Faut-il combattre nos désirs?
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((Note : je n'ai pas abordé dans le sujet même la différenciation entre désir et passion, il peut être interessant de la
préciser
Le "faut-il" de la question prend la forme d'une interrogation morale)).
Introduction
Recherche d'un objet (que l'on suppose) de satisfaction, le désir est une notion qui peut paraître contradictoire.
En
effet, il se trouve à égale distance du plaisir immédiat que l'on ressent quand on y répond, et de la souffrance que
l'on éprouve si on ne peut le satisfaire.
Dans cette perspective, il semble naturel de penser que celui qui recherche
le bien-être tende vers la pleine satisfaction de tous ses désirs.
Cependant, une telle quète ne mène-t-elle pas un
homme vers sa propre destruction - ou du moins vers une certaine forme d'aliénation ? En effet, la satisfaction des
désirs peut-elle mener vers autre chose que le désir ? Alors faut-il "combattre" nos désirs, est-ce là le prix de la
liberté, ou du bonheur ? La question ne semble pas pouvoir être tranchée de la sorte : en effet, si l'homme refuse de
satisfaire le moindre de ses désirs, ne va t-il pas se laisser aller à l'inaction, à la paresse ? Le désir semble être le
moteur des plus grandes réalisations de l'homme.
L'homme n'aurait jamais posé le pied sur la lune en 1969 si il n'avait
laissé libre court à ses désirs.
Nous interrogerons dans une première partie la nature double du désir, puis nous
examinerons de plus près la question (qui prend la forme d'un impératif moral) : s'il ne faut pas "combattre" ses
désirs, il ne s'agit certainement pas de s'y abandonner...
1/ La nature du désir
Dans cette partie, nous essayerons de montrer ce qu'est le désir, en montrant ce qu'il n'est pas.
- Le désir n'est pas le besoin.
On associe souvent le besoin et le désir.
Mais cette association n'est vraie que dans une certaine mesure.
En effet,
le désir peut naître du besoin : j'ai besoin d'un habit pour me protéger du froid, donc je vais désirer obtenir un habit.
Cependant, comment justifier que je puisse désirer un habit d'une certaine couleur, répondant à une certaine
tendance de mode, satisfaisant un certain type d'esthétique ? Le besoin est un état du corps ou de l'esprit : j'ai
faim, j'ai soif, j'ai donc besoin d'eau ou de nourriture.
Mais le désir s'apparente plus à une tendance qu'à un état : je
vais agir en vue d'obtenir tel ou tel objet, en attendant de lui qu'il me satisfasse.
Le besoin est à lier à la notion de
nécessité, ce qui n'est pas le cas du désir.
- Le désir n'est pas l'instinct.
L'instinct est inné, il fait partie de l'homme en tant qu'individu appartenant à l'espèce humaine.
On pourrait penser
que l'instinct, enfoui sous des millénaires d'évolution, ne s'exprime plus qu'inconsciemment à travers les désirs, qui
ne seraient alors que la manifestation indirecte de l'instinct.
Prenons l'exemple de l'instinct de survie, qui est
l'instinct premier, partagé par tous les individus de l'espèce humaine.
Il est aisé de trouver des désirs qui vont
contre cet instinct : par exemple, certaines personnes désirent plus que tout froler la mort, par des activités
extrèmes, et ne peuvent s'empècher de désirer le danger.
Cet exemple met parfaitement en lumière ceci : l'instinct
et le désir sont deux tendances différentes et distinctes de l'homme.
- Le désir n'est pas le volonté.
La volonté est une faculté consciente : je sais pourquoi je veux quelque chose, car c'est moi qui le décide.
Or on ne
décide pas de tous ses désirs.
Le désir semble même parfois naître d'une influence extérieure : exemple, les
tendances de mode, les habitudes sociétales, etc.
- Le désir semble lié à l'homme.
Dès l'enfance, l'homme se met à désirer.
Et, à moins de nier sa propre nature, jusqu'à sa mort l'homme sera traversé
par cette projection qu'est le désir.
Selon Spinoza, le désir est l'essence de l'homme.
Transition :
Mais que faire de ce désir, dont il semble impossible de se débarasser ? Il faut alors se poser la question que cache
celle posée par le sujet : combler ses désirs peut-il amener au bonheur, qui devrait être ce vers quoi tout homme
doit essayer de tendre.
Que "faut-il" faire de nos désirs ?
2/ La satisfaction totale des désirs peut-elle mener au bonheur ?
- Quel est l'objet du désir ? La nature double du désir
Si un individu désire obtenir un certain bijou, est-ce vraiment le bijou qui est l'objet du désir ? Ou bien est-ce le
plaisir de la satisfaction du désir qui est recherché ? Ou bien encore autre chose ?
On ne désire que ce que l'on a pas, le désir est essentiellement issu d'un manque.
Comblant ce manque, l'individu qui
répond à ses désir ressent de la satisfaction.
Mais cette satisfaction, liée au désir comblé, disparait aussi vite qu'elle
est apparue.
Nous remarquons dans la vie de tous les jours que l'homme va de désirs comblés en désirs frustrés,
qu'il va de satisfactions en souffrances.
Le désir, et la souffrance qui l'accompagne, n'ont pas de fin.
Le désir est-il
donc vraiment ...
désirable ?
- Le désir immodéré ne peut amener le bonheur, ni la liberté.
Picsou (désolé pour l'exemple un peu niais !) n'est ni.
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