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Faut-il admettre un droit à la différence ?

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« Introduction -Un droit constitue un principe auquel tout citoyen qui tombe sous la juridiction de ce droit doit se soumettre ; tous les citoyens sont donc égaux devant cette loi : le droit fonde l'égalité. -La différence constitue l'altérité, mais au sein même de l'identité ; sans quoi il n'y aurait aucun référent commun à partir duquel on pourrait même parler de "différence" : la différence suppose donc l'identité, qui se décline en modes divers. -Or, comme penser le lien entre le droit, qui fonde l'égalité des citoyens, et la différence, qui constitue ce par quoi un citoyen se distingue d'un autre citoyen, tout en restant identique à lui en tant précisément que citoyen ? La différence peut-elle se revendiquer sous la forme d'un droit ? Le droit à la différence n'irait-il pas contre la reconnaissance même de ce à partir de quoi toute différence peut précisément être reconnue comme telle ? I.

Le droit légitime constitue une négation de la différence (Rousseau). -La différence est un fait, elle constitue un donné naturel que l'on ne peut nier.

Elle constitue une source d'inégalité entre les hommes, qui est légitimée lorsqu'elle est avalisée par l'institution du droit (Rousseau). -Le droit du contrat social légitime ne doit pas avaliser cette différence de fait ; elle doit au contraire l'effacer, au niveau juridique, afin qu'il y ait une égalité politique de chaque citoyen au sein de la cité. II.

Les dangers et es contradictions du droit à la différence. -Le droit à la différence constitue l'envahissement de la sphère publique par la sphère privée, puisque l'on érige en droit une différence individuelle qui ne regarde en rien la communauté dans laquelle elle s'inscrit (Arendt). -Le droit à la différence peut évoluer jusqu'à la négation de ce principe même : car ceux qui exaltent ce droit et qui imposent aux membres de la communauté différenciée la norme de cette différence, refusent précisément que l'un de ces membres s'écarte de cette différence devenue norme pour évoluer selon une autre voie.

Il y a donc une intolérance de la différence érigée en norme, envers la différence qui se différencierait de cette différence même.

Le droit à la différence, étant contradictoire dans ses conséquences, ne saurait donc constituer un principe universel ; par conséquent, il ne saurait concerner le droit. III.

La vraie reconnaissance de la différence passe par le droit à l'indifférence. -Le droit constitue le principe à partir duquel devient possible l'égalité ; or, la différence ne devient possible que sur le fond d'un horizon d'identité commune ; le droit rend donc possible la différence en tant que telle. -Il faut un droit à l'indifférence, qui permet l'intégration des différences de fait qui distinguent les individus entre eux.

La différence entre les individus ne se pose que sur le fond d'une égalité de droit entre les citoyens : l'égalité, que fonde la République, reconnaît ainsi l'altérité, qui est une donnée de fait, précisément en n'en faisant pas un droit. Conclusion -Le droit à la différence constitue une contradiction en soi, puisque la différence posée en droit ne provoque que l'intolérance envers précisément tout droit extérieur à la différence. -Il faut donc lutter contre un certain statut de la différence, qui devient défavorable à sa propre intégrité, en tant que telle : aucun particularisme ne peut revendiquer un droit de faveur ; il ne peut revendiquer que la liberté de se pratiquer (en dehors de l'espace public, lieu du droit universel).. »

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