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Faut-il avoir confiance dans le progrès technique ?

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Le progrès technique après avoir longtemps contribué à la survie de l’humanité est en train de devenir l’une de ses préoccupations majeures. Aujourd’hui, la maîtrise de son avenir passe sans doute moins par l’invention de machines de plus en plus complexes, que par le développement d’une réflexion de plus en plus vigilante à son sujet. L’homme se doit d’établir une sorte d’échelle de confiance dans les techniques, d’être raisonnable. Il ne doit pas avoir une confiance aveugle dans le progrès. Toutefois, il semble que l’homme n’ait pas le choix en matière de confiance. En théorie, refuser tout progrès quel qu’il soit est plausible ; mais, dans la pratique cela apparaît impossible car le progrès technique exerce sur l’homme une sorte de séduction irrationnelle parce qu’il est en prise avec ses désirs. Par exemple, l'humanité a toujours rêvé de voler comme en témoigne le mythe d'Icare. L'invention de l'avion réalise ce vieux rêve. Ajoutons que la technique libère l’homme de la nécessité naturelle, et que ce faisant elle permet une maîtrise totale de son environnement. Le progrès technique est alors inhérent à l’humanité et le refuser serait inconcevable. De ce fait, l’état de nature que préconise Rousseau est presque inenvisageable car l’être humain a su développer une science qui lui a permis de sortir progressivement de la nature et de créer son milieu propre : la société, et par la même c’est le seul être qui ne peut se contenter de ce que la nature lui donne. Il en est sorti par nécessité, pour satisfaire ses besoins naturels. L’on doit alors faire confiance au progrès et reconnaître son utilité. Plus que de la confiance, c’est de l’espoir que les hommes doivent avoir envers lui.

« « Chaque progrès donne un nouvel espoir, suspendu à la solution d'une nouvelle difficulté.

» déclarait LeviStrauss au XXème siècle dans Le cru et le cuit. La technique, après avoir longtemps contribué à la survie de l'humanité, est en train de devenir l'une de ses préoccupations majeures.

Celle-ci est ambivalente : elle apparaît aussi bien aliénante que dangereuse, elle a servi la condition humaine et l'a également desservi.

De ce fait, le progrès technique peut faire naître, chez l'homme, de l'espoir comme de la crainte.

En pleine ère d'avancée technique, il apparaît nécessaire de nous demander s'il est souhaitable que l'homme accorde sa pleine confiance au progrès. L'homme est, à priori, amené à avoir confiance dans le progrès parce qu'il œuvre à l'amélioration de sa condition.

De plus, il doit avoir confiance dans ce qu'il fait pour pouvoir progresser.

Donc, s'interroger sur la confiance accordée au progrès technique ce sera s'interroger sur la confiance accordée à l'homme lui-même.

A partir du moment où l'homme crée la technique, celle-ci est faillible puisqu'elle est à l'image de l'homme. Alors, quelle est l'attitude la plus raisonnable à adopter face au progrès technique ? Faut-il envisager le progrès avec confiance comme une source de bienfaits, ou au contraire s'en effrayer comme ce qui peut causer notre perte ? Quel est l'impact de la technique sur la condition humaine ? Si le progrès technique est aliénant pour l'homme et entraîne sa régression, peut-on imaginer un progrès moral qui soit conséquence d'un progrès technique ? En premier lieu, nous verrons qu'il est bon pour l'homme d'avoir confiance dans le progrès technique.

Puis, nous remettrons en question la confiance accordée au progrès qui présente de nombreux effets négatifs.

Enfin, nous verrons que le problème ne vient pas tant du progrès technique en lui-même, mais de l'usage que l'homme en fait. Certains disent qu'à chaque nouvelle invention, l'homme fait un pas vers son bonheur.

L'homme se souciant avant tout de son bonheur, l'on peut imaginer que la technique lui procure une sorte de pouvoir et qu'il peut lui accorder ainsi sa pleine confiance.

En effet, la technique est par définition l'ensemble des procédés par lesquels l'homme se libère des contraintes naturelles et réalise ses désirs.

Ainsi, elle est le premier pas que fait l'homme pour opérer une mise à distance au monde.

L'homo faber est l'individu technicien en ce sens qu'il fabrique des objets qui lui servent à transformer la nature et par l'acquisition de cette maîtrise, il ressemble finalement à Dieu, le maître par excellence.

