Existe-t-il une nature humaine universelle ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
UNIVERSEL:
a) Qui s'étend à l'univers, qui concerne l'univers.
b) Qui ne souffre pas d'exception.
c) Qui est valable pour tous les hommes, en tous temps et en tous lieux.
Exister / Existence:
* Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.
Être réellement, constituer une
partie du monde sensible.
* Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.
Par opposition à essence: mode d'être de l'homme,
en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée.
NATURE :
1° L'inné par opposition à l'acquis (nature opposée à culture, ou chez les anthropologues anglo-saxons nature
opposée à nurture); 2° Essence, ensemble des propriétés qui caractérisent un objet ou un être (la nature de
l'homme par exemple); 3° L'ensemble des phénomènes matériels, liés entre eux par des lois scientifiques.
En ce sens,
le naturel peut s'opposer au surnaturel qui désigne une intervention transcendante de la divinité; 4° Spinoza
distingue la nature naturante, c'est-à-dire la substance infinie et la nature naturée, les divers modes par lesquels
s'exprime cette substance.
Le mot nature est ambigu.
Le naturalisme du XVIIIe siècle par exemple est
contradictoire.
D'une part son épistémologie réduit la nature à un mécanisme (des faits soumis à des lois
nécessaires) indifférent aux valeurs humaines.
D'autre part, sa morale prétend se fonder sur la nature, c'est-à-dire
sur des tendances spontanées, supposées bonnes; la nature devient alors la Mère-Nature, une sorte de providence
bienveillante.
Parler de « nature humaine», c'est admettre que par-delà leurs différences physiques voire intellectuelles, et en
dépit des écarts historiques et géographiques, les hommes ont davantage de points communs que de différences.
Par-delà leur diversité, une essence commune les unirait, et expliquerait que l'on puisse parler d'une « nature » qui
leur serait commune.
Mais cette diversité ne remet-elle pas aussi en question cette belle idée?
1.
Il existe une « nature humaine » universelle
• Poser qu'il existe une « nature humaine », c'est revendiquer son universalité et sa capacité à rassembler tous les
hommes.
C'est le principe de toute déclaration des «droits de l'homme».
Car pour pouvoir définir des droits naturels
communs à tous les individus, quels que soient les pays, les époques et les lieux, il faut commencer par définir ce
qu'est l'homme.
• En faisant par exemple du « bon sens » ou de la raison la « chose du monde la mieux partagée », Descartes, au
tout début du Discours de la méthode, nous permet de concevoir cette unité des hommes.
Tout homme possède de
façon innée cette capacité de distinguer le vrai du faux et le bien du mal.
C'est par cet énoncé fracassant que Descartes ouvre le « Discours de la méthode, pour
bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ».
Ce texte est le premier livre de philosophie en langue vulgaire, cad en français.
Ecrire en français
un ouvrage de philosophie et de science, que « même les femmes pourraient comprendre »,
manifeste une volonté de démocratisation du savoir ; c'est vouloir que le plus grand nombre de
lecteurs possible soit touché par la véritable révolution qu'il prépare.
Nous oublions souvent que le « Discours » n'est qu'une petite préface à trois gros essais
scientifiques qui intéressaient les contemporains beaucoup plus que le « Discours ».
Cet ouvrage paraît en 1637, à peine quatre ans après le procès de Galilée.
Galilée fut traduit
devant un tribunal de l'Inquisition pour avoir confirmé l'hypothèse de Copernic selon laquelle
« ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais la Terre qui tourne autour du Soleil, et
sur elle-même ».
Or, cette révolution scientifique, qui signe une révolution dans la façon de voir le monde et d'y
définir la place de l'homme.
Descartes en est partie prenante.
Il pratique la physique comme
Galilée et aboutit à des thèses aussi « dangereuses ».
Les résultats scientifiques et
philosophiques auxquels il est parvenu, Descartes veut les livrer au public, en français.
Le « bon sens » est synonyme de « raison », cela veut dire que «la raison est naturellement égale
en tout homme », que chacun possède « la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d'avec le faux ».
Car cela signifie, après tout, que si ma
mémoire ou mon imagination sont moins étendues que celles de Descartes ou d'Einstein, ils n'ont pas plus de raison que moi !
Cependant, un lecteur scrupuleux du « Discours » est assez vite désarçonné par la justification que Descartes donne de sa thèse : la preuve que
la raison est égale en tout homme, c'est que si l'on désire être plus riche, ou avoir plus de mémoire, personne ne désire avoir plus de raison.
C'est
notre orgueil qui fournit la preuve..
»
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