Expliquer et discuter cette formule d'un philosophe : « Il n'y a que deux choses qui établissent en fait notre identité à nos propres yeux : la permanence de notre caractère et l'enchaînement de nos souvenirs »
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Expliquer et discuter cette formule d'un philosophe : « Il n'y a que deux choses qui établissent en fait notre identité
à nos propres yeux : la permanence de notre caractère et l'enchaînement de nos souvenirs »
L'unité et l'identité du moi sont les postulats de notre vie pratique.
Mais ces concepts d'unité et d'identité sont
surtout employés dans un sens mathématique et ils en retiennent ici quelque chose qui peut fausser ce qu'éprouve
la conscience et soulever des problèmes que la réalité ne comporte pas.
L'identité du moi implique en effet un
changement continu.
Si restreinte que soit la portion de la conscience que nous mettons en observation, le moi
apparaît toujours comme quelque chose qui à la fois change et à la fois reste identique.
Pour expliquer cette
contradiction apparente entre l'identité du moi et les changements continuels qui se produisent en nous, différentes
théories ont été proposées, et en particulier on a prétendu « qu'il n'y a que deux choses qui établissent en fait
notre identité à nos propres yeux : la permanence de notre caractère et l'enchaînement de nos souvenirs ».
Sous les différentes modifications qui nous affectent, il y a en effet un premier élément de permanence dans les
tendances
qui nous sont propres et composent notre caractère.
Chaque homme a sa manière propre de sentir, de penser et
d'agir, son « indice de réfraction morale » qui le distingue de tous les autres.
Sans doute le caractère n'est pas
absolument immuable ; il est sujet lui-même à des variations causées par les influences extérieures et aussi par une
action interne qui est le fait de notre volonté.
Parfois même le caractère se transforme d'une façon brusque et
profonde, il est soumis à des « conversions » ; mais ces changements ne rompent pas les liens qui unissent
l'existence antérieure à la crise et celle qui lui est postérieure, la première porte en elle le germe de la seconde et
celle-ci conserve des traces de la première.
La continuité n'est donc jamais rompue, et la permanence du caractère
peut à bon droit être considérée comme jouant un rôle important dans la conscience que nous avons de l'identité de
notre moi.
D'autre part nous ne sommes pas seulement ce que nous sommes actuellement, mais aussi et plus encore peut-être
ce que nous nous souvenons d'avoir été.
L'importance du passé pour le « je » est si évidente que nombre de
psychologues ont cru pouvoir ramener le « je » à la conscience de ses états antérieurs.
« La personnalité, dit M.
Richet, n'est que l'ensemble des souvenirs qui nous sont propres ».
Et de fait les souvenirs sont si bien des parties
intégrantes de notre moi que les altérations de la mémoire sont une des causes principales des maladies de la
personnalité.
Certains empiristes vont même plus loin, et avec Taine, se donnent la mémoire pour construire le moi.
Une telle
théorie se trouve en présence d'une difficulté réelle que Hume semble avoir pressentie.
Sans doute lui aussi fonde
l'identité du moi sur la mémoire, mais il avoue que « la mémoire ne produit pas tant l'identité personnelle qu'elle ne la
découvre en nous montrant la relation de cause et d'effet entre nos différentes perceptions ».
Et il ajoute : « C'est
à ceux qui affirment que la mémoire produit en entier notre identité personnelle à expliquer comment nous pouvons
étendre notre identité au delà de la mémoire, c'est-à-dire à des temps, des circonstances et des actes que nous
avons complètement oubliés ».
C'est pourquoi d'autres philosophes font appel à d'autres facteurs pour expliquer la conscience de notre identité ;
ainsi pour Ribot, « l'individualité organique est la base de toutes les formes les plus hautes de la personnalité ».
L'identité du moi trouverait son principe dans le sentiment vital ou cénesthésique dont dépendent nos dispositions
fondamentales ; elle serait la conséquence de l'identité de notre corps.
Rien ne semble plus évident, mais c'est le mécanisme du passage de l'organique au psychologique qui reste à
élucider.
D'ailleurs nous n'avons pas seulement conscience de notre vie organique ; nous avons conscience aussi de
notre vie psychique.
La cénesthésie n'est pas seule à alimenter ce routant de pensée que nous sentons comme
nôtre.
Conclusion.
Le moi est donc une donnée synthétique, où il entre, avec des sentiments cénesthésiques, beaucoup
d'autres états de conscience, dont les plus importants sont des souvenirs.
Et sous ces états qui se renouvellent
sans cesse, il y a des éléments durables, des inclinations, des tendances, des habitudes : cénesthésie, mémoire,
caractère, le psychologue n'a pas besoin de chercher autre chose pour expliquer que dans la complexité et dans la
mobilité de la vie psychique, il y a un principe d'unité et de stabilité, et c'est tout ce que l'on peut demander à une
science d'observation..
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