Expliquer la formule de Kant : « Agis toujours en prenant la personne humaine, en toi et dans les autres, comme fin, jamais comme moyen. »
Extrait du document
«
« Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ont cependant,
quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les
nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les
désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplement
comme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (et qui est
un objet de respect).
Ce ne sont donc pas là des fins simplement subjectives, dont l'existence, comme effet de
notre action, a une valeur pour nous : ce sont des fins objectives, c'est-à-dire des choses dont l'existence est
une fin en soi-même, et même une fin telle qu'elle ne peut être remplacée par aucune autre, au service de
laquelle les fins objectives devraient se mettre, simplement comme moyens.
Sans cela, en effet, on ne pourrait
trouver jamais rien qui eût une valeur absolue.
»
Kant, « Fondements de la métaphysique des mœurs ».
Le devoir est une loi de la raison.
«Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que
dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et
jamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysique
des moeurs (1785).
• L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christique
quant à son fondement.
En effet le commandement d'amour du Christ vient de
l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescrit
l'obéissance inconditionnelle au Christ.
L'impératif kantien vient, lui, de la
raison.
C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de
notre propre esprit, qui fonde notre moralité.
• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à
nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvons
mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).
• Il se distingue aussi par sa portée.
En effet, traiter les autres «comme une
fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».
C'est à la fois moins exigeant,
car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignité
humaine.
Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même
quand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel.
LA MORALE DE KANT
Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est un humaniste.
Il ne saurait admettre que la
morale se réduise à l'obéissance à un principe extérieur à la personne humaine, que ce principe soit un Dieu
transcendant qui nous donnerait des ordres sans les justifier ou qu'il soit un État autoritaire qui opprimerait ses
sujets sous prétexte de les diriger.
La morale kantienne exclut l'idée que nous puissions être régis par un autre que
nous-même.
Elle exclut l'hétéronomie.
C'est la personne humaine elle-même qui est la mesure et la source du devoir.
L'homme est le créateur des valeurs morales, il dirige lui-même sa conduite sans quoi l'agent moral n'agirait pas mais
serait agi.
Telle est l'exigence kantienne d'autonomie.
Mais Kant n'est pas seulement un philosophe humaniste du XVIIIe siècle.
Il est aussi le fils d'une mère piétiste (le
piétisme est un luthéranisme fervent et très austère).
Élevé dans l'idée que la nature humaine est corrompue par le
péché, Kant se méfie des passions, de la sensibilité, des tendances spontanées.
La morale du sentiment telle qu'il l'a
découverte chez les moralistes anglais de son époque et chez Rousseau l'inquiète.
La morale de l'intérêt lui eût fait
horreur.
D'un mot, s'il se refuse à fonder les valeurs sur un principe extérieur à la personne humaine, il ne veut pas
davantage les subordonner à la nature, aux tendances, à la sensibilité.
Le principe du devoir sera pour Kant la pure
raison.
Comme chez Rousseau (qu'il a lu attentivement), c'est la conscience qui sera pour Kant la source des
valeurs.
Mais il ne s'agit plus d'une conscience instinctive et sentimentale, la conscience morale selon Kant n'est
rien d'autre que la raison elle-même.
1° LE FORMALISME DE KANT
Le bien pour Kant n'est jamais un objet.
Ni la santé, ni la richesse, ni l'intelligence ne sont indiscutablement des
biens car tout dépend de l'usage bon ou mauvais que je déciderai d'en faire.
Une seule chose est bonne
inconditionnellement (toutes les consciences sincères l'accordent), c'est la bonne volonté, autrement dit l'intention
morale.
Voici deux commerçants qui ont établi un prix fixe, le même pour tout le monde si bien qu'un enfant achète
chez eux à tout aussi bon compte que n'importe qui.
Ces deux commerçants agissent identiquement.
La matière de
leur acte est la même.
Mais la forme de l'acte peut différer.
L'un d'eux par exemple n'agit conformément au devoir
que par intérêt pour conserver une nombreuse clientèle.
L'autre ne se contente pas d'agir conformément au devoir,
il agit par pur respect pour la loi morale.
C'est ce dernier seul qui agit moralement, c'est-à-dire dans une bonne
intention.
Pour Kant le contenu matériel de l'acte n'est pas ce qui détermine le jugement moral.
Ainsi «ce qui fait
que la bonne volonté est telle ce ne sont pas ses oeuvres ou ses succès».
Il n'y a que l'intention qui compte, et
alors même que la bonne intention «dans son plus grand effort n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins, ainsi.
»
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