Existe-t-il un art populaire ?
Extrait du document
«
Problématique:
Une forme esthétique peut être largement appréciée, sans pouvoir être qualifiée de "populaire".
Un art populaire est un art qui s'adresse explicitement au
peuple, voire au prolétariat.
Or, une oeuvre d'art exprime une nécessité interne de l'artiste, et ne vise pas d'abord un public.
Traitement:
Analyse du sujet :
q On peut commencer par noter que le terme « populaire » a plusieurs sens:
§ On dit d'une chose qu'elle est populaire, si elle est appréciée par un grand nombre d'individus.
Une chanson par exemple est populaire si elle
rencontre auprès du public un grand succès.
§ Mais le terme populaire comporte aussi un sens péjoratif, et particulièrement dans le domaine de l'art.
Qualifié un art de populaire c'est souvent
sous-entendre que cet art ne relève pas de l'A rt, mais n'est qu'un sous art.
q D'un point de vue général le critère de popularité n'est pas suffisant pour distinguer une oeuvre d'art d'autres productions.
L'art ne vise pas la
popularité, sa fin n'est pas dans le divertissement du spectateur, l'art se reconnaît une fin jugée plus noble, plus digne.
q La proximité éventuelle de ce qui prétend relever de l'art, et de ce qui relève du divertissement engendre infailliblement une critique violente à l'égard
de ce dont il faut se distinguer.
Les grands films se distinguent des films populaires avec d'autant plus de violence que leur forme est similaire.
q La popularité devient un critère du non art, plus perceptible que le génie de l'artiste parfois difficile à évaluer.
Problématisation :
Parler d'art populaire pose donc différents problèmes.
On pourrait se contenter d'admettre que certaines oeuvres rencontrent du succès et d'autres non.
Mais si la popularité d'une oeuvre remet en question la valeur artistique de l'œuvre d'art, il faut admettre que l'art a de fait un problème avec le jugement
public, alors que l'art qui s'enorgueillit de l'universalité est souvent le moins compréhensible.
La popularité doit-elle être un critère de l'art ? Qu'est-ce qui
distingue réellement l'art populaire d'un art réservé à une élite du bon goût ?
1.
2.
La popularité n'est pas un critère de l'art : l'art est une histoire de création artistique.
a)
A regarder l'art contemporain, il faut admettre que la popularité n'est pas ce que vise l'artiste.
Les oeuvres d'art sont de plus en plus
incompréhensibles, et le néophyte ne peut plus se raccrocher à un critère de l'art comme la beauté.
Ce qui prime, de façon officielle, c'est
la relation de l'artiste à son oeuvre.
La création artistique est, en effet, l'occasion d'une expression, d'une idée ou d'un sentiment
intraduisible par les moyens normaux de la communication.
Elle est l'extériorisation, au moyen d'une forme, de quelque chose qui se passe
dans l'artiste.
L'essentiel d'une telle conception de l'art, c'est la liberté de l'artiste.
b)
En réalité, l'œuvre d'art ne peut se passer de l'œil du public, sans quoi, l'exposition des oeuvres n'aurait aucun sens.
Si l'art ne visait
que l'expression de l'artiste, si l'essentiel était le moment de création, alors chacun devrait composer son oeuvre.
Certaines oeuvres
contemporaines nécessitent la participation du spectateur à la création, sous la forme de dispositifs gigantesques dans lesquels le
spectateur évolue.
c)
Il est courant dans les musées d'art contemporain de se retrouver devant une oeuvre dont on ne sait pas très bien comment il faut
l'envisager parce qu'elle s'inscrit en opposition avec l'art figuratif.
Cette recherche personnelle de l'artiste implique que le grand public
délaisse les musées d'art contemporain.
Mais en réalité l'art conserve toujours son public.
L'art est constitué par et pour une élite.
a)
Le caractère élitiste de l'art n'est pas spécifiquement un caractère de l'art contemporain.
L'aspect figuratif de l'art classique ne
signifie pas qu'il soit un art populaire.
Le bon goût et le raffinement sont des qualités qu'une élite se réserve pour elle-même.
Le jugement
d'un oeuvre d'art implique une certaine culture souvent transmise dans le cercle de la famille.
b)
L'art a donc toujours été un moyen pour une élite de se distinguer du peuple.
La représentation de la grâce de hauts personnages dans
les peintures classiques met en valeur un critère « naturel » de la noblesse.
c)
Néanmoins, il est évident que la culture seule permet de comprendre l'étendue d'une oeuvre d'art.
Par exemple, la peinture d'Ingres
représentant le sacre de Napoléon ne prend sa valeur que dans la connaissance des personnages qui y sont représentés.
d)
C ette idée s'oppose à la conception kantienne de l'art pour laquelle l'appréciation de l'art ne s'apprend pas.
Le goût artistique est
universel et communicable.
C ommun expliquer alors l'impopularité de l'art?
3.
La popularité ne doit pas être le but de l'art, mais l'art doit viser le peuple.
a)
Si le goût esthétique est commun, alors l'art populaire doit être considéré comme le véritable art, débarrassé qu'il est du soupçon
élitiste qui pèse sur l'art officiel.
En effet, puisque savoir apprécier l'art officiel est un marque de bon goût, on peut douter de l'intention qui
se cache derrière le jugement soi-disant esthétique à l'égard d'œuvres qui paraissent incompréhensibles au commun des mortels
b)
D'un autre côté le titre d'art populaire, accordé aux arts produits par et pour le peuple, ne nie t-il pas l'importances de certaines
oeuvres qui restent opaques au public.
Prétendre que tout art est équivalent, c'est masquer la culture dont seule jouit une partie de la
population.
c)
L'art populaire ne doit pas être une simple expression d'un style.
D'un autre côté un artiste qui s'isole des moyens de rendre
compréhensible ce qu'il veut transmettre ne peut produire que pour lui-même.
Tout l'art de l'art est de parvenir à communiquer ce qui est
incommunicable avec la simple parole.
Conclusion :
L'artiste a le devoir de communiquer, ce qui rend, certes, difficile la création mais c'est précisément ce qui fait la valeur des grandes oeuvres
d'art.
Bien sûr l'art n'est pas compréhensible en dehors d'une culture.
Si l'on veut que l'art devienne populaire, il faut à la fois éduquer le peuple et faire des
oeuvres dont le sens soit intelligible.
C'est alors que l'art populaire n'est plus une partie de l'art mais l'art en général..
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