Faut-il attendre de la science qu'elle nous rassure ?
Extrait du document
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Termes du sujet:
SCIENCE : Ensemble des connaissances portant sur le donné, permettant la prévision et l'action efficace.
Corps
de connaissances constituées, articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience.
Pour démarrer
Voici un sujet qui traite des nombreux pouvoirs attribués à la science et de leurs conséquences.
La connaissance
rationnelle, établissant des relations ou lois nécessaires entre les phénomènes étudiés, connaissance qui nous
permet d'expliquer le réel et d'en prévoir l'évolution, nous fournit-elle la possibilité effective de mettre fin à l'angoisse
et à l'insécurité radicale que suscitent notre ignorance et les risques inhérents à l'avenir ? Les pouvoirs dont la
science dote l'homme n'introduisent-ils pas, au contraire, de nouveaux risques encore plus redoutables qui
accroissent l'insécurité ?
Conseils pratiques
Il est évident, dans ce cas, que l'analyse précise du terme « science » constitue la clef de la réussite de votre
devoir.
Le plan dialectique paraît particulièrement adapté à ce sujet : il conduit à une synthèse classique, dans
laquelle une certaine sécurité naît du contrôle de la science par les valeurs humaines fondamentales, parla morale et
l'éthique.
Bibliographie
Hans JoNAS, Le principe responsabilité, Cerf.
J.
MONOD, Le hasard et la nécessité, Points-Seuil.
PRIGOGINE et I.
STENGERS, La nouvelle alliance, Folio-Essais, Gallimard.
Braque est notre contemporain et participe — au premier plan — de ce mouvement artistique qui a souhaité
réveiller le public en bousculant ses habitudes.
Il est de ceux qui traduisent les préoccupations esthétiques d'une
époque où, comme le remarque André Malraux, l'art n'exprime plus la subordination à un absolu, mais recherche dans
l'ordre de la sensation les conditions de sa propre valeur absolue.
Aussi ne nous étonnons pas qu'il ait pu écrire :
l'art est fait pour troubler.
En effet, si telle n'est pas la fonction assignée traditionnellement à l'art, on peut, du
moins, prendre en considération les arguments de Braque et de ses amis.
Mais notre peintre ajoute : la science
rassure.
Comme si en face d'un agent perturbateur reconnu, il constatait la présence d'un système susceptible, par
sa nature même, d'apaiser nos émotions.
Il convient donc d'étudier la formule dans sa dualité pour saisir en quoi elle
est valable.
Mais il n'est pas impossible de prévoir que cette proposition puisse être renversée, en considérant
certains aspects troublants de la science ainsi que l'influence rassérénante de certaines créations artistiques.
De là,
enfin, on pourrait apercevoir comment l'art et la science offrent moins une vision du monde, que des moyens divers
d'activité créatrice, et plutôt un engagement à soi-même et au monde dont les modalités déterminent la fin.
A) En quoi l'art est-il fait pour troubler ? Quels sont, autrement dit, les rapports de l'art et de nos troubles ? Est-il
lui-même trouble parce qu'il en est issu, ou a-t-il pour effet de manifester des troubles inconnus, de les faire
paraître en leur donnant une forme; de rendre publiques des angoisses solitaires ou de cristalliser des émotions
collectives ? Est-il, enfin, la solution de ce qui n'en a pas, fixant ce qui sans lui n'aurait ni réalité ni signification ? —
Tout cela à la fois.
En fait, les beaux-arts — ce sont eux qui sont ici en cause — sont rattachés à un
expressionnisme universel.
Ils créent un système de symboles, sans doute contemporain ,du langage, par lequel
l'homme se trouve conduit à lier à des rythmes, formes et couleurs certains états, qui deviennent alors
caractéristiques de la sensibilité.
La danse par exemple, laquelle semble entraîner à sa suite la cadence musicale et
la parure, donne au corps tout entier mission de créer, d'entretenir et de fixer certains types d'émotion.
En ce sens
l'art, déjà, confère une sorte de droit à l'existence au trouble qu'il cherche à organiser.
Une telle expression, dans
son rapport non seulement à I'artiste mais au public, a pour fonction de faire naître le trouble et de le communiquer
en une sympathie symbolique.
Ajoutons encore que l'individualité créatrice est le fait d'une hypersensibilité, toujours
aiguisée par les circonstances, et nous comprendrons que le message, comme on dit, de l'artiste, n'est pas une
incitation au repos.
En face de cette fonction, pour ainsi dire affective, de l'art, comment la science peut-elle rassurer? C'est qu'au lieu
de nous introduire dans le monde de la passion et des violences individuelles ou collectives, elle ramène au contraire
à l'unité la diversité des sensations, subordonne les phénomènes à la loi.
Bref, elle institue ou rappelle plus
strictement l'ordre dans le chaos des apparences et, en quelque sorte, rejette d'abord à l'objet les impressions
subjectivement éprouvées.
En somme, par l'effort et la construction objective, la science apporte l'assurance d'un
univers rationnel, lequel permet de prévoir l'action humaine et de pourvoir aux besoins.
C'est par la science surtout
que l'homme surmonte le sentiment d'écrasement qu'il pouvait éprouver en face de la nature et lui substitue la
conscience d'une certaine familiarité.
C'est par elle, selon le mot de Claude Bernard, que l'homme devient le
contremaître de la création.
Ainsi, quand on considère les origines de l'art, ce à quoi il se rattache en l'homme et, par ailleurs, les postulats de la
science, les mécanismes de son progrès, il semble bien, en effet, que se justifie le mot de Braque, au moins sous
cette forme : l'art trouble, la science rassure; ou : l'art fait la part du trouble, la science celle de l'assurance.
Mais.
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