Explication de texte : Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945.
Publié le 05/11/2022
Extrait du document
«
Explication de texte : Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945.
Le texte à l’étude est un extrait de la Phénoménologie de la perception, publié par Maurice
Merleau-Ponty en 1945.
Ici, l’auteur s’intéresse conjointement aux thèmes de la nature et de
la culture, plus spécifiquement à la question de l’essence du caractère humain.
Il défend la
thèse selon laquelle chez l’homme, il est impossible de distinguer ce qui appartient tout à fait
à l’acquisition culturelle ou tout à fait au caractère naturel de l’espèce, préférant une position
médiane, incertaine, allant contre le fait qu’il y ait une division nettement identifiable entre les
deux influences.
Peut-on donc vraiment parler de nature humaine ? Existe-t-il un caractère
inaliénable qui ne soit exclusif qu’à la seule coutume ou au seul attribut génétique ? Pour
établir sa thèse, il organise sa réflexion en travaillant sur la déconstruction d’exemples
doxographiques pour ensuite poser la liberté, l’échappement, comme condition primaire et
constitutive du caractère humain.
Afin d’expliquer ce texte, nous nous proposerons de
l’analyser de manière linéaire.
La première phrase du texte peut apparaître déconcertante pour un lecteur qui ne serait pas
aguerri.
En effet, Maurice Merleau-Ponty y affirme qu’il n’y aurait rien de naturel dans
l’expression de la colère comme dans celle de l’amour et que les conduites citées
exprimeraient un conventionnalisme tout aussi culturel que l’est le langage.
« Les sentiments
et les conduites passionnelles sont inventés comme les mots.
» La thèse ainsi formulée peut
paraître extrémiste car il semble bien, lorsque nous entrons en colère, que cette dernière soit
entièrement basée sur notre caractère, sur une donnée biologique innée dont on ne peut se
défaire et qui s’expliquerait intégralement par notre « personnalité.
»
Or, si nous regardons de plus près, les manifestations de la colère sont aussi dictées par des
normes culturelles.
En Malaisie, on appelle par exemple Amok, la manifestation selon
laquelle un homme fou d’amour peut commettre plusieurs meurtres avant de s’en prendre à
lui-même de manière très spectaculaire.
Dans d’autres sociétés, l’expression de la colère peut
apparaître comme vulgaire et être réprimée dès le plus jeune âge chez les sujets qui peuvent la
manifester.
Or si dans ma colère, je peux avoir l’impression d’avoir un comportement naturel, le simple
fait d’exprimer cette dernière dans la langue que je connais, conditionne son expression à une
forme culturelle spécifique.
Mon corps biologique n’inscrit donc pas de données strictes.
Mes
pratiques ne sont pas contraintes, elles ne sont pas totalement soumises au joug d’un
comportement naturel, de quelque chose d’instinctif.
Même la paternité qui « parait inscrit
dans le corps humain » est une institution dans le sens sociologique c’est-à-dire un
comportement légitimé par l’acquisition de caractères dans le temps.
En ce sens
Merleau-Ponty se rapproche de Pascal pour qui dans les Pensées : « La coutume est une
seconde nature qui détruit la première.
Pourquoi la coutume n’est-elle pas naturelle ? J’ai
bien peur que cette nature, ne soit elle-même qu’une première coutume, comme la coutume est
une seconde nature.
» Pascal s’interroge sur une nature qui serait « amenée à s’effacer » mais
les termes semblent induire une erreur.
Si le caractère était vraiment naturel, alors il ne
pourrait être effacé.
Or, vis-à-vis de la....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La phénoménologie de la perception - Merleau-Ponty ?
- « Je suis donc mon corps » MAURICE MERLEAU-PONTY
- Merleau-Ponty: la perception n'est pas la synthèse de qualités pures
- Maurice Merleau-Ponty
- Les trois caractéristiques de la perception - Merleau-Ponty ?