Faut-il donner une force absolue à la loi ?
Extrait du document
«
[La liberté n'est possible que dans une cité protégée de la décadence par un corps de lois stables qui assurent la permanence de
l'équilibre social.
L'autorité doit donc appartenir à la loi et à la loi seulement.
Nul ne doit l'enfreindre.]
Le but du législateur est d'assurer la permanence des lois
C'est une idée chère aux Grecs que tout ce qui devient est soumis à la corruption.
Il y a donc un danger permanent de décadence
qui menace la cité et risque de la faire passer de la monarchie à la tyrannie.
Or, seules les lois peuvent guérir la cité de la corruption
du devenir.
Il faut donc les mettre à l'abri de toute modification en les plaçant au-dessus de tout.
Tout doit être réglé afin d'empêcher la cité de déchoir
«En tout, sauf en ce qui est mal, il n'y a rien de plus périlleux que le changement» (Les Lois).
Il faut à tout prix fixer la cité,
l'empêcher de changer, la rendre conforme à son modèle d'une façon permanente et définitive.
Nous sommes plongés dans le
temps qui détruit et disloque toutes choses.
Le respect de la loi est notre seule garantie.
Il faut préserver la force de la loi
Il faut que personne ne fasse rien contre les lois, et que celui qui oserait aller contre elles soit puni par la mort.
Il ne faut jamais
rien faire contre la loi écrite qui protège la cité des égarements des gouvernants.
La meilleure des constitutions (la monarchie
éclairée) devient la plus pénible et la plus insupportable si le monarque se débarrasse des lois, et la démocratie devient la pire de
toutes si elle oublie la loi.
[Au-dessus de la loi, il y a la connaissance du vrai et du juste
qui doit garder le pouvoir de modifier les règles.
Les hommes
sont divers et leurs actions sont variées.
Aucune loi écrite ne
peut prendre en compte l'ensemble des cas particuliers.]
L'inviolabilité de la loi, c'est la mort de la sagesse
Affirmer que rien n'est au-dessus des lois écrites et que celles-ci sont définitives, c'est interdire toute recherche sur l'art de conduire
les hommes; c'est considérer que personne «ne doit être en rien plus savant que les règles établies».
Or, une telle loi serait la ruine
de tous les arts et la vie deviendrait absolument invivable.
Il y a donc quelque chose au-dessus des lois.
La loi ne peut pas prétendre tout connaître
La diversité qui existe entre les hommes et entre leurs actions est telle qu'aucune loi ne peut embrasser la totalité.
En effet, la loi
vise l'universel, ce en quoi elle manque le détail des réalités.
Il est donc nécessaire que quelqu'un interprète la loi pour l'adapter
non seulement aux cas particuliers, mais encore aux cas nouveaux que la loi ne pouvait pas avoir prévus.
La loi n'est pas le procédé de gouvernement le plus correct
L'important n'est pas que l'autorité s'appuie ou non sur une loi écrite, l'important n'est pas que l'autorité ait l'assentiment du
peuple, l'important, c'est que l'autorité ait la connaissance de la science politique.
Un médecin n'est pas moins médecin parce qu'il
nous soigne contre notre gré et en se passant de règles écrites.
II en est de même de l'autorité politique: elle doit se conformer à
un art plutôt qu'à des règles.
Tout le débat du Politique de Platon a pour objet de fonder l'efficacité de la législation et de l'art politique
sur la science la plus exacte possible.
C'est pourquoi il ne faut pas figer cette science dans le carcan d'un
système de lois écrites intangibles.
La loi doit pouvoir évoluer car «aucune chose humaine n'étant, pour
ainsi dire, jamais en repos, il n'y a place, dans aucun art et dans aucune matière, pour un absolu qui vaille
pour tous les cas et par tous les temps».
Si bien que ce n'est pas tellement à la loi qu'il importe de donner
la toute-puissance.
La science royale est celle qui doit commander à toutes les autres dans la mesure où
elle sait quelles sont les occasions favorables ou défavorables aux cités pour entreprendre une quelconque
action.
On peut donc comparer l'art royal à celui du tissage, c'est un art qui consiste à concilier les
contraires et à les tisser ensemble.
Le roi, au-dessus des lois écrites, est comme un tisserand qui doit
unir, dans un même tissu, des fils de couleurs et de qualités différentes..
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