exposer et discuter les principaux arguments du déterminisme ?
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«
INTRODUCTION
Le déterminisme est un décalage de modalité qui consiste à réduire à la nécessité a) toutes les formes de
l'existence, par exemple les phénomènes physico-chimiques.
Il postule donc que ce qui arrive ne pouvait pas
ne pas arriver ; c'est ce que Cl.
Bernard appelle « croire à la science » b) et même, dans tel système comme le
panlogisme Hégélien », qu'on peut appeler un déterminisme de second degré, que le possible (le rationnel) est
coextensif au réel, ne le déborde pas comme le croyait par exemple Leibniz c) on ne discutera ici que le
déterminisme du premier degré qui met en péril non seulement les idées confuses de hasard et de miracle, mais
encore l'hypothèse essentielle de la vie morale : la liberté.
I — PHÉNOMÈNES ET NOUMÈNES
A) - Un premier argument du déterminisme est qu'il s'applique â tous les
phénomènes parce qu'il constitue une exigence à priori de toute
expérience.
De là: a) l'idée de la conservation de l'énergie qui dans
l'application a subi des retouches, mais qui est très antérieure à la
fondation expérimentale de la thermodynamique (Joule) b) l'idée plus
générale encore, catégorie aux yeux de Kant, de la causalité qui inspirait
confusément au « fatalisme », forme ancienne du déterminisme, sa
conception d'une prédétermination universelle et domine tout effort de
raison, l'analyse psychologique aussi bien que la synthèse scientifique
(motivation intégrale des actes ou déterminisme psychologique).
B) — Mais on peut inférer précisément de cette constance de l'exigence
déterministe a) qu'il n'est qu'une interprétation humaine de la réalité:
aussi bien quand nous cherchons à atteindre celle-ci en dépassant
l'expérience conditionnée, nous tombons dans des « antinomies » (Kant)
dont les dièses affirment et dont les antithèses nient la possibilité de
commencements absolus — b) que la liberté reste possible dans l'ordre
des noumènes non soumis aux conditions de l'expérience et particulier au
morcellement de la succession temporelle c) que le postulat moral est
dès lors compatible avec l'hypothèse scientifique.
II — PHÉNOMÈNES ET LOIS
A) — Mais, rétorque le déterminisme, l'idée de loi repose au contraire sur son postulat même en morale : le
sage agirait selon des « représentations de lois » avec la même rigueur que 'la nature physique selon des lois
tout court (ex.
: déterminisme rationnel des Stoïciens).
B) — A moins, répliquent à la suite de Boutroux, un grand nombre de penseurs contemporains, que a) la rigueur
abstraite des lois naturelles ne soit obtenue qu'en négligeant certains facteurs et n'ait de valeur pratiquement
suffisante qu'entre certaines limites, par exemple de température (loi de Mariotte) b) la nécessité ne présente
divers ordres irréductibles si bien que l'approximation deviendrait grossièrement insuffisante pour les
phénomènes compliqués de la vie organique et mentale c) inversement la contingence ne se retrouve aux
stades très avancés de l'analyse : la physique corpusculaire résout les corps en éléments tels qu'on n'en peut
déterminer que la position sans la vitesse ou la vitesse sans la position (de Broglie) ce qui autoriserait une
sorte de retour à la théorie décriée du « clinamen » épicurien, compatible seulement avec un « déterminisme
statistique ».
III — PHÉNOMÈNES ET PHÉNOMÈNES
A) — Pourtant, reprend le déterminisme, à l'échelle normale de notre expérience sensible a) les lois dignes de
ce nom (ex.
: chute des corps, réflexion, courants électriques) sont rigoureuses.
L'indétermination des autres
ne tient qu'à notre ignorance.
B) — C'est tout l'inverse, répliquerait un bergsonien.: a) les philosophes de la contingence ont raison de
soustraire tous les phénomènes au déterminisme b) toutefois celui-ci répond à nos besoins pratiques c'est-àdire à notre action sur la matière et la matière s'y prête suffisamment pour ce dessein, tandis qu'il échoue
radicalement dans l'ordre vital et mental.
Il y a donc un véritable « seuil » dans la prétendue continuité des
phénomènes et c'est l'ordre spirituel qui éclaire l'ordre matériel, non l'inverse.
CONCLUSION
On ne peut actuellement ni résoudre le problème ni même se prononcer sur la,possibilité d'une solution.
Mais le
déterminisme apparaît de moins en moins comme un postulat inévitable de la science, C'est une construction
provisoire de l'esprit, et très aérée..
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