Expliquez et discutez cette réflexion de Lanza del Vasto extrait de Le pèlerinage aux sources (1943) « Ceux qui veulent le bien des travailleurs devraient se soucier moins de leur obtenir un bon salaire, de bons congés, de bonnes retraites, qu'un bon tra

« Sujet : Expliquez et discutez cette réflexion de Lanza del Vasto extrait de Le pèlerinage aux sources (1943) « Ceux qui veulent le bien des travailleurs devraient se soucier moins de leur obtenir un bon salaire, de bons congés, de bonnes retraites, qu'un bon travail qui est le premier de tous les biens.

» Proposition de plan Introduction Nouvelles idées relatives aux conditions de vie : « le bonheur en plus » ; la « qualité de la vie ». Les revendications ne portent plus seulement sur la quantité (durée du travail, salaires, durée des congés) mais sur la qualité (conditions de travail, de transport, de logement; état de l'environnement; nature des rapports entre les individus).

Semblant traduire à l'avance cette préoccupation Lanza del Vasto affirmait en 1943 ; citation : problème. Première partie : le mauvais travail L'impératif de rentabilité maximale a eu pour conséquence le taylorisme, qui s'est traduit par une nette dégradation des conditions de travail : — parcellarisation des tâches (le « travail en miettes »); — la mécanisation des tâches (les ouvriers amenés à répéter les mêmes gestes sont transformés eux-mêmes en machines; satire de ce phénomène dans le film de Charlie Chaplin Les Temps modernes) ; — travail à n'importe quelle heure (système des 3 X 8) ; — cadences accélérées; — absence de toute initiative : (à un ouvrier qui lui disait qu'il n'avait pas le temps de penser, Taylor répondit : « Vous n'êtes pas là pour penser; il y a des gens qui sont payés pour ça.

» On ne peut mieux exprimer la séparation qu'il y a dans les grandes entreprises entre la conception (un petit groupe) et Y exécution (la masse des employés) ; — négligences en ce qui concerne la sécurité : (parce que les mesures de sécurité coûtent cher et prennent du temps; d'où nombreux accidents du travail). Donc par rapport au XIXe siècle les salaires augmentent, les durées de travail diminuent, mais la nature du travail tend à se dégrader; ce qu'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre Deuxième partie : nécessité d'améliorer les conditions de travail. A.

Qu'est-ce qu'un bon travail? Le travail peut n'être pas subi comme un châtiment (cf.

« Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », à la suite de la faute originelle); il peut même être une source de satisfaction, mais aux conditions suivantes : — diversité des tâches; — réflexion personnelle; — possibilité d'initiative; — possibilité d'enrichissement au niveau des connaissances; — travail dans lequel puisse se manifester l'esprit créateur de l'homme. Aspects qui ne se rencontrent plus aujourd'hui que dans le haut de la hiérarchie, mais qui existaient à tous les niveaux dans les anciennes formes de travail. B.

Nécessité d'une amélioration des conditions de travail Elle est ressentie par tous.

Un certain nombre de tentatives ont été faites dans ce sens : — abandon du travail à la chaîne. Un certain nombre d'ouvriers sont chargés de monter des voitures ou des téléviseurs; ils s'organisent à leur guise.

Les résultats ont été assez encourageants.

Sur le plan psychologique, satisfaction d'un travail dont on perçoit le sens et dont on est responsable; sur le plan de la rentabilité, moins d'absentéisme, plus grande stabilité du personnel.

Mais ce mouvement reste pour l'instant marginal. — transformations des rapports de l'homme à son travail : Dans certains pays, une part d'initiative est laissée à l'ouvrier, qui peut même avoir la possibilité d'apporter des modifications à sa machine. Possibilité aussi pour lui de devenir grâce à son propre travail, à sa propre créativité, technicien, ingénieur, voire inventeur. D'une manière générale, on arrive à un seuil : prise de conscience de ce que le fait d'avoir trop négligé les exigences de la nature humaine, et en particulier le besoin de créer, entraîne des conséquences désastreuses sur le plan humain et même sur le plan de la stricte rentabilité. Troisième partie : nuances nécessaires Il y a une grande part de vérité dans l'affirmation de Lanza del Vasto; cependant : — cette revendication peut ne correspondre qu'à une nostalgie du passé : C'est le cas de Lanza del Vasto qui préconise le retour à la terre et à l'artisanat : chacun tisse ses habits et produit sa nourriture.

Vie en communauté. Il s'agit là d'une pure utopie pour la raison bien simple que la roue de l'histoire ne tourne jamais à l'envers.

(Rousseau avait l'un des premiers énoncé ce principe de l'irréversibilité de l'histoire.) Il faut donc tenir compte des problèmes de la qualité de la vie mais sans vouloir, pour autant, abandonner certains avantages de la technologie. — les revendications sur la qualité du travail et celles sur le salaire ne sont pas antagonistes : Ces revendications sur la.

qualité et sur la qualité ne s'opposent pas.

Il ne faut donc- pas dire qu'on doit s'occuper plus de la qualité du travail que du montant du salaire où de la durée des tâches, mais dire qu'il faut s'occuper autant de l'un que de l'autre; et toujours envisager ces deux aspects dans leur imbrication. Conclusion Vérité de l'affirmation de Lanza del Vasto, mais nécessité de la nuancer et de bien préciser qu'il ne s'agit pas de vouloir retrouver une sorte d'âge d'or pré-technologique.

Justement dans la mesure où elle nous libère d'un certain nombre de contraintes, la technique doit permettre de redonner au travail sa dignité : un travail créateur dans lequel l'homme se fait en faisant.. »