Faut-il admettre toutes les opinions ? (Toutes les opinions sont-elles recevables ?)
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
Faut-il ?: est une question qui peut se poser à deux niveaux :
• la nécessité (physique / matérielle / naturelle / économique / psychologique / sociale), c'est-à-dire la contrainte
des choses.
• l'obligation morale, le devoir.
Doit-on ?
Opinion
Jugement sans fondement rigoureux, fondé sur des croyances ou des impressions subjectives et qui se donne
abusivement les apparences d'un savoir.
Même quand elle tombe juste, « l'opinion pense mal» (Bachelard), car elle ne peut se fonder rationnellement.
La philosophie, comme quête de la vérité, est ainsi en lutte contre les opinions.
Pour que la philosophie commence, il faut que l'opinion devienne une question pour elle-même.
Elle doit
s'interroger, s'expliquer, devenir consciente de son propre contenu.
Ceci ne peut s'effectuer sans désagrément,
sans douleur, puisque cela signifie que l'opinion cesse d'être elle-même, qu'elle accepte de s'effacer.
Sans quoi elle
reste ignorante de ce qui la constitue, de ses origines, de son fondement.
Doit alors se poser à l'opinion la question de la vérité, question qui, au lieu d'un vain jeu de la persuasion ou de la
séduction, devient une véritable épreuve.
La vérité nous met mal à l'aise, nous tient en échec, nous ébranle dans
notre être.
Nous souhaiterions presque ne pas penser, mais cette vérité fait partie de nous.
Pour que l'opinion cesse d'adhérer infiniment à elle-même, il faut qu'elle cesse d'apparaître dans cette fausse
transparence à soi, nommée d'ordinaire « évidence ; ou bien que cette évidence se fasse plus exigeante.
N'est-elle
pas un problème, dans la mesure où chacun est obligé d'interpréter, à tort ou à raison, ce qu'il voit et entend ?
L'opinion doit-elle se confronter à quelques normes rationnelles ? Doit-elle se calquer sur la pensée de philosophes
patentés ? La liberté de penser peut-elle faire l'économie de la vérité ? Faut-il se taire pour entendre les autres ?
Comment juger de la vérité ? Autant d'épreuves qui donnent à la certitude les fondements sans lesquels l'illusion
s'installe et triomphe.
On peut se demander si le concept même de vérité est réellement indispensable, s'il ne s'agit pas d'une idée dont il
vaudrait mieux se débarrasser.
En effet, elle ne semble pas s'imposer dans la pratique courante, dans l'expérience
quotidienne de la vie, où nous usons d'autres critères de réussite et d'efficacité.
La perception sensorielle, l'expérience, sont-elles les garanties fiables ou exclusives de la vérité ? La vérité a-t-elle
besoin de preuves pour être vérité ? Ne risque-t-on pas de confondre certitude et vérité ? La vérité intervient dans
notre existence la plus quotidienne, même si elle reste en elle-même un sujet d'interrogations, même si elle semble
parfois nous empêcher d'agir.
Nous ne pouvons en produire une définition rationnelle précise, néanmoins nous
l'apercevons souvent au détour de préoccupations qui semblaient l'exclure.
Comme l'a montré Platon, il faut faire un effort, une sorte de pari, pour penser la vérité, pour concevoir l'idée d'une
vérité qui serait autre chose qu'une simple opinion parmi d'autres.
Une telle idée semble naître de deux sources.
D'abord, nous sommes toujours contraints de comparer nos idées à celles des autres, si bien qu'on en vient
naturellement à se demander s'il n'existerait pas une mesure extérieure aux diverses considérations exprimées, une
mesure fiable et connaissable, capable de départager entre ce qui vaut et ce qui ne vaut pas.
Ensuite, nulle opinion
ne se présente sans s'accompagner d'une adhésion, d'une croyance en celle-ci, et nous ne pouvons éviter de
chercher si cette croyance peut trouver hors d'elle-même des appuis ou des confirmations.
À moins de considérer
que toute adhésion est justifiée d'emblée, en tant que vérité personnelle.
Le réel n'est pas le fondement unique de toute connaissance, ainsi la seule présence des choses ne peut suffire
pour définir la connaissance.
Ne produisons-nous pas nous-mêmes nos idées ? On peut donc se poser la question
critique, celle du critère, grâce auquel on reconnaît la connaissance véritable.
Faut-il privilégier son caractère
universel et abstrait, ou singulier et concret ? Serait-ce son utilité ou son efficacité pratiques ? Ou est-ce plutôt sa
valeur ? Ou encore le rapport harmonieux qui peut s'instaurer entre nos facultés subjectives ? Diverses vérités ou
formes de vérité, relativement arbitraires, guident notre existence ; ne sommes-nous pas obligés d'avouer leur
fragilité, et de ce fait notre ignorance ? D'autant plus que chaque forme de savoir est limitée par sa nature même :
elle ne sait que ce qu'elle peut savoir.
On ne peut concevoir une connaissance sans critique, une connaissance qui ne se pose pas des questions sur ellemême.
Elle doit s'interroger principalement sur ses origines, sur la rationalité de ses fondements, et sur ses limites.
N'est-ce pas la seule façon d'échapper, si on le peut, aux pièges de l'opinion comme à ceux de la connaissance ?
Nous sommes menacés par les illusions du dogmatisme naïf, par les facilités du conformisme, par les tentations de
l'influence, ou celles de la séduction, voire par les délices de la sujétion et de l'aliénation.
Dans l'absolu, nous
pouvons penser ce que nous voulons, mais pour cela, faut-il encore savoir ce que nous pensons, pourquoi nous le
pensons, et vouloir encore vraiment le penser.
PLAN
A.
Il faut tolérer toutes les idées..
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