Explication d'un texte de Bergson sur la conscience

que le thème de la liberté est en filigrane tout au long de l’argumentation de Bergson. Le philosophe se demande ainsi : la conscience n’est-elle pas la condition première de la faculté de choisir, et partant de la liberté ? Il s’interroge également sur les moments de la vie humaine où cette liberté serait à son paroxysme. Pour ce faire, il procède en deux temps délimités par deux questions rhétoriques : du début du texte à la ligne sept, Bergson prend l’exemple de l’apprentissage afin de nous montrer de quelle manière la conscience s’y investit pleinement pour finir par s’en retirer ; puis de la ligne onze à la fin du texte, le philosophe associe conscience, liberté et créativité en prenant l’exemple d’une « crise intérieure » qui solliciterait pleinement et intensément la conscience. Le texte commence par une question rhétorique : Bergson se demande ce qui arrive à nos actions quand elles cessent d’être le fruit de nos choix conscients pour devenir mécaniques ou automatiques. Sa réponse est concise et claire : la conscience semble disparaître, ou plutôt s’orienter vers autre chose. Pour illustrer son idée, il prend l’exemple d’un apprentissage. Lorsqu’on apprend à faire quelque chose, comme un exercice quelconque, chaque acte résulte d’un choix délibéré de la conscience. Bergson parle de « choix » et de « décision » pour nous indiquer que le sujet qui fait l’effort d’apprendre est pleinement et librement investi dans cette phase d’apprentissage. Ses actions sont alors « spontanées », c’est-àdire émanant de son libre arbitre, de sa volonté consciente, et non pas « mécaniques », c’est-à-dire, accomplies sans attention consciente, sans réflexion. Mais comment ces actions en période d’apprentissage passent-elles d’une pleine conscience à cette sorte d’inconscience qu’est le mécanisme comportemental dont nous parle le philosophe ? Bergson utilise le verbe « enchaîner » pour décrire le processus de l’apprentissage : les actions qui étaient choisies, décidées et guidées par la conscience, finissent en quelque sorte par s’autodéterminer à force de répétitions des mêmes mouvements. L’exercice se grave progressivement et de