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Faut-il avoir peur de l'avenir ?

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« Vocabulaire: AVENIR: Le temps à venir, le futur, cette partie du temps qui n'est pas encore. OBJET (n.

m., étym.

: latin ob-jectum : ce qui est placé devant ; chose).

1.

— Tout ce qui est présenté par la perception, avec un caractère stable et indépendant du sujet (objet externe) ; pour la phénoménologie, l'objet est déterminé par la visée de la conscience (cf.

sens 3).

2.

— Tout ce qui se présente à un sujet, s'offre à la pensée, et qui est distinct de l'acte de représentation ou du sentiment (donc du sujet), c.-à-d.

aussi bien le percept, l'image, l'idée, que l'objet externe ou la personne aimée.

3.

— Le but qu'on se propose d'atteindre (cf.

un objectif). POUR DÉMARRER La dimension future du temps, la suite des événements qui ne se sont pas encore produits, mais doivent advenir, sont-ils nécessairement et obligatoirement pensés comme source d'une appréhension, d'un sentiment par lequel nous les considérons comme dangereux, nuisibles, etc ? C'est en réalité sur notre attitude vis-à-vis de l'existence que ce sujet nous interroge en profondeur.

Plus que la crainte, l'avenir doit susciter en nous l'angoisse. CONSEILS PRATIQUES Définissez avec précision tous les termes.

N'oubliez pas que la crainte porte sur un sujet précis, comme la mort par exemple, alors que l'avenir (qui contient cette mort) est cependant, par principe, le champ des incertitudes, dans lequel peuvent s'exercer ma liberté et s'inscrire mes projets.

L'avenir ne doit pas être objet de crainte, mais d'angoisse liée aux possibles et aux projets. BIBLIOGRAPHIE Ferdinand A LOUIÉ, Le désir d'éternité, PUF. HEIDEGGER, Être et Temps, NRF-Gallimard.

(Lire les parties sur la mort.) J.-P.

SA RTRE, L'Être et le Néant, T el-Gallimard. (L'élève lira les parties consacrées à la temporalité et à l'angoisse.) SP I N O Z A , Éthique, Livres III et IV , Garnier-Flammarion. I - QUELLE ANALYSE POUR CE SUJET ? L'avenir n'est pas encore et, en tant que tel, est incertain.

Il est l'avenir des possibles, avenir contingent, marqué au sceau du hasard et de l'accident.

Il y a donc lieu, évidemment, de le craindre. Pourtant, pour être fondée, cette crainte ne peut, sans devenir passionnelle, occulter l'espoir et l'attente de l'avenir qui, s'il peut être du pire peut tout autant nous apporter le meilleur. A ussi, loin de devoir redouter stérilement l'avenir, faut-il plutôt exploiter l'ouverture au bonheur, à la liberté, qu'offre sa contingence. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE. A - L'ERREUR DE MOLIÈRE : L'HUMANITÉ D'HARPAGON. Dans l' A vare , Molière dresse un portrait sans indulgence d'Harpagon incarnant la passion de l'avarice présentée par le dramaturge comme tout à fait honteuse.

Harpagon est tellement avare qu'il serait "le moins humain des humains parmi tous les humains". L'avarice exprime donc la perte, l'aliénation de l'humanité.

L'avare, en tant que tel, n'est plus un homme. C ette vision, disons le tout net, nous paraît sinon courte du moins naïve.

C ar enfin, qu'y a-t-il, en vérité, de plus humain que l'avarice ? Et comment caractériser Harpagon sinon comme le plus humain des humains parmi tous les humains ? Expliquons-nous. L'avarice d'Harpagon, selon nous, exprime la conscience humaine du temps et de sa contingence.

Harpagon, parce qu'il est un homme, sait qu'il est mortel et que l'avenir n'est pas certain.

C 'est pour cette raison qu'il le craint et parce qu'il le craint qu'il amasse biens et richesses. Son avarice, qui se fonde dans la conscience de la finitude, est donc, parce que seul l'homme peut se représenter sa condition temporelle, tout à fait humaine. Bien sûr, chez Harpagon, cette crainte est passionnelle, comme nous allons le voir maintenant. B - ENTRE CRAINTE ET FRAYEUR : UNE JUSTE APPRÉHENSION. S'il est légitime, pour les raisons déjà évoquées, de craindre l'avenir, il ne l'est pas moins de mesurer cette crainte, et ce pour plusieurs raisons. Si tout n'est pas déjà écrit, on ne voit pas pourquoi l'avenir nous réserverait forcément davantage de souffrance et de malheur que de joie et de bonheur. L'incertitude de l'avenir doit donc décourager le pessimisme. Deuxièmement, que le futur soit essentiellement le possible entraîne que, pratiquement, tout, et donc aussi le bonheur, est encore possible. Il faut donc moins craindre l'avenir qu'y voir le théâtre de notre liberté et travailler à le construire. A joutons encore que la crainte passionnelle de l'avenir, non seulement ne nous permet pas de nous prémunir contre l'infortune, mais de surcroît nous interdit de vivre notre présent. III - LES REFERENCES UTILES. É P I C T È T E, Manuel. BERGSON, La conscience et la vie. É P I C URE, Lettre à Ménécée. MOLIÈRE, L'avare. IV - LES FAUSSES PISTES. Il fallait ici analyser précisément le problème et ne pas perdre de vue que si la crainte peut être vaine et stérile, elle peut aussi se révéler constructive et manifester une vertu : la prudence. De la même façon, il fallait élaborer une analyse du temps mesurée, c'est-à-dire préservée de l'illusion, et du fatalisme, et de la contingence absolue.. »

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