Examinez cette pensée de Valéry : « On sait bien qu'on est le même, mais on serait fort en peine de le démontrer. Le moi n'est peut-être qu'une notation commode. » ?
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CONSEILS PRELIMINAIRES Paul Valéry n'écrit pas au hasard. Il faut faire attention au choix des mots qu'il emploie, bien qu'ils ne soient pas faciles à expliquer, souvent. Qu'entend-il par une notation commode ? Le plus délicat est évidemment le terme «le même». Ici, tel qu'il est employé, il garde assez de vague pour contenir aussi bien l'identité auquel on songe directement que l'unité qui s'y relie. Un candidat, qui a lu les poèmes ou les essais de' Paul Valéry, se souviendra utilement que ce problème a préoccupé Valéry, d'une façon constante, comme d'ailleurs beaucoup d'écrivains de sa génération. « Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change », dit le cimetière marin. Mais il faudrait faire attention de ne pas donner un tour trop littéraire à la dissertation. PLAN Introduction. Savoir que l'on est le même est un sentiment d'immédiate certitude. Et pourtant nous changeons. I. — Comment savons-nous que nous sommes le même : a) un sentiment vécu ; b) une intuition : — notre corps ; — la vie sociale ; — la mémoire. II. — Les obstacles qui s'opposent à une identité absolue : — Comment nous voyons les autres. — Comment nous nous voyons nous-mêmes, réflexivement. — Les maladies de la personnalité. III. — Identité et vie dans le temps : ' — Unité et identité. — Peut-on «démontrer» notre identité.. — Identité et changement. Conclusion. — Notre identité n'est pas donnée une fois pour toutes. Notre mémoire, reliant passé, présent et avenir, en vue de Faction, assure notre identité vivante.
«
CONSEILS PRELIMINAIRES
Paul Valéry n'écrit pas au hasard.
Il faut faire attention au choix des mots qu'il emploie, bien qu'ils ne soient pas
faciles à expliquer, souvent.
Qu'entend-il par une notation commode ?
Le plus délicat est évidemment le terme «le même».
Ici, tel qu'il est employé, il garde assez de vague pour contenir
aussi bien l'identité auquel on songe directement que l'unité qui s'y relie.
Un candidat, qui a lu les poèmes ou les
essais de' Paul Valéry, se souviendra utilement que ce problème a préoccupé Valéry, d'une façon constante, comme
d'ailleurs beaucoup d'écrivains de sa génération.
« Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change », dit le cimetière
marin.
Mais il faudrait faire attention de ne pas donner un tour trop littéraire à la dissertation.
PLAN
Introduction.
Savoir que l'on est le même est un sentiment d'immédiate certitude.
Et pourtant nous changeons.
I.
— Comment savons-nous que nous sommes le même :
a) un sentiment vécu ;
b) une intuition :
— notre corps ;
— la vie sociale ;
— la mémoire.
II.
— Les obstacles qui s'opposent à une identité absolue :
— Comment nous voyons les autres.
— Comment nous nous voyons nous-mêmes, réflexivement.
— Les maladies de la personnalité.
III.
— Identité et vie dans le temps : '
— Unité et identité.
— Peut-on «démontrer» notre identité..
— Identité et changement.
Conclusion.
— Notre identité n'est pas donnée une fois pour toutes.
Notre mémoire, reliant passé, présent et avenir,
en vue de Faction, assure notre identité vivante.
Nous savons que nous sommes le même...
Avant même de le savoir, nous en avons la certitude» A certaines
personnes, cette certitude pèse comme un fardeau, semble-t-il, puisqu'elles répètent volontiers.
Ah ! si je pouvais
être un autre...
On surprendrait bien des gens en leur demandant s'ils sont certains d'être le même, et en leur disant
qu'ils n'ont pas de savoir bien ferme en ce domaine.
Ils sont installés dans une certitude immédiate.
Ils sont sûrs,
avant même d'y avoir réfléchi, de posséder une identité stable, invariante.
Leur moi, ils le reconnaissent sans cesse,
sans aucun effort.
Et pourtant, tout homme sait qu'il change.
Quand j'étais jeune, disent les vieux, si vous m'aviez connu quand j'étais
jeune...
Et le jeune homme qui arrive au terme de son adolescence jette, souvent, un regard de peu de tendresse,
vers ce petit qu'il était il n'y a pas longtemps, ce petit qui était lui et qu'il ne souhaite plus d'être.
Il s'agit toujours
du même individu, de la même personne, mais d'imperceptibles modifications font de cette identité un sujet de
réflexion, non pour celui qui se contente de vivre, mais pour celui qui se regarde vivre et essaie de fixer sa propre
image, qu'il devine présente et identique, et dont il n'arrive pas à fixer les traits, parce qu'ils s'embrouillent sans
cesse dans le miroir du fleuve qui s'écoule.
Narcisse a horreur du temps.
Aussi n'est-il pas inutile de se demander comment nous savons que nous sommes le même.
C'est un sentiment vécu, plus que pensé, et qui précède toute pensée discursive.
Nous saisissons immédiatement
que nous sommes le même, par une intuition du sujet et de l'objet confondus.
Intuition primitive et forte.
Ainsi, j'ai
perdu conscience de moi, pendant mon sommeil.
Au réveil, je me réveille, moi, et non pas un autre, le même qu'hier,
le même que demain.
Je nie suis endormi, soucieux et fatigué, je me réveille frais et dispos, et il ne me vient pas à
l'idée, — cette idée est venue à de nombreux conteurs, —-que je me suis réveillé un autre.
Bien évidemment, nous nous fondons d'abord sur notre identité corporelle, ce corps qui est le mien, qui change peu
à peu et qui reste celui-ci.
Mon corps est donc Je support essentiel de mon sentiment d'identité.
Nous ne
changeons pas de nature biologique, même si nous vieillissons, même si une maladie nous affecte plus ou moins
gravement.
Nos sensations internes nous permettent de retrouver telle douleur de nos organes que nous
connaissons bien.
Le sentiment de cette identité organique est donc une base indispensable quand je me réveille,
c'est de mon corps que surgit l'étincelle qui fait que je me retrouve.
Cependant, elle n'est pas suffisante.
Ainsi,
Marcel Proust l'a longuement décrit, au réveil, si je ne reconnais pas ce qui m'entoure, et vers quoi vont d'abord mes
yeux, je me demande si je ne rêve pas, je ne me retrouve pas et peut-être, l'espace d'un instant, suis-je un
étranger pour moi-même, un autre.
Fugitive impression, qui perd tout de suite sa puissance, parce que ces choses
qui sont là, ce papier à fleur, cette commode où ma valise est posée, ces vêtements sur la chaise qui sont les
miens, je les reconnais.
Ils sont ceux que ma mémoire assure être les miens.
Si je doutais encore, là tout autour,
mille signes confirmeraient cette identité, qui sont issus de la vie sociale et de mon activité sociale.
Je suis ici pour
réaliser tel ou tel projet que j'avais formé et cette activité s'insère dans un contexte qui me force à être moi, tel
que j'étais hier.
Il y a là.
non seulement de nombreuses habitudes, mais un sentiment de familiarité où je me
retrouve.
La vie sociale m'assure continuellement de mon identité, ne serait-ce que par la notation sommaire et
commode de cet état civil que je porte.
S'il y a quelque convention dans le nom que je porte, — je pourrais en avoir
un autre, et rien ne serait changé, — des éléments de ma personnalité sont confiés à un moi social, qui m'impose
cependant d'être ce que je suis.
Il m'est donc difficile de perdre ce sentiment d'être le même, en dépit des changements qui interviennent.
Mon.
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