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Etre sage est-ce être un homme parfait ?

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« [L'homme sage est celui qui réunit toutes les qualités humaines.

En cultivant son esprit et en suivant sa raison, il parvient à la perfection. Celle-ci lui permet d'accéder à la divinité.] Qu'est-ce que la sagesse ? On sait qu'en grec le mot « philosophie » signifie « amour de la sagesse ».

L'idéal du philosophe est donc de devenir un sage.

Mais qu'est-ce qu'un sage ? La sagesse est d'abord d'ordre théorique : c'est une connaissance.

On n'y parvient pas par la seule expérience de la vie.

Le sage est celui qui sait ; et il est d'autant plus sage que sa science est plus universelle et fondamentale. La sagesse est aussi d'ordre pratique : elle est une éthique, une manière de vivre, qui résulte de la connaissance vraie.

La plupart des philosophes grecs s'accordent à voir cette sagesse réalisée dans la maîtrise de soi, le contrôle des passions — ce que les épicuriens et les stoïciens appellent l'« ataraxie », c'està-dire la quiétude de l'âme.

« Athènes est belle, écrit le stoïcien Épictète, mais il est bien plus beau d'être heureux, sans passion, sans trouble, indépendant en toute affaire » (Entretiens, IV, 4, 36). L'exemple du stoïcisme Les exemples (en partie légendaires) de cette sagesse grecque ne manquent pas : la mort sereine et heureuse de Socrate au fond de sa prison ; Épicure terrassé par la maladie de la pierre, se réjouissant d'un peu d'eau fraîche et d'une conversation entre amis ; l'imperturbabilité de l'esclave Épictète devant son maître qui lui martyrise la jambe jusqu'à la lui casser...

Cependant, c'est peut-être le stoïcisme qui incarna le plus durablement l'idéal grec de la sagesse , et ce jusque dans le vocabulaire : ne s'imagine-t-on pas volontiers le sage...

« stoïque » dans l'infortune ? Pour les sages stoïciens, la nécessité règne sans partage sur le monde ; ni les hommes ni les dieux n'y échappent.

Il ne peut donc y avoir de « mal en soi », puisque ce qui est, est toujours ce qui devait être.

Mais les hommes imaginent ce qui aurait pu se passer, espèrent ce qui pourrait arriver, regrettent ce qui n'est pas arrivé.

Bref, ils fabriquent un autre ordre que l'ordre réel du monde.

Et en se référant à cet ordre imaginaire, ils portent des jugements de valeur sur tout ce qui arrive, selon que les événements sont ou non conformes à leurs désirs : d'où leur malheur et leur trouble lorsque ces désirs sont contraires à l'ordre nécessaire et rationnel du monde. Cette faculté de porter des jugements témoigne, certes, de la liberté des hommes.

Cette liberté, tout intellectuelle et tout intérieure, peut être la cause du malheur des hommes, mais elle est également le moyen de leur bonheur.

Le sage stoïcien, en effet, maîtrise ses jugements, qui dépendent de lui, et il accepte l'ordre du monde qui n'en dépend pas.

« Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive et tu seras heureux », recommande Épictète dans ses Entretiens. Pas de sagesse sans bonheur La recommandation d'Épictète l'atteste : la sagesse stoïcienne n'est pas, comme on se la représente parfois, la capacité à endurer calmement le malheur mais, au contraire, un art d'être heureux.

Être sage, c'est vivre heureux : telle est d'ailleurs l'idée commune à toute la philosophie morale grecque.

Comme le remarque Aristote,.

tout le monde s'accorde à voir « dans le fait de bien vivre et de réussir à être heureux » le Bien suprême. Certes, dans l'idée qu'ils se font du bonheur, les philosophes divergent.

Il existe pourtant, dans la pensée grecque, des invariants de l'idée de bonheur. cette nature, et connaître en particulier que l'homme est un être raisonnable, c'est pouvoir déterminer ce qui convient le mieux à son plein accomplissement, et donc c'est pouvoir être heureux.

C'est pourquoi presque tous les philosophes de l'Antiquité ont affirme que le bonheur consiste non pas dans la démesure des plaisirs, mais dans une existence selon la raison. Du temps de Platon et d'Aristote, où la cité grecque est florissante et prestigieuse, elle apparaît comme le lieu possible de la réalisation de la nature de l'homme.

L'éthique est alors inséparable d'une politique, et l'homme. »

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