Faut-il dire la science ou les sciences ?
Extrait du document
«
QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Remarquer que le libellé du sujet implique qu'il n'y a aucune expression totalement satisfaisante.
• Qu'est-ce qui peut amener à parler de la science ?
— l'interconnexion des sciences ?
— un « esprit » scientifique commun à l'ensemble des activités scientifiques ?
• Qu'est-ce qui peut conduire à refuser la légitimité de parler de la science ?
— Cette expression tend à faire croire — qu'on le veuille ou non — à une unité des activités scientifiques qui
apparaît singulièrement douteuse et par là même à orienter les recherches effectuées pour rendre compte de ces
activités vers des explications sans doute erronées.
— On peut se demander si la notion de « la science » n'est pas une notion « idéologique » se fondant sur la
problématique sujet-objet mise en cause très sérieusement dans un certain nombre de développements des histoires
des sciences récentes.
En particulier parler de la « science », d'un « esprit scientifique », n'est-ce pas concevoir qu'il est légitime de tenter
de définir des « critères de scientificité » (en général), faisant ainsi bon marché des processus réels par lesquels les
connaissances scientifiques sont produites des sciences instaurées ?
Cela ne renverrait-il pas l'essentiel des critères de scientificité vers le « psychologique » et le « moral »?
INDICATIONS DE LECTURE
• Sur l'histoire des sciences de Fichant (Maspero).
Citation p.
100 : « Une science ne naît pas de la définition d'un objet, ni de la rencontre d'un objet, ni de l'imposition
d'une méthode.
Elle naît de la constitution d'un corps de concepts, avec leurs règles de production...
Non seulement
des sciences différentes auront des formes différentes de devenir, mais au sein de l'unité nominale d'une même
science, des concepts ou des théories peuvent avoir des devenirs différents, des types de constitution ou de
formation qu'on ne peut ramener à un modèle unique.
»
Introduction.
— En fait de langage, c'est l'usage qui fait loi, dit-on, mais en précisant : le bon usage, c'est-à-dire
l'usage de ceux qui parlent bien.
Cette norme nous aidera à répondre à une question qui peut se poser lorsqu'on
aborde l'épistémologie : faut-il dire la science ou les sciences ? L'épistémologie doit-elle se définir : la philosophie de
la science ou bien la philosophie des sciences.
Consultons d'abord l'usage.
Nous tâcherons ensuite de déterminer où se trouve le bon usage.
1.
— ACCEPTIONS USUELLES
« Science » s'emploie au pluriel comme au singulier.
A.
Au pluriel.
— Il y a une faculté des sciences dans laquelle on étudie les sciences mathématiques, les sciences
physiques et les sciences naturelles.
La faculté de Droit est aussi la faculté des Sciences économiques.
Les
sciences humaines relèvent de la faculté connue jusqu'à ces dernières années par la simple dénomination de «
faculté des Lettres ».
On dit aussi « docteur ès sciences » (au pluriel), classe de « Sciences expérimentales »
(également au pluriel)...
Voilà la façon officielle de parler.
Le langage officiel ne fait que suivre l'usage commun.
On oppose couramment les élèves doués pour les sciences à
ceux qui ont plus de dispositions pour les lettres.
La méthode que Descartes expose dans son célèbre « Discours »
doit aider à chercher la vérité dans les sciences »...
B.
Au singulier, les emplois sont, sinon plus nombreux, du moins plus divers.
Signalons d'abord, bien que dans la question posée il s'agisse uniquement de « la science », que le terme se
construit également avec une » qui peut remplir deux fonctions grammaticales distinctes : article indéfini (traiter
une question avec une science consommée) ; adjectif numéral (la physique n'est plus une science, mais l'ensemble
de plusieurs sciences).
L'article défini, dans le cas actuel, n'a pas un emploi aussi universel qu'on pourrait le croire.
Alors qu'on dit : la
physique, la chimie, la biologie, on ne dit pas : la science physique, la science chimique, la science biologique.
On
dira bien : les mathématiques, la mathématique, les sciences mathématiques, mais non la science mathématique.
On parle des progrès de la science comme des progrès des sciences ; mais les deux termes ne sont pas, semble-t-il,
rigoureusement synonymes.
La nuance qui les distingue apparaîtra peut-être grâce à cette remarque : on étudie les
sciences, mais non la science.
Opposée aux sciences, la science c'est la connaissance, le savoir, l'instruction...
Il est plus classique d'opposer la science à l'art.
L'art a pour fonction de produire soit des choses utiles (l'art de
l'artisan), soit des oeuvres belles (l'art de l'artiste).
La science, elle, procure le savoir ou consiste dans ce savoir
même.
Mais l'art, lui aussi, comporte un savoir particulier, un savoir-faire.
: il y a une science du dialogue, de la
vente ; le peintre doit avoir la science des couleurs ; la femme d'un ministre, la science du monde...
Mais quand on parle des progrès de la science, d'un grand serviteur de la science, on ne songe pas à l'instruction,
au savoir individuel ou même collectif.
« La science » désigne alors l'ensemble des sciences particulières dont les.
»
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