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Explication texte Descartes "nous rendre comme maitres et possesseurs de la nature"

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Sitôt que j'eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusqu'où elles peuvent conduire et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusqu'à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cacher sans pêcher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer autant qu'il est en nous le bien général de tous les hommes. / Car elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. / Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher.    Descartes, Discours de la méthode   

Questions : Que vont permettre concrètement les découvertes de Descartes ? Par quelle formule Descartes résume-t-il ce que ces découvertes rendent possibles ? Qu'est-ce qui oppose la nouvelle physique qu'il vient de bâtir à l'ancienne ?    1/ Une révolution : Descartes l'annonce dès les premières lignes, une révolution est en train de s'opérer dans la science, en particulier dans la physique, révolution à laquelle il a lui-même contribué par ses découvertes à la suite de Galilée, et dont il faut prendre conscience (« remarquer » l.2) pour en mesurer toute la porté (« jusqu'où ça peut conduire » l.2). Qu'est-ce qui fait la différence entre cette nouvelle physique aux « principes différents » (l.3), et l'ancienne « dont on s'est servi jusqu'à présent ? » (l.3-4) ? S'agit-il simplement d'un accroissement de la connaissance par rapport à l'ancienne physique ? Y a-t-il entre la nouvelle physique galliléo-cartésienne et l'ancienne le même rapport qu'entre la théorie d'Einstein et celle de Newton, la première expliquant plus de phénomènes, et corrigeant les insuffisances des principes de Newton ? 

« Demande d'échange de corrigé de gonthier blaise ([email protected]). Sujet déposé : Explication texte Descartes "nous rendre comme maitres et possesseurs de la nature" Sitôt que j'eu acquis quelques notions générales touchant la physique, et que, commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusqu'où elles peuvent conduire et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusqu'à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cacher sans pêcher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer autant qu'il est en nous le bien général de tous les hommes.

/ Car elles m'ont fait voir qu'il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle, connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature.

/ Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie ; car même l'esprit dépend si fort du tempérament et de la disposition des organes du corps, que, s'il est possible de trouver quelque moyen qui rende communément les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ont été jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher. Descartes, Discours de la méthode Questions : Que vont permettre concrètement les découvertes de Descartes ? Par quelle formule Descartes résumet-il ce que ces découvertes rendent possibles ? Qu'est-ce qui oppose la nouvelle physique qu'il vient de bâtir à l'ancienne ? 1/ Une révolution : Descartes l'annonce dès les premières lignes, une révolution est en train de s'opérer dans la science, en particulier dans la physique, révolution à laquelle il a lui-même contribué par ses découvertes à la suite de Galilée, et dont il faut prendre conscience (« remarquer » l.2) pour en mesurer toute la porté (« jusqu'où ça peut conduire » l.2).

Qu'est-ce qui fait la différence entre cette nouvelle physique aux « principes différents » (l.3), et l'ancienne « dont on s'est servi jusqu'à présent ? » (l.3-4) ? S'agit-il simplement d'un accroissement de la connaissance par rapport à l'ancienne physique ? Y a-t-il entre la nouvelle physique galliléo-cartésienne et l'ancienne le même rapport qu'entre la théorie d'Einstein et celle de Newton, la première expliquant plus de phénomènes, et corrigeant les insuffisances des principes de Newton ? Non, cette nouvelle physique, nous dit Descartes, est « différente » : c'est un nouveau type de science qui vient de voir le jour, une nouvelle façon de connaître et d'expliquer le réel – différence qu'il va expliquer à partir de la l.5.

Relisez les l.5-7: qu'est-ce qui oppose les 2 ? 2/ Théorie et pratique : L'ancienne physique est dite « spéculative ».

La nouvelle est dite « pratique » et « utile à la vie ».

Que veut dire pratique ? La chose s'explique un peu plus loin : cela veut dire que grâce à elle nous « pourrons employer » (l.10) et utiliser les forces de la nature, bref que nous pourrons tirer de cette théorie des applications pratiques, des techniques.

Par exemple, nous pourrons grâce à ces théories construire des réacteurs nucléaires, des éoliennes, ou des moulins… L'opposition théorie / Pratique chez Aristote - Dire donc de l'ancienne physique qu'elle n'est elle, que spéculative, cela signifie qu'on ne pouvait tirer de ce type d'explication de la nature aucune application pratique ! Bref que la théorie y est purement spéculative et sans application pratique, coupée de l'action.

Une telle rupture est caractéristique de la philosophie d'Aristote, qui oppose le domaine de la théorie, de la connaissance explicative des phénomènes, au domaine de la pratique, celui de l'action sur le réel.

Théorie et pratique ne communique pas et sont comme deux attitudes différentes de la raison à l'égard du réel (l'analogie de Descartes dit le contraire) selon que la raison cherche à connaître un phénomène en ce qui ne peut être autrement, et se trouve investie dans cet effort explicatif (la raison théorique, contemplative) ou selon qu'elle cherche à agir sur le réel et considère ce qui peut être autrement (projet) et se trouve investie dans l'action (la raison poétique, calculatrice, logistique qui cherche des moyens d'action).

Si bien qu'il y a aurait, là plutôt que deux facultés distinctes et deux objets distincts, deux attitudes distinctes et deux applications distinctes de la raison à une seule et même réalité, et sans doute des talents différents dans cette application. Thalès tombant dans le puit - Une telle opposition entre la théorie qui étymologiquement est contemplation, et la pratique se trouve bien illustrée par la fable sur Théalès : on raconte que Thalès, astronome tomba dans un puit alors qu'il contemplait le ciel, sa contemplation lui faisant oublier de regarder devant lui.

La fable est moqueuse : elle sous-entend que la théorie est une rêverie qui ne sert à rien en pratique, pratiquement parlant, puisqu'elle est non seulement incapable de diriger nos pas en ce monde, mais même nous y rend étranger et nous empêche de nous y diriger.

La théorie contemplative veut connaître pour connaître, et la connaissance ne sert à rien en pratique. Les pressoirs à olives - Mais à cette fable en répond une autre, qui va nous ramener à Descartes.

On rapporte que ce même Thalès, que l'astronomie avait prévenu de la canicule à venir, avait loué tous les pressoirs à olive de Sicile pour s'y retrouver en position de Monopole.

L'été arriva, fut extrêmement chaud et la récolte d'Olive exceptionnelle. L'ensemble des pressoirs à olive de l'île n'y suffisait pas et Thalès, en position de monopole, put fixer ses prix.

Ainsi. »

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