Faut-il enterrer l'histoire ?
Extrait du document
«
Ici, on vous interroge sur la dimension prétendue oubliée et dépassée de l'histoire.
L'enterrement renvoie d'abord à
la mort, c'est-à-dire à la cessation de la vie, comme si l'histoire (en tant que savoir qui porte sur le passé de
l'humanité) ne présentait plus d'intérêt pour les vivants que nous sommes.
En effet, l'objet de l'histoire est le passé.
Or, le passé étant ce qui n'est plus, on pourrait considérer qu'il est inutile de revenir dessus.
On considère aussi
parfois qu'il faut enterrer l'histoire lorsque des événements qu'on raviverait n'auraient comme but que de faire
apparaître de nouvelles tensions.
Ainsi, lors de certains procès faits à des personnes 30 ou 40 ans après les
événements, on considère alors qu'il vaudrait mieux enterrer l'histoire.
On a pu, par exemple, en France, mettre de
côté une partie de l'histoire au nom de la réconciliation nationale.
En un sens, il est vrai que ce passé n'est plus,
qu'il est mort pour nous.
Mais l'attitude de l'historien n'est-il pas de refuser ce non-être ? S'intéresser à l'histoire,
c'est partir du principe qu'elle peut d'abord nous apprendre quelque chose et éclairer notre présent, mais c'est aussi
supposer que ce que nous sommes n'est que la continuité d'un temps qui nous précède et nous dépasse.
Car nous
nous inscrivons dans une tradition qu'il s'agit d'assumer sans vouloir nous livrer à un culte des morts, de l'inactuel et
de l'ancien.
En outre il ne s'agit peut-être pas simplement de l'attitude de l'historien.
Nous pouvons peut-être tous
être concernés par l'histoire.
Pensez par exemple à la notion de devoir de mémoire..
»
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