conditionnée par des devoirs civiques et des obligations légales qui découlent de l’autonomie acquise à la majorité. Ainsi, bien que la majorité confère des droits civiques, une autonomie financière et des responsabilités légales, et donc une certaine liberté ; ces devoirs et obligations, qui encadrent la liberté, ne limitent-ils pas également cette liberté acquise à la majorité ? Etre-majeur ne serait alors pas une condition nécessaire pour être libre. Comme nous l'avons vu, même si la majorité autorise certaines libertés civiles supplémentaires pour les majeurs, les mineurs ne peuvent-ils pas également bénéficier de certaines libertés? (voire davantage?) Dès certains âges, les jeunes peuvent faire des démarches administratives de manière autonome, ce qui met en évidence une reconnaissance progressive de leur autorité.

Par exemple, à partir de l'âge de 13 ans, un jeune a la possibilité d'accepter ou de refuser son adoption simple ou plénière, ainsi que de modifier son prénom ou son nom, ce qui témoigne de la reconnaissance de la loi de leur capacité à prendre des décisions importantes en ce qui concerne leur identité.

À l'âge de 16 ans, ils ont la possibilité de se faire recenser, de demander un certificat de nationalité française et même d'obtenir leur émancipation.

Ces exemples montrent que, même en tant que mineurs, ils ont la possibilité de prendre des décisions qui impactent leur vie. En ce qui concerne les droits judiciaires, les jeunes peuvent également agir de manière autonome. Ils ont la possibilité de porter plainte à tout âge, de se renseigner sur leurs droits auprès d'une maison de justice et du droit, ou de recevoir une assistance juridictionnelle.

Par exemple, un mineur a la possibilité de se rendre en justice afin d'obtenir des conseils sur ses droits en tant qu'élève en cas de harcèlement scolaire.

La facilité d'accès démontre le désir de préserver les jeunes en leur donnant des moyens d'agir en cas de besoin, tout en mettant en évidence que la justice reconnaît leur aptitude à comprendre et à défendre leurs droits. En ce qui concerne les droits judiciaires, les jeunes peuvent également agir de manière autonome. Ils.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles