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Faire son devoir, est-ce renoncer à sa liberté ?

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« D'après l'opinion générale, la liberté s'oppose toujours au devoir; en effet, les gens pensent que la liberté, c'est faire ce que l'on veut et presque toujours, les obligations professionnelles et les obligations morales empêchent de faire ce que l'on souhaite.

Or, lorsque l'on remercie un sauveteur, dont c'est le devoir de sauver des vies, on sous entend qu'il était parfaitement libre de ne pas le faire, et donc la liberté ne s'oppose pas au devoir, dans la mesure où le sauveteur peut choisir de remplir ses obligations ou non. La définition du devoir contredit-elle toujours la définition de liberté, ou au contraire existe-t-il au moins une définition de la liberté qui soit compatible avec celle de devoir? Si on définit la liberté comme autonomie, c'est à dire comme le fait de se fixer ses propres règles, est ce que ça n'entre pas en contradiction avec le devoir, c'est a dire une obligation unique s'imposant a tout le monde? Enfin, le conflit dans chaque conscience individuelle entre d'un coté faire ce que l'on veut, et d'un autre coté remplir ses obligations, n'est il qu'une illusion? Dans une première partie, nous analyserons la notion de devoir pour montrer la compatibilé entre les notions d'obligations et de libre arbitre.

Puis nous verrons que l'autonomie individuelle ne se limite pas à fixer des règles que pour soi même, mais au contraire le vrai sens de l'autonomie consiste à penser des lois universellement valables. Enfin nous verrons que la conscience de devoir est la 1ere étape pour se libérer de nos passions mais aussi de nos aversions. Le devoir se définit comme une obligation qui s'impose à tout le monde et sans condition.

Par exemple, il y a les obligations juridiques (devoir d'assistance à personne en danger), les obligations professionnelles (secret médical), les obligations morales (règles de conduite mises en place par l'éducation et qui sont relatives aux époques et aux groupes sociaux).

Cependant, il faut faire la différence entre trois sortes de contraintes, la nécessité, contrainte par force et l'obligation.

D'abord, la nécessité exclut toute forme de liberté: les lois de la nature s'imposent à mon corps, de telle manière que celui-ci a toujours la même réaction dans les mêmes circonstances; les contraintes naturelles peuvent se définir comme des phénomènes qui ne peuvent pas ne pas arriver.

Ensuite, il y a la contrainte par force, qui exclut aussi la liberté: je suis contraint de faire une action soit parce qu'il y a une contrainte extérieure à moi, en relation à un sentiment de peur par rapport à une sanction , soit parce que la force du désir me pousse à le faire. L'obligation est la seule contrainte qui soit compatible avec la liberté individuelle: s'obliger à une action consiste à faire usage de son libre-arbitre pour choisir une contrainte déterminée.

Soit, par exemple, l'obligation morale de saluer quelqu'un que l'on connait.

D'abord, il s'agit d'une contrainte morale, qui est imposée de force au cours de l'éducation; mais par la suite, il y a de nombreuses situations où, même si l'on a pas envie de dire bonjour, et même s'il on n'a pas peur de ne pas le faire, pourtant on applique cette règle de conduite et dans ses occasions là, on s'oblige à respecter la contrainte d'être poli.

A travers cet exemple, nous venons d'établir une relation entre, d'un coté, l'obligation, et d'un autre coté, le libre arbitre individuel; mais il ne s'agit que d'un exemple particulier, dans une catégorie particulière d'obligations, et donc nous ne sommes pas encore parvenu à une vérité générale.

Est ce que l'opération du libre arbitre fonctionne dans toutes les situations où nous remplissons nos obligations ou juridiques, ou professionnelles ou morales? D'après KANT, il faut faire une différence entre d'un coté agir purement par devoir, et d'un autre coté agir seulement conformément au devoir.

De manière générale, il y a 2 grands mobiles qui poussent les gens à agir: ou bien l'inclination pour un objet, c'est à dire le désir, ou bien la crainte d'une sanction ou d'un désavantage.

Dans les deux cas de figure, nous agissons toujours par intérêt personnel, mais dans bien des cas, l'action faite par intérêt coïncide avec le devoir qui nous est imposé.

Ici nous agissons conformément au devoir, c'est à dire qu'extérieurement et en apparence, nous remplissons nos obligations, mais à l'intérieur de nous mêmes, il y a soit une crainte, soit une obligation qui nous pousse à agir, et donc un calcul d'intérêts.

Par opposition, agir purement par devoir exclu complètement les mobiles de la crainte et de l'inclination.

A partir de là, nous pouvons en déduire par rapport au sujet, que sur un plan idéal, nous agissons purement par devoir et c'est notre faculté de libre arbitre qui est le moteur de nos choix.

En revanche, sur le plan de la réalité, nous ne faisons qu'agir conformément au devoir, parce que nous sommes toujours soumis à des inclinations ou des craintes dont nous sommes plus ou moins conscients; dans la mesure où c'est uniquement la peur ou le désir qui guide nos choix par rapport à nos intérêts, il n' y a évidemment pas de libre arbitre.

En résumé, ce n'est que dans une situation idéale que nous agissons. »

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