Examen des critiques du langage ?
Extrait du document
«
1.
Au nom de la transcendance
Le mot est un signe postérieur à ce dont il est le signe : si je comprends un signe, c'est parce que j'ai eu
précédemment connaissance de la réalité à laquelle il renvoie (saint Augustin).
Ce n'est donc pas le signe qui permet
de connaître la chose.
La diversité des langues est le signe d'une confusion entre les hommes (Tour de Babel).
2.
Au nom de l'intuition
Les mots ne révèlent pas l'essence intime des choses mais s'en tiennent à leur aspect le plus commun.
Le langage
n'exprime que la pensée conceptuelle.
Un mot ne désigne pas un objet singulier, mais une catégorie d'objets : il est
une étiquette posée sur la chose (Bergson, Le Rire) ; il s'en tient à son aspect le plus commun, mais n'en révèle pas
l'essence intime.
Le langage est donc inapte à traduire la richesse du contenu émotionnel et la pensée intuitive.
"Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à
lire des étiquettes collées sur elles.
Cette tendance, issue du besoin, s'est
encore accentuée sous l'influence du langage.
Car les mots (à l'exception des
noms propres) désignent des genres.
Le mot, qui ne note de la chose que sa
fonction la plus commune et son aspect banal, s'insinue entre elle et nous, et en
masquerait la forme à nos yeux si cette forme ne se dissimulait déjà derrière les
besoins qui ont créé le mot lui-même.
Et ce ne sont pas seulement les objets
extérieurs, ce sont aussi nos propres états d'âme qui se dérobent à nous dans
ce qu'ils ont d'intime, de personnel, d'originalement vécu.
Quand nous éprouvons
de l'amour ou de la haine, quand nous nous sentons joyeux ou tristes, est-ce
bien notre sentiment lui-même qui arrive à notre conscience avec les mille
nuances fugitives et les mille résonances profondes qui en font quelque chose
d'absolument nôtre ? Nous serions alors tous romanciers, tous poètes, tous
musiciens.
Mais, le plus souvent, nous n'apercevons de notre état d'âme que
son déploiement extérieur.
Nous ne saisissons de nos sentiments que leur aspect
impersonnel, celui que le langage a pu noter une fois pour toutes parce qu'il est
à peu près le même dans les mêmes conditions, pour tous les hommes.
Ainsi,
jusque dans notre propre individu, l'individualité nous échappe.
Nous nous
mouvons parmi des généralités et des symboles, comme en un champ clos où
notre force se mesure utilement avec d'autres forces ; et, fascinés par l'action,
attirés par elle, pour notre plus grand bien, sur le terrain qu'elle s'est choisi,
nous vivons dans une zone mitoyenne entre les choses et nous, extérieurement aux choses, extérieurement aussi à
nous-mêmes." H.
Bergson, Le Rire
Vous dégagerez l'intérêt philosophique de ce texte à partir de son étude ordonnée.
NOTE : 17/20
- L'objet et l'enjeu du texte sont armés et ton commentaire est fidèle à la ? du passage
- Bonne mise en perspective
- Des qualités au niveau de l'expression.
Bon départ.
Lorsque nous parlons, nous utilisons le langage comme moyen de communication, afin d'exprimer une impression, un
objet ou un sentiment.
Or nous pouvons penser, comme le fait Bergson, que le langage n'est pas apte à traduire la
richesse de l'esprit, car nous éprouvons parfois des difficultés à exprimer à l'aide de mots nos sentiments et nos
sensations intérieures.
Dés lors se pose la question suivante : toute la richesse de la pensée est-elle quantifiable en
terme de langage ? Indique en plus ici les grandes lignes de ta discussion
"Nous ne voyons pas les choses mêmes", nous dit Bergson.
"Nous nous bornons le plus souvent à lire des étiquettes
collées sur elles".
Il nous expose ici évite cette présentation l'idée selon laquelle entre la chose et nous s'interpose
une tendance à ne voir que quelques signes (les "étiquettes"), au lieu de saisir les choses dans leur unicité.
Cette
tendance, ajoute-t-il, est née du besoin utilitaire : si je cherche un crayon bille bleu, je le trouve d'un coup d'oeil
sans avoir eu à aucun moment besoin de me dire : "je cherche un objet oblong translucide, de telles ou telles
dimensions" dont je pourrais détailler les caractéristiques à l'infini.
La force de l'habitude ne me fait retenir que
certains aspects de la chose dont j'ai besoin ; aussi le distingué-je de manière immédiate.
Le mot amplifie cette
propension naturelle, et entraîne une abstraction encore plus poussée des caractéristiques de l'objet ; "crayon"
désigne ainsi un ensemble infini d'objets ayant une fonction analogue.
Il s'agit d'une idée générale, d'un concept, qui
catégorise les perceptions antérieures.
Le mot voilerait de fait la réalité unique du référent.
Bergson déplore donc ici.
»
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