Faut-il condamner le progrès ?
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Enfin, nous, Occidentaux du XXIe siècle, à présent que nous prenons conscience des méfaits du progrès après avoir trop longtemps joué les apprentis sorciers, sommes prompts à faire la « morale » aux autres pays que nous jugeons particulièrement pollueurs, à leur prêcher un moratoire. Comment, nous qui avons joui de tous ces biens, pourrions-nous empêcher les pays émergents d'en profiter à leur tour ?
Le mal vient du fait que les hommes n'ont pas su gérer le progrès. Plutôt que de le maudire, il faudrait réfléchir à des solutions. Rabelais en son temps disait déjà : « Sciences sans conscience ne sont que ruine de l'âme ». Rappelons pour mémoire ce que les nazis ont pu faire sans conscience, en allant toujours plus loin dans les recherches sur la génétique (stérilisation massive des êtres génétiquement « inférieurs », tortures, génocides…). L'eugénisme, dérive perverse d'une science extraordinaire, nous montre combien la conscience est importante dans ces contextes particuliers.
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Au XXe siècle, après deux guerres mondiales, après la bombe atomique dont Camus s'effraie dans Combat, avec les
menaces climatiques qui pèsent sur l'avenir de la planète, la confiance que les hommes mettaient dans le progrès
depuis le XVIIIe siècle n'a cessé de décliner.
Faut-il donc « condamner » le progrès ? Nous sommes enclins à le
faire.
Démarche absurde, déraisonnable, déclare Georges Friedmann.
De fait qu'est-ce qui peut nous conduire, à
l'heure actuelle, à accorder des circonstances atténuantes au progrès ?
Si nous regardons notre manière de vivre, il semble effectivement insensé de vouloir signer l'arrêt de mort du
progrès.
Nous sommes tellement habitués à nos biens de consommation, à notre confort, à la rapidité des
déplacements et des communications, que nous ne supporterions plus qu'on nous prive de tous ces bienfaits du
progrès et qu'au contraire nous en demandons toujours plus.
Rappelons-nous, malgré tout, que dans la Grèce
Antique, la notion de progrès, apparentée à la notion même d'hybris, était condamnée lourdement, considérée
comme un crime.
Le mythe d'Icare peut en être une illustration parfaite.
Dédale, captif de Minos, n'a de cesse de
vouloir s'enfuir afin de retrouver sa terre natale.
Il conçoit des techniques nouvelles afin de construire pour lui et
son fils des ailes de cire et quitter l'île qui les retient prisonniers.
Ces fameuses ailes se présentent contre nature.
Dédale incarne ainsi l'homme, qui par ses audaces et sa créativité, défie en quelque sorte les Dieux, se prenant luimême pour un dieu, ou un oiseau.
Le fameux adage pan metron (de la mesure en toute chose) s'en trouve ici
bafoué.
Dédale et Icare seront punis, la vengeance des Dieux ne se fera pas attendre (ce qu'on nomme la némésis).
Cependant il est dans la nature de l'être humain depuis l'âge de pierre jusqu'à nos jours de développer la
technologie pour avoir de « nouveaux jouets », pour découvrir mieux la terre et même l'univers, approfondir ses
connaissances, pour améliorer sa vie, c'est la définition même du mot « progrès ».
Roy Lewis, dans son roman
Pourquoi j'ai mangé mon père, représente à merveille cette notion qu'incarne son personnage central Edouard.
Audacieux, prêt à tout pour faire des pithécanthropes une race dominante, il ne manque pas une occasion de louer
les progrès, d'envisager les conséquences heureuses sur l'humanité.
Dès le 1er chapitre, la thèse d'Edouard est
claire : l'homme doit aller de l'avant, l'homme doit innover et le progrès est une bonne chose.
Et d'ailleurs, il oppose
à Vania des arguments-choc lors de leur discussion au sujet du feu, et nous rappelle que le feu offre des possibilités
prodigieuses.
Enfin, nous, Occidentaux du XXIe siècle, à présent que nous prenons conscience des méfaits du progrès
après avoir trop longtemps joué les apprentis sorciers, sommes prompts à faire la « morale » aux autres pays que
nous jugeons particulièrement pollueurs, à leur prêcher un moratoire.
Comment, nous qui avons joui de tous ces
biens, pourrions-nous empêcher les pays émergents d'en profiter à leur tour ?
Le mal vient du fait que les hommes n'ont pas su gérer le progrès.
Plutôt que de le maudire, il faudrait
réfléchir à des solutions.
Rabelais en son temps disait déjà : « Sciences sans conscience ne sont que ruine de
l'âme ».
Rappelons pour mémoire ce que les nazis ont pu faire sans conscience, en allant toujours plus loin dans les
recherches sur la génétique (stérilisation massive des êtres génétiquement « inférieurs », tortures, génocides…).
L'eugénisme, dérive perverse d'une science extraordinaire, nous montre combien la conscience est importante dans
ces contextes particuliers.
Des espoirs se profilent.
On peut espérer que la raison l'emporte, que par exemple, les accords de Kyoto
soient respectés, que toutes les nations y souscrivent pour réduire les effets négatifs des nouvelles technologies
sur notre planète et ses habitants.
La notion de développement durable née en 1986, montre que l'on s'inquiète à juste titre du devenir de notre
planète.
Le fils d' Al Gore, Une vérité qui dérange a eu un grand retentissement, il invite tous les spectateurs à
apprendre comment ils peuvent se mobiliser pour essayer de sauver la planète des conséquences du réchauffement
climatique.
Eduquer les nouvelles générations, montrer que chacun peut à son niveau œuvrer pour un progrès maîtrisé
est une entreprise de longue haleine.
Ainsi, je trie mes déchets, j'économise l'eau et le chauffage, je ne possède ni
sèche-linge, ni machine à laver la vaisselle, j'ai une voiture « propre », j'utilise les transports en commun chaque fois
que c'est possible.
Le défi est immense et chacun doit se sentir concerné.
Il n'est pas question de s'en remettre
toujours aux politiques même si effectivement leur responsabilité est grande.
D'ailleurs, ce thème s'est invité dans la campagne électorale de 2007 où les candidats ont été amenés à
adhérer au Pacte écologique de Nicolas Hulot et à s'engager à le faire respecter.
Aujourd'hui le Grenelle de
l'environnement est plus que jamais à l'ordre du jour.
Ainsi, nous nous sentons tous de plus en plus concernés par
cet immense débat sur les risques inhérents aux progrès, et surtout, interpellés sur les solutions à trouver pour la
pérennisation de l'humanité.
« On n'arrête pas le progrès », l'expression est familière mais exacte.
Trop d'intérêts sont en jeu et ils nous
dépassent.
Mais la réflexion est nécessaire, ce thème nous concerne tous, il en va de l'avenir des futures
générations.
Chacun en est bien conscient..
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