Faut-il être connaisseur pour apprécier une oeuvre d'art ?
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• Réflexion préparatoire (étude des termes de la question).
- Se cultiver, c'est se développer par l'instruction et l'exercice des potentialités que l'on a en soi, afin d'en
faire d'authentiques capacités.
En tout être humain, existe une diversité de potentialités.
Mais celles-ci ne
deviennent pas spontanément des capacités accomplies dans leur plénitude.
Qu'un tel accomplissement puisse
différer, en degré ou en nature, selon la singularité des individus, ne peut être opposé à la nécessité de la
culture, entendue ici au sens premier et essentiel de processus de développement et de formation - procédant
par sollicitation des dispositions naturelles.
- La capacité de jouir des oeuvres d'art, de saisir leur valeur, voire de les comparer, fait à l'évidence partie des
capacités propres à une humanité pleinement réalisée.
Apprécier une oeuvre, c'est à la fois la « goûter » (ce
qui relève du sens esthétique) et en situer tout l'apport dans une « expérience » esthétique plus vaste.
- Parler d'« oeuvres d'art », c'est se référer à un certain type d'objets produits, différents par exemple des
objets utilitaires - ou du moins répondant aussi à une finalité propre : la belle amphore conserve l'eau fraîche,
mais elle procure en outre un plaisir esthétique par l'harmonie de sa forme.
Si la production d'oeuvres d'art
répond à une finalité propre, n'est-ce pas en liaison avec la façon dont elle satisfait des exigences esthétiques
propres à l'homme ? Le beau artistique, selon l'affirmation de Hegel, est singulièrement différent du beau
naturel, en ce qu'il exprime sous forme sensible la richesse de l'esprit.
Au-delà d'un simple plaisir produit par
l'activité libre des sens, cette dimension spirituelle, tout en semblant se manifester spontanément, ne requiertelle pas, pour chaque être humain, le processus de la culture ? En ce sens, c'est par la culture que se mettrait
en place cette familiarité intime avec les oeuvres de l'esprit - et l'esprit ne serait pas autre chose que
l'humanité elle-même, parvenant à la conscience de ce qu'elle peut créer en s'affirmant.
• Mise en place du problème.
- Il est fréquent d'entendre affirmer le caractère purement spontané de la jouissance artistique - sans que l'on
sache si cette « spontanéité » requiert elle-même une certaine culture, ou si elle est vraiment saisie comme
capacité immédiatement constituée
d'apprécier les oeuvres d'art.
- Cette vision «spontanéiste » semble prendre appui sur l'aspect de liberté que revêtent la fréquentation des
oeuvres et la jouissance qui s'y attache « libre jeu des facultés » disait Kant à propos de l'émotion esthétique
et du jugement de goût qui en semble indissociable.
On peut alors imaginer que le seul désir de répéter une
émotion esthétique originaire - commun cependant à l'expérience des beautés naturelles et à celle des beautés
artistiques - peut conduire à une authentique « expérience artistique ».
- Mais la fréquentation des oeuvres, à elle seule, peut-elle suffire ? Si elle met en jeu une activité effective du
sujet qui les aborde, n'atteste-t-elle pas d'emblée un besoin de culture, qu'elle peut à sa manière satisfaire
partiellement, mais que tout aussi bien elle peut appeler, afin de prendre sens ? N'apprend-on pas à regarder
un tableau, à écouter une symphonie, à rendre signifiante l'architecture d'un monument ? Le statut de
l'éducation artistique dans la culture - mais aussi dans la recherche du bonheur comme accomplissement de soi
- se trouve ici mis en jeu.
Est-il nécessaire d'être cultivé, ou de le devenir, pour apprécier une oeuvre d'art ?
[Etendre ma connaissance de l'art
me permet de saisir avec plus de finesse la richesse,
les qualités d'une oeuvre.
C'est ainsi que le plaisir esthétique
peut atteindre a la plénitude.]
L'art exige un public qui soit apte le comprendre
Pour entrer dans l'univers de l'art, il faut pénétrer dans l'univers de chaque artiste et l'effort est toujours
refaire, car l'accès a l'un des univers ne nous dispense pas du travail nécessaire pour entrer dans l'autre.
Tout
artiste se révolterait à l'idée que son oeuvre soit réduite par un public inculte à un spectacle produisant des
impressions aussi subjectives que fausses.
Il faut donc récuser la subjectivité d'un amateur dont l'appréciation
serait réduite a l'alternative: j'aime ou je n'aime pas.
Il est indispensable, pour apprécier l'art, de savoir faire la
différence entre ce qui est beau et ce qui n'est qu'agréable..
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