Faut-il chercher en toute chose l'efficacité ?
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«
Introduction :
L'efficacité se définit comme l'obtention d'un résultant avec le plus de rendement possible.
Plus
exactement, il s'agit de maximiser les profits en minimisant la dépense.
L'efficacité est alors essentiellement un
concept économique.
Elle a un but d'utilité, une certaine valeur technicienne.
Elle permet alors une rationalisation
des moyens en vue de la fin.
Or si le travail semble effectivement être la recherche de l'efficacité qu'en est-il des
autres domaines ? En effet, en art, il semble difficile de voir une efficacité.
Pourtant, le génie n'est-il pas justement
aimé et vénéré justement pour l'efficacité de son geste relevant quasi du divin.
Mais le « faut-il » de la question
n'implique-t-il pas aussi une valeur éthique, c'est-à-dire s'interroger sur la portée de cette cherche : est-ce un
impératif ? Il s'agira donc de s'interroger sur le sens, la valeur et le fondement de cette efficacité.
Si dans un approche définitionnelle l'efficacité apparaît comme un modèle de rigueur, de méthode et d'utilité
(1ère partie), il n'en demeure pas moins que « tout » ne saurait s'appliquer à cet impératif (2 nd partie) et nécessite
alors une éthique subordonnant l'efficacité (3ème partie).
I – L'efficacité comme modèle et méthode
a) Les développements de la technologie mais aussi le développement historique de société avec l'avènement du
capitalisme semble mettre en exergue la volonté de rationaliser, de rentabilité, c'est-à-dire de la maximiser l'emploi
d'une chose ou d'une personne.
C'est notamment ce que l'on a pu voir à l'œuvre avec le Fordisme c'est le travail à
la chaîne dans les usines de montage et d'assemblage ; donc une parcellisation et une rationalisation du travail.
D'une certaine manière, on peut dire que cela repose sur une division du travail telle qu'on peut la comprendre dans
la Division du travail social chez Durkheim.
En effet, chaque individu est doué de capacités différentes des autres
individus dont il faut tirer un maximum de profit.
Dans le cas des ouvriers, la force de travail est leur seul objet.
L'efficacité se comprend alors comme utilisation maximale d'une potentialité.
D'une certaine manière c'est le principe
de rentabilité qui est à l'œuvre ici.
Or c'est bien ce que l'on pouvait observer d'une certaine manière dans la création
de la société chez Platon dans la République.
En effet, la division des tâches a pour but de reconnaître des vertus
techniques de chacun.
Dès lors l'efficacité suit cette logique et en constitue le prolongement.
b) Bien plus, si l'efficacité semble devoir être recherché en toute chose, c'est bien parce qu'elle est une
rationalisation par excellence.
Dès lors l'efficacité prend son sens dans la définition d'une méthode comme
maximisation de son objet.
En effet, l'efficacité recherche à éviter l'inutile, c'est-à-dire la perte de temps ou la
dépense inutile, futile, qui n'est pas féconde.
C'est bien en ce sens que l'on peut comprendre le recours à la
méthode notamment telle que la présente Descartes dans le Discours de la méthode.
Les quatre règles
fondamentales qui permettent de maîtrise le discours et d'atteindre la vérité dans les sciences sont : de ne recevoir
pour vrai que ce que je connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire d'éviter la précipitation et la prévention ; de
diviser chacune des difficultés ; de conduire par ordre dans la pensée les objets du plus simple au plus compliqué ;
de faire attention de ne rien omettre.
c) Mais surtout, si l'efficacité est à recherche en toute chose c'est bien parce qu'elle est un des principes mêmes la
nature et de l'esprit.
De la nature tout d'abord et en premier lieu suivant le principe d'une nature économique comme
le reprend Kant dans les Conjectures sur les débuts de l'histoire de l'humanité reprenant le précepte scholastique
suivant lequel la nature ne fait pas de saut, rien en vain et avec le minimum, permettant même à Ion Eslter dans
Leibniz et la formation de l'esprit capitaliste de voir dans cette doctrine l'émergence du libéralisme occidentale.
et
rasoir, Leibniz entrepreneur divin.
D'un autre côté, c'est aussi l'un des principes de la raison comme le développe
Kant dans la Critique la raison pure, en reprenant ce que la tradition appelle le « rasoir d'Occam » qu'il ne faut pas
multiplier les êtres sans nécessités.
Les hypostases sont à bannir.
Par ailleurs, Kant développait ce point déjà dans
la Dissertation de 1770.
Dès la recherche d'efficacité est aussi ce que l'on appelle la systématicité, c'est-à-dire la
fermeture et la circularité d'un ensemble : l'absence de rupture et la cohérence à moindre coup.
d) Est-ce à dire alors aussi que nous avons un certain plaisir à l'efficacité ? C'est bien ce que semble indiquer dans
un premier temps avant de le critiquer Nietzsche à propos du génie dans Humain, trop Humain,« De l'âme des
artistes et des écrivains ».
En effet, ce qui nous plaît dans le travail du génie quelque soit sa matière, c'est la
facilité, l'efficacité de ses gestes : une création quasi divine, ex nihilo qui n'a pas besoin de se faire et se de refaire,
de travailler longtemps.
Le génie est le paradigme de l'efficacité.
Il n'est pas laborieux ; il est simplement doué.
Or
c'est bien en ce sens que se développe encore les techniques puisqu'elles ont pour but de perfectionner un
mouvement, un geste afin de le rendre sûr, plus souple c'est-à-dire plus utile et plus simplement efficace.
Dès lors
l'efficacité laisse place à une ère de la technicisation.
Transition :
Ainsi il semble que nous ayons effectivement tendance à recherche l'efficacité en toute chose et cela à la lumière
d'une nature et d'un esprit eux-mêmes suivant un principe d'efficacité.
La rationalisation serait alors un principe
quasi ontologique.
L'efficacité, paradigme technique, dont le génie est le symbole montrerait alors le but et l'idéal en
chaque chose, c'est-à-dire la productivité, la rentabilité et l'utilité.
Pourtant, cette exacerbation de l'utilité n'a-telle pas des limites ?
II – Limites d'un monde de l'efficacité.
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