Etre temporels nous fait-il libres ou esclaves ?
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«
Définition des termes du sujet:
Est temporel: ce dont l'essence est la fragilité, ce qui apparaît pour disparaître, ce qui porte en lui une menace,
le devenir que fait peser l'inconcevable violence du temps.
TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements.
Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé.
Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée).
Pourquoi cette question — déjà exprimée sous forme d'alternative — fait-elle problème ? Qu'est ce qu'être temporel
? Le temps, dont nous disposons pour réaliser les actes que nous désirons, ne permet-il pas la liberté ? Mais le
temps se présente à nous sous la forme d'une contrainte, et dépend-il de nous de freiner la marche du temps, et en
particulier de ne pas mourir ? Le temps est donc lié à notre finitude, mais au sein d'un temps donné, ne nous
appartient-il pas de donner à notre vie le sens que nous voulons ? Or ceci implique deux choses : que la liberté ne
consiste pas, à ne "supporter aucune contrainte" (il faudra bien dégager de quelle conception de la liberté il s'agit
de parler) ; que le temps s'écoule dans une conscience — il est subjectif en ce sens — et n'a de sens et de valeur
que pour elle.
Esclave
Du latin médiéval sclavus, « slave ».
Personne placée sous l'autorité et la dépendance absolue d'un maître qui peut disposer d'elle comme de n'importe
quel bien.
Chez Hegel, la conscience qui, dans la lutte à mort qui l'oppose à une autre conscience, préfère la vie à la
liberté et s'affirme dans la dépendance à autrui.
Chez Nietzsche, l'homme faible, le décadent, le vaincu de la vie qui se plie à la morale du ressentiment.
• Pour Aristote, l'esclavage est un fait de nature : certains hommes ne s'appartiendraient pas à eux-mêmes et
seraient faits pour « subir l'autorité d'un maître ».
• Pour Spinoza, l'esclavage réside d'abord dans l'impuissance de
l'homme à gouverner et à contenir ses passions.
L'esclave est un ignorant.
• Dans la dialectique hégélienne du
maître et de l'esclave, l'esclave, d'abord dominé par le maître, finit par gagner son indépendance par son travail alors
que le maître, oisif, se contente de jouir passivement des choses façonnées par l'esclave.
Le maître devient alors
l'esclave de son esclave.
1) Introduction
Être temporels nous fait-il libres ou esclaves ? Vivre selon le cours du temps, immergés en lui et en son flux, c'està-dire au sein du changement perpétuel qui transforme le présent en passé et les unifie, nous construit-il en tant
qu'êtres indépendants ou, bien au contraire, vivant dans la dépendance absolue ? Sommes-nous édifiés, dans le
temps, librement ou selon le signe de la servitude ?
Le temps, destruction et mort, ou bien initiateur à un pouvoir libre de l'homme ? Sommes-nous défaits par le temps
ou bien engendrés positivement par lui ? Le problème est, en définitive, de savoir si le temps est soubassement et
fondation, base édificatrice du psychisme humain ou bien s'il est étranger à nos structures fondamentales et
intimes.
Le temps, fondement psychique ou réalité étrangère à mon essence ? D'où l'enjeu, puisque le sujet nous fait
gagner le sens de notre destin dans le monde.
A.
Être temporels nous fait esclaves (thèse)
Qu'est-ce que vivre dans le temps ? C'est expérimenter, en un sens, on va le voir, singulier et équivoque, une coprésence, celle du passé, du présent et de l'avenir.
Vivre dans le temps paraît d'abord tout à fait évident.
Je passe
perpétuellement au passé et me transcende en même temps vers l'avenir.
Comment ce temps est-il perçu par la
conscience ? Comment suis-je « temporel » ? Dans l'angoisse, dans l'espérance, dans le regret aussi, je me vis
comme temporel.
Dans le temps de mon existence, je m'enfuis, d'une course précipitée et irrévocable, vers le futur.
Mais vers où le sujet s'enfuit-il ? En quel lieu nous hâtons-nous ? Sur les ailes du temps, nous courons vers la mort.
«Ô temps, suspends ton vol », écrit Lamartine, dans Le Lac.
Or, c'est ici que se manifeste notre condition
d'esclaves, notre situation de dépendance extrême.
Entraîné dans le temps, je suis confronté à mon « non-être ».
Mon présent m'échappe; mon passé est déjà in- , existant et mon futur, qui n'est pas encore, est, lui aussi, souffle
ténébreux.
Donc si, en tant qu'être temporel, je suis non-être, je saisis ici mes limites.
Le temps est cause de mon
impuissance car il me signale, en permanence, mes manques et mes bornes.
On ne peut descendre deux fois le
même fleuve et, en outre, le temps consacre mon impuissance par la mort qu'il contient en lui.
N'est-ce pas dans le
temps que tout est engendré et détruit ?
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive; Il coule, et nous passons !
[...]
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
LAMARTINE, Le Lac.
Corruption temporelle et mort signifient esclavage, dépendance totale, condition de servitude.
Être libre, ne seraitce pas expérimenter le choix et les possibles ? Or, en tant qu'être temporel, je n'exerce pas mon « bon plaisir »
indépendamment des contraintes ou puissances qui s'exercent sur moi.
Bien au contraire, je ne m'appartiens pas et
je suis littéralement livré à des forces qui me dépassent.
Etre temporel, c'est vivre selon le mode du constitué, et.
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