Existe-t-il des limites à la connaissance scientifique d'un être vivant ? (Pistes de réflexion seulement)
Extrait du document
«
éléments de réflexion
• Prendre garde qu'il ne s'agit pas de « la connaissance scientifique de la matière vivante » mais « d'un être vivant
».
• Réfléchir aux difficultés de la méthode expérimentale en biologie.
— Problème de l'être vivant comme être individuel.
D'un individu à l'autre de notables différences peuvent exister
chez des représentants de la même espèce.
Ce qui fait que la répétition de l'expérience ne se fait plus dans les
mêmes conditions.
— Problème de l'irréversibilité des phénomènes biologiques (voir la citation de Canguilhem).
— Problème de savoir dans quelle mesure les procédés expérimentaux, c'est-à-dire artificiels, « permettent de
conclure que les phénomènes naturels sont adéquatement représentés par les phénomènes ainsi rendus sensibles »
(cf.
page 34 du livre de Canguilhem) ; problème crucial, en rapport notamment avec le caractère « individuel » de
chaque être vivant.
• Problème de mesure en biologie.
L'organisme vivant se prêterait moins bien que .la matière inanimée aux techniques de quantification de la science.
Cf.
Auguste Comte qui pensait que la complexité de l'organisme « s'oppose radicalement à ce que les lois
élémentaires de la biologie puissent jamais être mathématiquement dévoilées ».
Il convient de remarquer cependant que les procédés de quantification sont actuellement utilisés dans les domaines
suivants :
— en biométrie (discipline statistique qui s'applique à des groupes) ;
— en génétique ;
— et même en physiologie (l'étude de certaines corrélations fonctionnelles a permis d'aboutir à de véritables lois et à
des formules numériques).
Ne pas oublier que nous sommes invités à nous interroger, non sur les difficultés, mais « sur les limites (existantes
ou non...) à la connaissance scientifique d'un être vivant »...
citation
Canguilhem : « On voit enfin comment l'irréversibilité des phénomènes biologiques, s'ajoutant à l'individualité des
organismes, vient limiter la possibilité de répétition et de reconstitution des conditions déterminantes d'un
phénomène, toutes choses égales d'ailleurs, qui reste l'un des procédés caractéristiques de l'expérimentation dans
les sciences de la matière.
»
lecture
Canguilhem, La connaissance de la vie (Vrin) ; chapitre portant sur « l'expérimentation », pp.
30-31.
Analyse du sujet :
Du point de vue conceptuel : «vivant» : Ensemble des être vivants dans l'univers, des bactéries aux êtres
humains, en passant par les végétaux.
Il est difficile de s'appuyer sur une définition exacte du vivant, les critères
valables pour la plupart des animaux et végétaux pluricellulaires (se nourrir, excréter, grandir, respirer, se reproduire)
ne permettent pas de classer certaines formes indécidables : virus et prions, dont on ne sait dire si elles sont
vivantes.
On définit le vivant comme ce qui lutte en permanence pour ne pas mourir.
A ce moment, la reproduction
devient le critère le plus viable.
Mais encore faut-il que cela soit observable : on peut imaginer un scientifique
présentant à ses collègues une pierre, et leur disant : «voici un être vivant qui respire et se reproduit trop
lentement pour que l'on puisse l'observer en une vie humaine.» La connaissance de ce qui est vivant dépend donc
entièrement d'un observateur, lui aussi vivant.
On peut noter que le vivant s'observe toujours lui-même, quand un
biologiste observe des oiseaux, par exemple.
«entièrement» : Ce mot suggère une totalité.
On peut cependant entendre cette totalité de trois façons
différentes : 1/ La totalité du vivant dans l'univers, selon des étendues spatiales et temporelles.
2/ La totalité du
vivant dans sa complexité, ses définitions et principes de fonctionnement.
3/ La totalité du vivant lorsqu'il se
réfléchit, c'est-à-dire les sciences humaines.
«connaissable?» : Nous avons déjà dit que la connaissance dépend d'un observateur.
Connaître
scientifiquement, c'est procéder ainsi : observer, émettre des hypothèses qui rendent compte des phénomènes
observés, et vérifier ces hypothèses par des expérimentations.
Une hypothèse contrôlée par l'expérience
scientifique, qui permet de rendre compte de phénomènes complexes de la façon la plus simple, est toujours celle
qui sera choisie par la majorité des scientifiques (ainsi, le darwinisme est plus simple en hypothèses que le
transformisme savant de Richard Owen, qui demande des archétypes quasi-platoniciens du vivant ; le paradigme
darwinien est aujourd'hui largement dominant en biologie).
Le sens scientifique est le plus intéressant à utiliser car
cela nous paraît étrange, pour un savoir biologique qui doit observer et se mêler d'expérience, de parler d'une
connaissance a priori (sans expérience, universel et nécessaire) comme celle qui est possible pour la philosophie
transcendantale de Kant..
»
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