Expliquez la maxime : « Fais à autrui ce que tu voudrais qu'on te fit. »
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«
Expliquez la maxime : « Fais à autrui ce que tu voudrais qu'on te fit.
»
Une maxime est une phrase qui conduit nos actions.
Celle-ci nous invite à nous comporter envers autrui de la même façon que l'on
souhaiterait que l'on se comportât envers nous.
PISTES POUR L'EXPLICATION
1) La paix est la limitation de ma liberté par celle d'autrui
"Ma liberté s'arrête où commence celle d'autrui".
Sartre
Cette maxime vient de l'idée politique moderne d'une société basée sur la dialectique des libertés
individuelles.
Dans l'antiquité et au moyen âge il fallait faire soit ce que le roi ou la religion me
demande sans discuter, soit agir selon l'idée du bien ou la vertu.
A partir de Rousseau, on
commence à penser la société comme une communauté d'individus à l'origine antagonistes, qui
vont limiter chacun leur liberté d'agir et de faire du mal à l'autre, en confiant leur pouvoir à l'Etat :
pour ne pas risquer de subir la violence d'autrui, chacun se dépossède de son droit de faire le mal
à autrui.
C'est le "contrat social".
2) La morale comme la version affirmative du droit
"La liberté consiste moins à faire sa volonté qu'à n'être pas soumis à celle d'autrui ; elle consiste
encore à ne pas soumettre la volonté d'autrui à la nôtre." ROUSSEAU
cependant ici il ne s'agit pas simplement de "ne pas faire à autrui ce que je ne veux pas qu'on me
fasse", mais de "faire à autrui ce que je veux qu'on me fasse".
Or Kant distingue le domaine du
droit, qui empêche d e faire certaines actions, du domaine de la morale, qui non seulement
m'empêche mais également me fait agir dans une certaine direction.
A ce titre, notre maxime
n'est pas une maxime juridique, de la forme "tu n'as pas le droit de...", mais c'est une maxime
morale : "tu dois...", non pas en référence aux conditions de la vie sociale, mais en référence à un
bien.
3) Le bien comme universalisation de mon désir
"l'impératif catégorique de la morale est : agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en loi universelle par ta
volonté" (kant, critique de la raison pratique)
Le principe du contrat social de Rousseau est l'universalisation de l'idée individuelle de liberté
comme condition d e possibilité du droit.
On cesse d e penser la société comme des rapports
particuliers de pouvoir, mais à partir d'un modèle abstrait, qui doit fonder en légitimité tout rapport
social.
Kant, lui, va plus loin et estime que la morale ne peut se fonder que sur l'universalisation
de l'idée individuelle de désir.
Au lieu de me demander ce que je veux pour moi, je réfléchis à ce
que chacun doit vouloir avant d'agir.
KANT : le devoir comme impératif catégorique
Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.
Dans ce cas la raison exerce
une contrainte sur la volonté.
Cette contrainte
s'appelle un impératif.
Les impératifs sont de deux sortes :
— les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions considérées
non en elles-mêmes mais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une
fin (par exemple, je dois prendre ce médicament pour guérir, si je veux guérir).
Les impératifs
hypothétiques se
rattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;
— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, mais
pour elles-mêmes.
Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sont
aperçus, la volonté sait qu'elle doit s'y soumettre.
En outre, étant indépendants de toute fin, les
impératifs catégoriques s'imposeront à n'importe quelle volonté particulière.
Ils s e caractérisent
donc par leur universalité.
C'est pourquoi il n'y a au fond qu'un seul impératif catégorique d'où tous les impératifs du devoir peuvent
être dérivés et que Kant énonce ainsi : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle
devienne une loi universelle ».
De cette formule, Kant en déduit trois autres :
• « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature.
»
• « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même
temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.
»
• « Agis toujours de telle sorte que tu puisses te considérer comme législateur et comme sujet dans un règne des fins rendu possible
par la liberté de la volonté.
»
PISTES POUR UNE CRITIQUE
Cette idée, bien que théoriquement très efficace, paraît tout de même assez étrange, puisqu'il n'y a pas de lien de conséquence
directe entre mon comportement envers autrui et le sien envers moi.
Donc ce n'est pas par intérêt que j'applique cette maxime.
Alors qu'est-ce qui peut me pousser à le faire ? Kant est obligé de recourir à un sentiment moral a priori.
D'autre part, il ne s'agit pas seulement de "ne faire à autrui que ce que je veux qu'on me fasse", mais bien de faire à autrui (tout)
ce que je voudrais qu'on me fasse.
Or autrui n'est pas moi, il n'a ni les mêmes besoins ni les mêmes désirs que moi, donc il n'est
absolument pas sur que je lui fasse du bien en plaquant m e s désirs sur lui.
Penser le désir comme universel est donc une
modification de mon désir, et en cela déjà une contrainte.
selon Alain : "Il est bien vrai que nous devons penser au bonheur d'autrui; mais on ne dit pas assez que ce que nous pouvons faire
de mieux pour ceux qui nous aiment, c'est encore d'être heureux".
Propos sur le bonheur (1928).
»
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