Faut-il dire avec Paul Valéry que la conscience règne mais ne gouverne pas?
Extrait du document
«
La conscience règne sur la volonté
Je suis conscient de mon vouloir et de mes désirs.
Mais ce n'est pas ma conscience qui décide de vouloir telle
chose plutôt qu'une autre.
Elle peut tout au plus, si elle juge qu'il doit en être ainsi, interdire ou permettre la
réalisation de mes désirs.
En tout cas, elle ne les gouverne pas, pas plus qu'elle ne gouverne les causes
premières qui sont à l'origine d'un acte volontaire.
En effet, Hume montre à propos des passions que la conscience étant la faculté de raisonner, c'est-à-dire de
combiner logiquement des concepts ou des propositions, elle ne peut se prononcer que sur le vrai et le faux,
et non pas sur le bien et le mal: "Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une
égratignure de mon doigt."
La conscience n'est pas tout le psychisme
Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais
aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de
l'inconscient.
Il y aurait en nous un « réservoir » de forces et de désirs
(ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur
nous..
Pour le dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne
choisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans la
clarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le
contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison »,
il ne serait pas maître de lui.
Empruntons à Freud un exemple simple.
Un président de séance, à
l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je
déclare la séance ouverte ».
Personne ne peut se méprendre sur ses
sentiments ; il préférerait ne pas être là.
Mais ce désir (ne pas assister
au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la
politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.
Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement
en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et
qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.
Il y a donc conflit, au
sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normes
morales et un autre désir plus « gênant ».
Or, dans notre exemple, ce
second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à
s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ».
Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut
pas être là.
Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que
j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.
Or pour Freud le cas est exactement
identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré
par le sujet.
Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.
Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de
deux forces.
L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes
manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en
gros selon le même schéma.
L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois
extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs qui
bousculent et négligent ces règles.
Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait
conscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée,
déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif.
Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes
conscientes et morales que j'accepte.
« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai
pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même,
ce conflit, ce symptôme.
L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma
psyché) ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.
C'est ainsi qu'il faut comprendre notre
passage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre
maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en
dehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».
La plupart des choses qui se passent dans l'âme
échappent à la conscience.
Pour Freud, o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens :
• De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ;.
»
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