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Faut-il craindre le regard des autres ?

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« VOCABULAIRE: AUTRE / AUTRUI : 1) Comme Adjectif, différent, dissemblable.

2) comme Nom, toute conscience qui n'est pas moi.

3) Autrui: Tout homme par rapport à moi, alter ego: "Autrui, c'est l'autre, c'est-à-dire ce moi (ego) qui n'est pas moi (alter)." (Sartre).

Les autres hommes, mon prochain.

C'est à la fois l'autre et le même (mon semblable, un moi autre, une personne). Problématique: En quoi est-il nécessaire de craindre le regard d'autrui, suivant quelle obligation ? Quel est ce pouvoir que le regard d'autrui peut avoir sur nous ? Cette sentence (l'énoncé de départ a quelque chose d'excessif, comme une sentence) du regard d'autrui ressemble au "Jugement dernier", comme si une instance supérieure relevait tout ce que nous faisions.

C'est comme une peur religieuse, une manière de se contraindre à être le meilleur possible.

Il y aurait une sorte de contrainte morale à craindre le regard d'autrui.

Ce serait une nécessité bienfaisante.

D'autre part, ce regard peut être en lui-même destructeur, par son jugement sur ce que nous montrons de nous.

En cela le regard est à craindre, mais il y aurait une nécessité à ne pas se laisser contraindre par lui.

Craindre le regard d'autrui ne relève-t-il pas d'une aliénation, de la paranoïa ? On peut craindre quelque chose ou quelqu'un sans se laisser imposer par lui.

Autrui ne peut nous juger par le regard que pour ce qui est extérieur ; il est réducteur de ce que nous sommes.

Le pouvoir du regard d'autrui doit être relativisé.

De plus, pourquoi se préserver alors qu'un regard en soi-même n'a rien de redoutable ? Le regard d'autrui est d'ailleurs la première façon pour l'enfant de se sentir exister, par les yeux de sa mère (selon Lacan, ce "stade du miroir" est nécessaire à une bonne évolution, à une bonne intégration de l'enfant).

Le pouvoir constructeur du regard permet de penser une nécessité vitale au lieu d'un danger destructeur. Ce sujet concentre en lui toute la problématique du difficile rapport du "moi" aux autres.

Que sont les autres pour moi ? A quel titre existent-ils pour moi, et à quel titre existé-je pour eux ? Les relations à autrui sont-elles condamnées au conflit et au défi ? Ce regard d'autrui qui me jauge et me juge n'est-il pas une menace pour ma liberté ? Mais au-delà du regard, il y a le visage d'autrui qui loin de me réifier me permet un contact éthique avec lui. Introduction: Victor Hugo, dans "La légende des siècles", écrivait: "L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn".

Or, Caïn, c'est vous, c'est moi, c'est nous.

Et, ce regard inquisiteur est au-delà du voir, bien plus il nous donne à voir notre honte, notre nullité; ou à l'inverse, notre magnanimité, notre excellence.

Il est le lien de l'autre à moi.

Par lui, j'ai affaire directement à l'altérité. Alors, faut-il craindre le regard des autres? S'il y a largement de quoi donner un sens psychologique à ce sujet le nourrir de nos expériences quotidiennes, il prend un sens philosophique quand on s'avise que par le regard, c'est l'être même du sujet que je suis, c'est ma subjectivité qui perd quelque chose de sa certitude.

Que suis-je pour l'autre? Un être doué des mêmes attributs? Un objet? Doit-on craindre de voir toutes les défenses que l'on se construit péniblement céder sous cette subite intrusion de l'autre au plus intime de soi-même? Angles d'analyse · Eléments de définition ® Autrui = Au sens général, c'est l'autre comme moi qui n'est pas moi, comme corrélatif du moi. - Chez Rousseau = Autrui désigne mon semblable, c'est-à-dire tout être qui vit et qui souffre, avec lequel je m'identifie dans l'expérience privilégiée de la pitié (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes). - Chez Hegel = Autrui, donnée irrécusable comme existence sociale et historique, est, dans une relation intersubjective, constitutif de chaque conscience dans son surgissement même.

Il se définit comme désir, non pas simple désir d'objet mais désir de désir, désir d'être reconnu.

D'où la « lutte à mort » pour la reconnaissance où les consciences ne se constituent et ne se reconnaissent que dans cette relation conflictuelle (Maître et esclave – dialectique). - Chez Husserl = Autrui est l'autre que moi, donné non comme objet autre mais comme alter ego.

L'expérience d'autrui est celle d'une « intercorporéité » : la comprésence de ma conscience et de mon corps se prolonge dans la comprésence d'autrui et de moi (Méditations cartésiennes). - Chez Heidegger = l' « être-avec-autrui » est une expérience originelle, celle de l' « l'être-avec », la découverte de notre humanité (Etre et Temps). - Chez Sartre = Autrui désigne ce moi-même dont rien ne me sépare si ce n'est. »

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