Expérience et connaissance ?
Extrait du document
«
VOCABULAIRE:
EXPÉRIENCE: a) Sens courant (expérience vécue): instruction acquise par une longue pratique des choses
(l'expérience de la vie).
b) Connaissance acquise par les données ou impressions des sens.
c) En science,
observation méthodique et réfléchie de certains phénomènes, en vue de vérifier une hypothèse (synonyme
d'expérimentation).
CONNAÎTRE / CONNAISSANCE: 1.
— Être familier de quelqu'un ou quelque chose.
2.
— Discerner, distinguer
quelque chose : « Le premier et le moindre degré de connaissance, c'est d'apercevoir » (CONDILLAC) 3.
— Posséder
une représentation de quelque chose, en part.
une représentation exacte.
4.
— Connaissance: a) Acte par lequel un
sujet s'efforce de saisir de saisir et de se représenter les objets qui se présentent à lui.
b) Résultat de cet acte.
Le mot expérience est utilisé dans des situations très différentes : « faire l'expérience de quelque chose », «
homme d'expérience », « expérience scientifique, esthétique, mystique », etc.
Comment comprendre le lien entre
cette multiplicité et l'unité de sens du mot « expérience » ? Etymologiquement, experire signifie éprouver.
Toute
expérience est épreuve.
Le sujet qui vit une expérience est confronté à une réalité extérieure à lui, ou intérieure, intime.
Ce rapport à la
réalité conduit à l'enrichissement de la représentation que le sujet a du monde, des autres et de lui-même.
Ainsi,
l'expérience conduit à l'élaboration de connaissances diverses et d'un savoir qui les regroupe.
Cependant, cette
expérience subjective ne doit-elle pas être critiquée pour élaborer une connaissance objective et véritable ? Dès
lors, la connaissance n'est-elle pas fondée sur la raison, et non sur l'expérience ?
L'expérience, source de connaissances
Chacun fait sa propre expérience, en fonction des rencontres vécues et des leçons qu'il est capable d'en tirer.
Cet
aspect de l'expérience renvoie à l'existence en général.
Ainsi, l'expérience est une source de connaissances : progrès empirique où se mêlent et s'organisent perception,
mémoire, habitude.
Il y a une mise en rapport des situations, par comparaison, ressemblance, association,
séparation.
Et, par induction, l'esprit passe de la multiplicité des faits divers à l'unité d'une règle générale.
De plus,
un savoir faire, fruit de ce vécu, est constitué et intégré.
Ceci concerne aussi bien l'individu (ontogenèse) que
l'espèce (phylogenèse).
Les mythes, dans les récits de l'origine du monde, représentent une forme de connaissance
que l'on « vit ».
La technique humaine atteste bien ces « essais et tâtonnements » de la pensée appliquée à l'action, dit Alain.
Dans
ce cadre, l'expérience mène aux vérités générales d'un savoir empirique et à l'art (savoir-faire, technè).
Et, au-delà
du métier de l'artisan, il faut ici penser à l'art médical ou politique par exemple.
« L'homme de l'art » a un bon
diagnostic et il sait quoi faire, comment (moyens) et pourquoi (fins).
Sa pratique est mesurée par la règle et
adaptée à la situation, donc efficace.
Toutefois, si l'expérience est individuelle et subjective, comment en faire une source objective de connaissance
vraie universellement ? Et si chacun doit faire sa propre expérience, cela veut-il dire que l'expérience, liée au vécu,
ne peut être transmise ? Mais alors, une telle connaissance peut-elle être considérée comme une véritable
connaissance ?
Raison, expérience et connaissance
Reprenons : un phénomène expérimenté est, par nature, singulier et contingent.
La répétition des coïncidences, des
similitudes, peut nourrir une observation utile, entraîne des habitudes, mais ne suffit pas à donner une connaissance
certaine : l'épreuve des faits n'a pas la force d'une démonstration et d'une preuve par la raison.
Il faut passer du
contingent au nécessaire, de la généralité des règles à l'universalité des lois.
Pour connaître la vérité d'un objet, il
faut faire abstraction de ce qui est subjectif.
L'expérience scientifique, construction rationnelle, n'est pas de même
nature que celle que chacun fait par son vécu.
Sensation et opinion sont des « obstacles épistémologiques »
(Bachelard)..
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