Le rapport de l'homme à la nature va donc se trouver modifié : au lieu de la contempler dans son ordre intangible, l'homme va la transformer selon ses besoins.

Mais pourquoi éprouve t-il la nécessité de transformer la nature ? C'est au XVIIème siècle que la science commence à changer d'attitude à l'égard du réel : on l'observe, on cherche à le comprendre, mais dans le but de le transformer.

Elle se tourne ainsi vers la technique qui devient application en vue d'une maîtrise de la nature.

C'est avec Descartes que l'homme s'est rendu compte que le progrès allait pouvoir nous rendre « comme maître et possesseur de la nature ».

De ce fait, dans la sixième partie du Discours de la méthode (1637), le philosophe présente le désir de contribuer à l'amélioration des conditions de vie des hommes.

Ce qui est en jeu, c'est la naissance d'une puissance sans limites où les machines fabriqueront à grande échelle tout ce qui répond aux besoins humains.

C'est bien notre civilisation industrielle dont les grands traits sont esquissés par Descartes.

Pour le philosophe, en s'arrachant à la nature, on peut s'en imprimer.

Le technicien moderne peut ainsi modifier les matières et les mettre à son profit.

Il peut maîtriser le réel.

Bien plus, en connaissant les causes et effets de la nature, l'homme pourra s'émanciper du déterminisme naturel.

On constate donc un véritable optimisme chez Descartes, ce qui ouvre d'infinis bienfaits de la technique.

Lorsqu'il parle de «connaissances qui soient fort utiles à la vie », Descartes indique ce que doit être le but de la technique : permettre aux hommes de vivre mieux.

Il songe aux progrès de la médecine dans laquelle il nourrit un grand espoir pour soulager les maux des hommes, aux machines ou encore à la morale.

Le progrès, en rendant le travail moins servile, peut libérer l'homme. En somme, la technique peut apporter le bonheur terrestre si l'homme sait mettre la nature à son service. Cependant, Descartes nous conduit à nous interroger sur le sens que nous devons donner à la maîtrise technique.

L'homme a-t-il le droit de faire subir à la nature toutes les transformations agressives que nécessite la satisfaction de ses désirs ? En mettant la technique au service de la vie, Descartes semble au contraire indiquer qu'elle est principe d'ordre, non de destruction (il songe au médecin qui rétablit l'équilibre du corps).

Mais, au XVIIème siècle, le philosophe n'envisageait pas une telle évolution du progrès au détriment de la vie même. En considérant cela, le progrès technique peut-il réellement apporter le bonheur comme le sous-entend Descartes ? L'homme totalement confiant ne court-il pas à sa perte ? Alors en quoi le progrès technique peut-il constituer un danger pour l'homme ? Source et condition de la maîtrise de la nature par l'homme, la technique fait pourtant, et de plus en plus, l'objet de nombreuses critiques : ses conséquences sur la vie et la nature inquiètent, sa puissance s'exercerait au détriment de celle de l'homme et de sa pensée, l'irréversibilité de ses progrès menacerait ses concepteurs euxmêmes, qui pourraient en perdre la maîtrise.

Songeons à la société positiviste du XIXème siècle qui accordait toute sa confiance à la réussite technique.

Les hommes d'une telle société croyaient que la technique pouvait tout faire et qu'elle était la condition du bonheur.

De nos jours, l'appréciation qu'ont les hommes du progrès diffère de celle des anciens et l'idéal positiviste appartient au passé.

Au XXème siècle, presque tous les philosophes déplorent leur sentiment d'impuissance devant ces outils trop perfectionnés que sont les machines.

On s'accorde alors sur ce point : le progrès a ses limites et peut avoir des retombées néfastes. Déjà, au siècle des Lumières, un grand homme a ordonné toute son œuvre philosophique autour de l'idée de dégradation de la nature humaine engendrée par la civilisation.

En effet, J.J Rousseau, dans son Discours sur les sciences et les arts (1751), défend contre tous, la thèse selon laquelle le progrès des sciences va à l'encontre de celui des mœurs.

Il s'efforce alors de décrire la dangereuse illusion du progrès qui selon lui excite les appétits et les ambitions des hommes.

Rousseau considère que les techniques, produits artificiels, ont corrompu les mœurs au lieu. »

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