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Faut-il avoir peur de la philosophie ?

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« Introduction : Bien définir les termes du sujet : - « P eur » : phénomène psychologique à caractère affectif marqué, qui accompagne la prise de conscience d'un danger réel ou imaginé, d'une menace. (Robert) - « P hilosophie » : traditionnellement recherche de la sagesse, c'est une recherche rationnelle, ou un système de réflexion critique sur les problèmes humains de la connaissance et de l'action. C onstruction de la problématique : Le sujet pose la question de savoir s'il ‘'faut'’ avoir peur de la philosophie, autrement dit si cela est légitime, s'il existe des raisons objectives et rationnelles qui doivent nous faire considérer la philosophie comme dangereuse.

C e qui est étrange, c'est que la question ne se pose jamais à propos des autres disciplines comme les mathématiques ou la littérature.

Il ne s'agit pas ici de définir la philosophie, mais d'étudier le rapport que nous entretenons avec elle. è Se pose donc la question de savoir pour quelles raisons la philosophie pourrait nous faire peur, et est-ce que cela est légitime. Plan : I/ La philosophie, une discipline comme les autres : ● Il semble étrange que la philosophie puisse nous faire peur.

En effet, sous un certain point de vue, cette discipline n'est pas rée llement diffé rente des autres en ce qu'elle nous apprend aussi à connaître un peu mieux le monde, et nous y guide. ● C 'e st c e q u'e xplique nt certains philosophes comme Epictète ou A ristote.

En e ffet, selon eux, la philosophie est avant tout une science qui permet de mieux connaître le réel, et un moyen de parvenir à la sagesse.

Autrement dit, c'est un savoir pratique qui cherche à faire connaître à l'homme le monde dans lequel il vit, et les meilleurs moyens pour s'y adapter.

A insi, Epictète cherche à faire en sorte que « jamais personne ne te forcera de faire ce que tu ne veux point, ni ne t'empêchera de faire ce que tu veux.

» Manuel. ● C ette philosophie est donc avant to ut p ratique, e lle donne de s rè gle s d e v ie individuelle ou co llective, cf.

La politique d'A ristote qui explique quelle est la meilleure manière de vivre en communauté, et sous quel régime politique. Dans ce cas, la philosophie ne fait pas peur puisqu'au contraire elle rassure, donne des principes, et cherche à rendre l'inconnu connu. II/ La peur de la philosophie, une marque de sa ‘'concrétude'’ : ● Mais cette manière de philosopher correspond surto ut à la période antique , qui ne fa it pas rée llement la distinction entre la connaissance scientifique du réel, et le questionnement philosophique sur l'être, la raison de son existence, et la place qu'il tient dans le monde.

A insi, si la philosophie fait peur, c'est que ce qu'elle dévoile nous touche directement. ● En effe t, la peur est un sentiment que nous ép rouvons lorsque quelq ue chose nous menace .

A utrement dit , la peur a un objet déterminé, elle porte sur quelque chose d'extérieur ou distant à moi, il ne faut pas la confondre avec l'angoisse : « l'angoisse se distingue de la peur d'être au monde par ceci que la peur est peur des êtres au monde et que l'angoisse et angoisse devant moi » Sartre.

A utrement dit, c'est de l'objet philosophie que nous aurions peur.

Reste à savoir pourquoi ; autrement dit, en quoi la philosophie est dangereuse, en quoi pouvons nous nous sentir menacés par la philosophie, et est-ce que cela est légitime ? ● Il s emb lerait que ce ne so it pas la philo sophie en tant que telle q ui puisse pos er problème, mais ce qu'elle dév oile, ce qu'elle nous pousse à penser.

Si nous en avons peur, c'est parce qu'elle nous montre un monde différent, parce qu'elle rend le connu étranger et étrange.

C 'est ce qu'explique Descartes dans les méditations métaphysiques : il examine chacune des choses du monde et se pose la question de son existence, pour savoir si elle n'est pas une illusion.

Il rêve de reprendre « le train de [sa] vie ordinaire […] craint d'être réveillé, et conspire avec c e s illusions agréables […] et appréhende de [se] réveiller.

» et de penser. ● C e n'est donc pa s t ant la philosophie qui fait peur, mais le monde no uveau qu'elle dé voile et ce que cela a de destabilisant.

C 'est donc parce que la philosophie est concrète et qu'elle a le pouvoir de changer notre vie qui fait que nous avons peur d'elle. III/ La peur de la philosophie, une peur d'avoir peur : ● La peur de la philosophie est donc légitime .

Mais ce n'e st p as réelle ment e lle, en tant que discipline, qui nous fait peur, c'est plutôt ce qu'elle dévoile.

A utrement dit, si nous l'évitions, ce n'est pas parce qu'elle fait peur, mais parce que nous avons peur d'avoir peur. ● En effe t, la philos ophie peut fa ire pe ur p ar ce q u'e lle nous montre , par les possibilités qu'elle fa it app araître.

C'est ce qu'explique Sartre (possibilité aussi de faire référence à Kierkegaard dans Le concept d'angoisse.) dans L'être et le néant.

L'angoisse est différente de la peur, mais si la philosophie fait peur, c'est parce que nous avons peur de ressentir cette angoisse qu'elle peut provoquer.

L'angoisse désigne l'attitude de l'homme qui prend la mesure de sa situation dans le monde : il est totalement libre à chaque instant de changer, de choisir ce qu'il veut être.

L'infinité des possibles s'ouvre devant lui. ● L 'ho mme qui pense, qui fait de la philos ophie, que stionne le mond e, et se met ainsi à distance de ce qu'il questionne.

C ette distance lui fait pre ndre conscience de l'existence d'une multiplicité de choix de vie, et donc de la liberté qui y correspond.

A insi, l'angoisse révèle la possibilité d'une liberté, concrète et finie, et situe l'existence sous l'égide de l'incertitude et de la précarité.

L'angoisse et la responsabilité sont donc des qualités de notre conscience une fois celle-ci pensée par la philosophie. Conclusion : C e n'est donc pas tant la philosophie en tant que telle qui fait peur, mais ce qu'elle est capable de nous révéler, et l'angoisse qu'elle peut nous faire ressentir – à travers ce qu'elle nous dévoile comme possibilité.

I l est donc légitime d'éprouver une certaine appréhension face à l'exercice de la philosophie, mais contrairement aux autres objets provoquant la peur, s'éloigner d'elle ne fait pas disparaître le ‘'danger'’.

A utrement dit, ne pas philosopher ne fait pas disparaître l'infinité de la liberté et de la responsabilité, cela nous empêche simplement d'en prendre conscience et de faire naître l'angoisse. Quoi qu'il en soit, que la philosophie soit vécue et angoissante ou rejetée par la peur qu'elle peut engendrer prouve bien qu'elle est une discipline concrète, et pas uniquement abstraite.. »

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